-7-CHARLIE

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« Nos cauchemars, c'est notre âme qui balaye devant sa porte. »

Jacques Deval

Charlie

Sasha était toujours en pétard après moi le lundi suite à mon refus de passer une « soirée méga cool ». Franchement pourquoi je m'embêtais autant avec la blondinette ?

La réponse était simple parce que même si je lui râlais constamment après, elle avait toujours été là, à mes côtés. Son amitié indéfectible pour ma pauvre carcasse de folle. J'userais de mes charmes pour la reconquérir.

Une nouvelle journée de travail intense, courir pour oublier, j'avais hâte. J'enfilais ma tenue préférée, un short noir, un brassière noir à zip turquoise et mes chaussures de running les plus confortables. Il faisait chaud ce soir, alors je remontais mes cheveux le plus haut et serrés possible. J'enfilais mon Ipod au bras prête à longer Venise Beach, quitte à tirer jusqu'à Santa Monica. Une fois le long de l'océan, l'air était bien plus frais et je frissonnais, je ne devais pas m'arrêter pour permettre à mon corps de se réchauffer. Je mettais ma playlist en route et les Twenty One Pilots commencèrent dans mes oreilles. C'était parfait pour me donner la force, d'abord de petites foulées puis j'étirais mon pas. J'arrivais vite à Santa Monica, essoufflée et transpirante.

Je venais souvent sur cette plage avec Alec, il adorait passer ses soirées près de l'eau, on embarquait un pique nique et on restait des heures à écouter le bruit des vagues. Repenser à lui me faisait mal à la poitrine. Je nous revoyais sur la serviette à nous embrasser tendrement, il m'y avait demandé de le suivre dans un voyage autour du monde. Je sentais mes joues se serrer et les larmes venir. Alec était toujours présent dans mon cœur, aucun autre homme n'avait réussi à l'égaler. L'air marin frais caressait mon visage, une larme coulait le long de ma joue et je restais sur place pour me nourrir de mes souvenirs alors que le soleil déversait ses derniers rayons. Levant la tête vers le ciel plus sombre, je me demandais souvent s'il y avait trouvé sa place, s'il était enfin en paix. Moi, je ne vivais plus depuis qu'il était parti, emplie du vide. Je ne faisais que respirer, marcher et parler en surface. Ma playlist de musique ne comportait que des chansons choisies pour lui, chaque mots lui étaient destinés, les paroles étaient le reflet de ce que je pouvais ressentir. Il avait été mon âme sœur, il était mon autre et quand ce lien s'était brisé alors mon cœur avait succombé avec lui.

***

Je me réveillais en hurlant, le son de ma voix résonnant sur les murs de ma chambre. En sueur, les jambes emmêlées dans les draps faisaient monter mon exaspération et je battais des pieds pour m'en débarrasser. C'était toujours le même cauchemar. On m'avait donné des cachets, j'avais entrepris une thérapie mais rien n'y faisait réellement. Ça revenait par vagues. Pendant des semaines, rien puis soudainement, ça me me tombait dessus. Pendant ces périodes mes nuits étaient raccourcies, mes journées merdiques et quand à parler de mon humeur, je sombrais souvent dans une sorte de tourmente où je devais me botter littéralement le cul pour en sortir. Un combat permanent contre moi même et mon cerveau déglingué. Un professionnel avait annoncé que je devais faire mon deuil. L'idée était bonne bien que sa remarque débile jusqu'à ce qu'il avance ses propos. Un deuil se vivait en cinq étapes, le choc, le déni et la colère pour commencer.

Tout un programme ...

J'avais passé les premières aisément, pas le choix de faire autrement au vu de la situation, on ne peut plus clair. J'étais une personne rationnelle et intelligente toujours selon les dires du bon docteur. Puis comme avec une envie de sadomasochisme, j'en étais passée par une longue phase de colère, une grande vague déferlante, briseuse se propageant partout. Je devais laisser de côté ma colère et ma rancœur, j'en étais à cette étape à ce moment là. Sasha qui m'avait accompagné, avait approuvé à grand renfort de hochements de tête et de sifflements. J'avais réussi à avancer mais pour rester bloquée sur cette même étape. Dit comme ça, c'était vraiment stupide comme si le chagrin pouvait se quantifier, c'était horrible. Ça avait été difficile avec une seule question, le jour où je déposerais les armes que resterait-il de moi, une coquille vide ?

Fallen "In the deep"  TOME  1Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ