-28-CHARLIE

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"La fuite n'est qu'un détour. Si le détour est parfois salutaire, il est le plus souvent inutile."

Denis Belanger

Charlie

J'étais prise au piège avec une horreur palpable de ce sentiment. Il ne valait mieux pas que Connor continue sur cette voie. Je sentais la colère monter en moi, ne tardant pas à exploser surtout après cette nuit désastreuse. Il gâchait tout ce que nous avions construit, ce sentiment de sécurité qu'il incarnait pour moi était en train de se rompre. Ma confiance, bien que nouvelle s'effritait alors que ses pas me poussait vers l'intérieur de son appartement. Connor devait savoir que ses paroles avait des conséquences.

—Tu ne pourras pas toujours faire semblant, tu sais Charlie.

Il était de plus en plus proche et la chaleur me montait aux joues, je devais être cramoisie. Je cherchais une échappatoire mais il n'y en avait pas.

—Raconte  moi, ajoutait-il.

Je n'étais pas prête à m'assumer dans ses yeux et encore moins dans mes paroles.

—Je ne demande pas d'aide, je répondais avec toute la contenance que je pouvais avoir.

Mon ton était sans pitié, tranchant comme un dernier avertissement.

—Non, c'est vrai. Ça ne veut pas dire que tu n'en as pas besoin.

Mon silence avait ses propres conséquences. C'était comme si je ne pouvais plus respirer. Mes poumons me faisaient atrocement souffrir à mesure qu'il se rapprochait et que je ne pouvais reculer, acculée contre le canapé en panique. Il me fallait une porte de sortie, immédiatement. Semblable à un animal sauvage pris au piège, mes yeux tournaient dans tous les sens. Je ne pouvais rien faire d'autre que de le regarder me supplier des yeux de parler.

Un éclair de lucidité me gagna, je crois car je reprenais mon souffle mais la colère restait, je lui faisais face, voulant le faire plier. Colère que j'avais délaissé au profit de sentiments plus sain et pourtant là, elle revenait se mouvant comme un serpent en moi. De longues secondes s'écoulaient où nous nous faisions face. Mon esprit reprenait ses droits mais je ne pouvais pas me soumettre sans combattre, je n'avais pas les moyens suffisants pour me défendre mais il ne me restait une chose, l'attaque.

—Tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé , me redemandait Connor. Tu as pété une durite.

—Non.

—Charlie, dis moi.

Son ton si calme, posé, était une provocation supplémentaire.

—Je n'ai rien à te dire parce qu'il n'y a rien. Tu veux peut-être défendre la veuve et l'orphelin dans ton satané boulot de super-héros mais je ne crois pas rentrer dans ton cadre juridique. Je ne suis pas une de tes petites croisades alors laisse moi passer.

Me jaugeant de longues secondes où j'avais l'impression d'être décortiquée comme un puzzle, c'était avec un sourire qu'il cédait la place.

Je claquais la porte de son appartement pour m'engouffrer dans ma voiture m'éclipsant à la vitesse de la lumière. Démarrant sur les chapeaux de roues pour m'insérer dans la circulation, je faisais crisser les pneus de ma mini. Comme pour me perdre dans le flot d'humains pris par d'autres pensées que les miennes, j'étais enfin à l'abri. Je ne voyais pas une voiture qui déboîtait devant moi malgré son clignotant. C'était le klaxon qui me réveillait. J'avais la tête ailleurs, à des centaines de mètres d'ici. Perdu dans un rêve, encore.

Je me garais contre le trottoir, le cœur battant trop vite et les larmes au bord des yeux. Depuis que je connaissais ce gars, j'avais l'impression d'être prise dans une tempête en pleine mer, ballottée de droite à gauche perdant mes repères. Je m'étais laissée aller ces derniers temps mais là, c'était trop pour moi, trop rapide de parler des choses qui me faisait vraiment mal surtout d'être pris à défaut de cette manière. Il ne m'enjoignait pas à lui faire confiance.

Fallen "In the deep"  TOME  1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant