-33-CONNOR

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« L'insouciance est l'art de se balancer dans la vie comme sur une escarlopette, sans s'inquiéter du moment où la corde cassera. »

Honoré de Balzac

Connor

Charlie avait réussi à me convaincre à passer mon samedi dans un magasin de meuble et de décoration. J'avais eu ce besoin de passer du temps avec elle alors j'avais de suite dégainé mon téléphone et l'avais suivi dans sa recherche ménagère.

A chaque fois que je l'approchais, elle me laissait une place plus grande dans son monde. Je découvrais ses pensées, son esprit si éclairé. Elle semblait maîtriser beaucoup de sujet, une culture impressionnante en témoignait le nombre de livres qui parcouraient les murs de son appartement peut-être. Nous avions un peu reparler de sa vie aussi. J'avais été alerté parce qu'elle avait vécu, ce n'était pas rien. Je comprenais bien mieux sa tristesse, cette souffrance qu'elle portait comme un frein à sa vie. Mais ces derniers temps, Charlie était beaucoup plus légère, on retrouvait un éclat en elle, un peu de lumière perçait dans l'obscurité qui faisait d'elle un être si fragile. Et j'espérais y être pour quelque chose. Jared avait peut-être raison, je me transformais en lavette.

—Chérie, pourquoi tu veux changer de matelas, je gueulais à l'intention de Charlie qui se trouvait à quelques mètres, le visage soucieux devant des draps colorés.

J'allais un peu pimenter cette sortie.

—Tu changes toujours de matelas quand tu changes de mecs, tu veux me larguer, c'est ça ?

Je pensais qu'elle allait se mettre à rougir sous les regards des autres clients mais c'est le contraire qui se produisait. Elle déboulait devant moi un doigt levé presque à me trancher la gorge.

—Tu as couché avec ma sœur dans notre lit, je le sais.

Je voyais une femme derrière elle, en train de porter une main à sa bouche. Charlie plaçait la barre très haute.

—Si t'était pas un telle glaçon aussi, je gueulais.

Elle me jetait un coussin à la figure.

—Si tu l'avais pas tordu, je pourrais jouir de temps en temps.

C'est qui, qui rougissait le premier ?

Notre combat de coq prenait de l'ampleur et je me retenais de rire. Décidément, je ne gagnerais jamais avec cette fille, elle me battait à plat couture.

Le  vigile était furax, prêt à nous jeter à coups de pompe si on ne se dépêchait pas de sortir du magasin. Je retenais mon rire jusqu'à atteindre l'extérieur et là, je m'écroulais contre Charlie en m'essuyant le visage avec mon tee shirt.

—Bien joué le coup de la bouteille, disais-je. Je m'y attendais vraiment pas.

—L'inspiration du moment.

Cette fille n'était pas naïve, loin de là. Derrière son masque de femme dur, j'y voyais la même chose qu'en moi, bien enfoui. Le péché bien vissé aux chevilles. Moi je n'avais aucune retenu quand à ce que j'étais mais elle cachait sa part d'ombre à tous.

Je me faisais l'effet d'un bouffon de penser toutes ses conneries mais quand je la regardais de nouveau, il n'y avait pas à tortiller du cul pour chier droit. Cette mystérieuse jeune femme était un démon dans un corps d'ange. Ses traits délicats, son petit nez, sa tête haute et l'attitude glaciale qu'elle offrait aux autres ne me leurrait pas.

***

On avait passé la journée toute entière ensemble et le soir chez moi, devant des films. Quand je lui avais posé la question de savoir ce que elle aimait faire, c'était la seule chose qu'elle avait dite mais je voyais bien qu'elle ne suivait le film qu'à moitié alors je lui jetais un bonbon, sans aucune réaction. Puis un deuxième, un troisième, je penchais la tête pour voir si elle ne s'était pas endormie bien que j'en doutais. Sa position bien trop droite n'était pas assez confortable. Au moment où j'avançais la main, son cri me faisait sauter sur place comme une petite chose. Elle m'avait eu en beauté. Charlie se tenait les côtés tellement fière de sa connerie. Et son rire, ce rire clair .

Fallen "In the deep"  TOME  1Where stories live. Discover now