-15-CHARLIE

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"Et c'est blessant comme l'enfer"

Hurt Like Hell - Fleurie

Charlie

A mon retour au bureau pour une nouvelle semaine qui me semblait insurmontable rien que d'y penser, Sasha avait crié au scandale en voyant ma blessure à l'épaule. Je lui avais fait jurer que je prenais bien des anti-douleurs et que je n'avais rien de casser puis elle m'avait beaucoup questionné sur la fin de soirée. J'avais prétexté une urgence pour ne pas répondre.

Connor avait du me prendre pour une folle si ce n'était pas déjà fait. M'enfuir en courant de cette manière était puérile. Je n'aurais pas dû sortir, c'était irréfléchie de ma part. Connor n'était pas responsable mais j'avais tellement été dérouté par ses paroles, une telle franchise même involontaire m'avait prise au dépourvu. Moi la maniaque du contrôle et de l'ordre, j'avais réussi à me laisser prendre au piège. Je ne lui avais dis que le strict minimum et c'était déjà de trop. Il allait s'intéresser à moi maintenant. Il était bien trop curieux comme tous les flics, putain.

A cause de tout cela, je n'avançais pas dans mon travail et les dossiers s'empilaient dû au manque de sommeil. Pourtant je m'écroulais la plus part du temps mais ma nuit était toujours vite écourtée pour mon plus grand malheur. Une fois de plus, je ne coupais pas à cette mauvaise coutume.

Toujours cette même rue, un défilé de voitures incessant, les bruits de la ville m'empêche de bien cerner ce qu'il se passe autour de moi mais je suis sûre d'avoir entendu mon prénom être hurlé alors je traverse. Je sais où je dois aller même si je n'en ai pas envie, mes pieds me portent vers une ruelle obscure.

Tout mais pas ça, pas encore .

Pourtant, je reconnais la voix qui hurle mon prénom encore et encore, cette litanie me perce les tympans et fait hurler mon désespoir dans ma poitrine.

Le soleil n'est pas entré dans la ruelle crasseuse, des containers poubelles vomissent des déchets, je vois un rat passer devant moi, des mouches aussi volent tout autour, à droite, une porte en acier rouillée, à gauche, un mur de brique où sont déposés des palettes pourries, c'est bientôt là.

Je voudrais courir en sens inverse mais impossible, je ne peux pas le laisser, il ne doit pas être seul pas pour la fin. Le cœur écrasé, j'avance à pas lent vers ce qui me terrifie.

Il est là. A genoux fasse à moi. Son visage est marqué par la peur.

Puis le bruit assourdissant résonne, l'odeur macabre me comprime les poumons. Ses yeux trouvent les miens et j'y vois une telle douleur que je hurle parce que je viens de comprendre que c'est la dernière fois que je les verrais, la toute dernière et je n'arrive pas à m'y résoudre.

Alec ! ALEC !

Je me redressais de mon cauchemar encore plus dévastée que les fois précédentes. Ce n'était plus possible, non je pouvais pas revivre ce moment éternellement. Je déglutissais avec difficulté, mon hurlement m'avait arraché la gorge et je me résolvais à me lever pour boire de l'eau. J'aurais du prendre des cachets comme on me l'avait conseillé pour me sortir de la spirale dans laquelle j'étais en train de sombrer pourtant je n'arrivais pas à m'y résoudre.

Sasha m'avait guetté tous les jours, j'avais également répondu par la négative à toutes les tentatives de Jace qui avait même essayer de me prendre dans ses bras. Je sentais leurs regards sur moi emplis de pitié et ça me bouffait comme des vers se régalant d'un cadavre. Je faisais un pas devant l'autre, ne sachant plus où j'allais. Arrivé au jeudi, je n'avais pas rattrapé autant de sommeil que j'aurais dû en témoignaient les cernes sous mes yeux et ma peau blême, toujours hantée par le même cauchemar. Sans parler de mon humeur, toujours au bord des larmes. Et puis j'avais compris que ce contrôle n'était qu'un leurre quand on m'annonçait la semaine que nous étions. Je n'avais pas réalisé, mon corps lui oui. Alors j'avais fais la seule chose que je connaissais, fuir. Chasser la lumière, clore les volets. Je voulais l'obscurité pour empêcher les flammes de l'enfer de m'atteindre. Une nouvelle nuit d'insomnie pour tenter de me battre contre ces cauchemars et pourtant il n'y avait aucun endroit pour y échapper, je luttais en vain. Je ne gagnerais jamais contre ce ravage et serais engloutie.

Fallen "In the deep"  TOME  1Where stories live. Discover now