-26-CHARLIE

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"Des mots à fleur de peau"

Pour le coup, j'en suis l'auteur

Charlie

Une ancienne usine réhabilitée en appartement, ça correspondait tellement à Connor, le style brownstones New-Yorkais. L'espace était immense, de grandes fenêtres perçaient les murs de briques rouges. Il y avait un grand escalier en fer qui menait à une mezzanine, en dessous la cuisine avec un îlot centrale, le sol était en béton brut. Je voyais un petit couloir en face de la pièce de vie qui avait plusieurs portes.

—Je n'aime pas cet endroit, je sortais cette phrase sans m'en rend recompte.

Merde !

Je venais de le blesser sans m'en apercevoir. Connor tournait la tête vers moi avec un drôle d'air.

—Désolée, je grimaçais. C'est sorti tout seul.

J'étais gênée, ce n'était sûrement pas ce que je voulais dire.

—Pas grave.

—C'est parce que ... Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Non, j'aime bien mais j'ai vécu dans un endroit comme celui-ci et les mauvais souvenirs reviennent.

—Toi, tu as vécu dans une ancienne usine, je ne t'imagine pas.

—C'était il y a longtemps quand j'ai débarqué à Los Angeles.

Rien ne pouvait être pire que ma dernière révélation alors autant sauter à pied joint.

—Je suis arrivée dans la ville des Anges très tôt, à la fin de mes études au lycée. Je suis partie de chez mes parents pour suivre le garçon dont j'étais amoureuse. Je n'ai jamais aimé l'état de Washington, une ville sans soleil où la pluie règne à perpétuité. Je refusais de finir comme ma sœur. Me marier à la fin de mes études avec un crétin pur beurre qui me collerait des mioches ou bosser dans un bar à servir des ivrognes pour payer mes études.Voilà, qu'elle était ma philosophie à l'époque. Je donnerais beaucoup aujourd'hui pour vivre cette vie rangée, en fin de compte, elle n'est pas si mal.

—Je te sens amère, disait Connor en s'appuyant sur l'îlot.

—Oui et non. Je ne regrette pas non plus ce que j'ai fais, j'en avais besoin. J'étais terriblement amoureuse de Zaine, dès le premier instant où je l'ai vu, c'était comme un envoûtement, de la sorcellerie, si j'y avais cru. Zaine avait dix ans de plus que moi mais je m'en foutais comme de l'an quarante, il était tout. Quand il a du quitter la ville, j'ai pris la décision de le suivre, il a accepté. Deux jours plus tard, nous étions dans sa voiture à sillonner les routes. Nous avons emménagé dans une ancienne usine comme celle là et j'ai pris le chemin de la fac. J'étais la poupée qu'il pouvait exposer partout, je ne me séparais de lui qu'à de rares occasions juste quand son boulot était trop craignos.

—Et tu ne le vois plus ?

Un rire amère sortait de ma bouche.

—Il est parti quelques jours avant mes dix neuf ans. Un matin, pour un rendez-vous, un mot sur la table et il n'est jamais revenu.

Il ne disait rien se contentant de décapsuler les bières. J'avais été un peu crue, je croyais. Annoncer en l'espace de quelques semaines que les deux amours de ma vie était mort ou porté disparu devait en laisser plus d'un perplexe. Je n'avais pas l'habitude de parler de moi et de mon passé, seule Sacha le connaissait. C'était déjà suffisant, pourtant en lui parlant, je m'étais sentie soulagée comme dans sa voiture au retour de Runyon Canyon Park.

Je me retournais pour regarder d'avantage l'appartement, la décoration était sommaire. Sa moto trônant le long du mur à gauche de l'entrée sur des plaques de caoutchouc, c'était tellement ridicule pour moi. Un canapé en cuir noir qui avait vécu plusieurs années. Un grand tapis rouge sombre avec des poufs en cuir, une table basse en verre avec comme pied central des pièces de moto, je pensais. Un écran plat, de vieilles plaques de voitures accrochées sur les murs, des gants de boxe. Un univers bien masculin mais je remarquais aussi des photos en noir et blanc, des paysages et des portraits.

Fallen "In the deep"  TOME  1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant