-5- CHARLIE

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« Et si tout n'était qu'illusions et que rien n'existait ? Dans ce cas, j'aurais vraiment payé mon tapis beaucoup trop cher ! »

Woody Allen

Charlie

Mon week-end  m'avait permis de me remettre amplement. J'avais pu aller courir le samedi pour ensuite me caler dans mon canapé devant un film qui parlait d'une fille qui tombait amoureuse d'un inconnu qu'elle voyait tous les jours au café où elle bossait avant d'apprendre qu'il s'agissait de son voisin de palier, vraiment débile. J'avais également éteint mon téléphone afin de ne plus être dérangée par les messages de Logan qui demandait à me voir. Plus il s'acharnait et plus je me sentais coupable d'avoir perdu mon sang froid de cette manière.

Mon dimanche se déroulait à peu près de la même manière, seule. J'en avais cruellement besoin parce que cette perte de contrôle, ce n'était pas moi. J'étais une fille mesurée. Je n'étais plus celle d'autre fois, non.

— Ça y est la séance d'auto-flagellation à cessé ? On peut reprendre le court de nos vies ?

C'était avec cette phrase que j'étais accueillie par mon amie, le lundi matin en sortant de mon véhicule. Elle était perchée sur ses éternels talons de quinze centimètres, ses lèvres peintes en rouges vif. Déglutissant, osant à peine la regarder, je hochais la tête.

— Bien, répondait Sasha.

Elle me tendait un gobelet géant de café au lait avec un petit sourire puis je la suivais en l'écoutant religieusement me parler de son dimanche à la plage avec Léo, l'amour de sa vie. Pourtant, il n'était pas vraiment facile pour moi de faire comme si de rien n'était, comme si cette erreur de parcours n'allait pas avoir de conséquences.

Pour ce début de semaine, je n'en avais pas mené large en réunion gardant la tête basse sous le discours de Logan puis j'avais regagné mon bureau à l'abri. J'étais sortie m'acheter un sandwich que je mangeais sur un banc pour être bien sûr de ne pas croiser mon chef. J'avais longé les murs sous les regards intrigués de mes collègues de l'agence. Pareil avec l'équipe que je coordonnais, mes instructions avaient été brèves pour repartir dans mon antre. Je n'étais même pas passé voir Jace qui m'avait envoyé plusieurs textos, les derniers inquiets mais je ne voulais pas prendre de risque. Il était proche de Logan et je savais que souvent, ils sortaient ensemble pour aller voir des matchs.

Une fois l'heure largement dépassée de quitter le travail, je partais direction la piscine. J'avais besoin de me détendre et d'évacuer.

Et tout le reste de la semaine, j'avais agis ainsi, évitant prodigieusement Logan, ses textos aussi. Je ne les lisais même plus, me contentant d'appuyer sur la touche "effacer".

Sasha m'en voulait encore mais arrivé à la semaine suivante, je savais qu'elle ne pouvait plus tenir alors nous observions de nouveau une de nos habitudes. Sasha et moi déjeunions à un café pas loin du bureau, c'était un rituel que nous observions plusieurs fois par semaine. Elle me racontait les derniers potins du bureau ou ses dernières aventures avec Léo et moi j'acquiesçais poliment. Ce déjeuner ne se passait pas de la même manière que d'habitude, cette fois c'est moi qui parlait. Je lui racontais mon aventure d'une nuit avec Logan et ma promesse de ne plus boire. J'avais bataillé des jours avec Logan pour qu'il me laisse tranquille.

— Je ne te comprends pas, disait Sasha. Tu l'aimes bien et lui aussi alors pourquoi tu ne veux pas sortir avec lui ?

—J'apprécie Logan, je n'aime pas Logan.

C'était vite dit.

—Mais tu n'as pas besoin d'être amoureuse d'un gars pour sortir avec. Vous pouvez passer du bon temps ensemble, aller au cinéma, à la plage. Tu devrais laisser une chance à Logan, c'est un type bien.

Fallen "In the deep"  TOME  1Where stories live. Discover now