-30-CHARLIE

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« Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serais pour toi unique au monde.»

Saint Exupéry

Charlie

—On devait partir, avec Alec.

Je posais mon tacos dans mon assiette et prenait une serviette en papier propre pour m'essuyer les mains, espérant me donner une contenance.

—Nous avions prévu de faire le tour du monde, l'Europe, la Chine, Alec rêvait de voir le Japon. Il était fasciné par les Samouraïs.

J'avais un petit rire me souvenant de ces moments où il était plongé devant la télé.

—Moi, disais-je. Je rêvais de l'Afrique et de la Tanzanie. On a mis deux ans à réunir l'argent nécessaire sans être sûr de rentrer à Los Angeles. Si un coin nous plaisait alors, on se serait posé là. Sûrement dans les Îles.

—C'est un beau rêve, me répondait Connor.

—Jamais réalisé. Il est mort une semaine avant notre départ, il tenait absolument à finir les réparations sur une voiture dans le garage où il bossait. Ce n'est pas mon père le fan de Muscle Car, c'était Alec. Il aurait adoré ta Camaro.

Je venais de lâcher un pavé violent. Il ne posait plus de questions à mon grand soulagement. L'essence de mes cauchemars était encore trop vive pour que je puisse en parler.

Nous avions mangé dans un resto mexicain puis main dans la main, nous étions allé à la fête foraine. Connor avait voulu jouer les gros bras en me proposant de me gagner une peluche au stand de tir, je riais et je voulus faire une partie aussi. Je faisais carton plein, lui également alors chacun repartait avec un gros ours en peluche brun. Sa main se glissait automatiquement dans la mienne. Nos doigts se serraient puis il levait nos mains au dessus de ma tête appuyant son bras sur mon épaule. Ça me faisait bizarre, nous étions collés l'un à l'autre. Une proximité déroutante.

—Dis donc, me demandait le beau brun. Encore un talent caché, depuis quand tu tires avec cette précision ?

—Quelques années, je répondais mystérieuse. Et toi, c'est trop facile, tu es flic.

—Il doit bien y avoir des avantages quand même, se bonifiait Connor.

—Tricheur, je plaisantais.

Il riait et m'embrassait sur la joue.

—Allez viens, on va manger de la barbe à papa et vomir dans le grand huit.

Nous avions passé notre journée ensemble comme des amis, c'est ce à quoi ça ressemblait, des amis proches qui se tenaient la main. Le soir, je lui proposais de lui faire à dîner. Il acceptait mais à la condition que se soit dans son appartement. J'avais un moment de flottement, pas sûr de vouloir revenir sur les lieux du crime et puis ses yeux vert de jade suppliant avait fini par me convaincre alors j'avais suivis.

Je me lançais dans la confection d'un risotto un peu improvisé avec ce que contenaient ses placards et d'un fondant au chocolat. Passant par la salle de bain, je voyais mon visage changé. J'avais les cheveux en bataille, les joues rouges, mes yeux que je trouvais toujours triste était ce soir joyeux, grand ouvert, c'était grâce à Connor.

Avachi devant la télé, Connor semblait apprécier son dessert en se marrant devant un film comique. J'aimais le regarder, entendre son rire franc et tonitruant.

—Tu as du chocolat au coin de la bouche, lui indiquais-je.

—Je fais des réserves, c'est trop bon, disait-il en essuyant la bouche, le sourire toujours au lèvres.

Fallen "In the deep"  TOME  1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant