-18- CHARLIE

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« Mais alors dit Alice, si le monde n'a aucun sens, qu'est ce qui nous empêche d'en inventer un ? »

Lewis Caroll

Charlie

J'étais à l'heure et je commençais à m'étirer, impatiente quand je sentais une main sur mon épaule.

—Salut, disais-je en me retournant, le cœur battant un peu plus vite face à Connor.

Je retirais un de mes écouteurs qui balançait du Kelly Clarkson trop fort. C'était à se fracasser les oreilles mais j'avais toujours eu la musique pour m'accompagner. Discuter n'était pas facile, le peu de fois où nous avions été seuls, avait tourné au vinaigre. Je réalisais toujours par ma faute. Il me rendait presque godiche et je montais vite dans les tours à son contact. Des soubresauts de réveil étrange et perturbant. Pour ne pas passer plus folle que j'étais, il allait falloir me secouer un peu plus. Connor commençait une série d'étirements comme j'avais fais les miens. J'avais observé son épaule gauche aussi, comme il portait un débardeur, je pouvais voir des lignes épaisses noires qui partaient dans son dos et m'intriguait, j'allais devoir lui demander ce qu'il se cachait sous ses fringues.

—Je suis content que tu m'accompagnes, me disait-il en se relevant m'offrant un sourire sincère.

J'étais contente. Il me parlait comme on parlait à une vieille copine, ça aussi, je l'avais remarqué les autres fois. Connor ne se prenait pas la tête, toujours très à l'aise dans ses mots comme dans ses gestes tandis que moi j'avais eu des œillères ces dernières semaines. Mince alors, avais-je vécu si loin dans l'obscurité pour ne pas me rendre compte de ce qui m'entourait ?

J'observais faisant un tour sur moi. Le soleil était bas offrant une lumière douce orangée enveloppante et chaleureuse. Il y avait encore beaucoup de monde sur la promenade qui profitait de la fraîcheur méritée qui ne tardait pas à s'installer. Des oiseaux qui dansaient dans le vent, jouant de ce que la brise océanique offrait, des enfants riants aussi. Dommage de ne pas avoir pris l'appareil photo que Jace m'avait offert. Un raclement de gorge me ramenait dans la réalité. Je tournais le visage vers Connor, complètement hallucinée.

—On y va, me demandait-il en me désignant l'esplanade.

Je hochais la tête. Quand il faisait une enjambée, je devais en faire deux pour suivre son rythme. Il avait de grandes jambes mais j'arrivais à ne pas me faire distancer, la douleur que l'on pouvait ressentir dans les muscles n'était pas une torture, c'était un moteur au contraire alors j'accélérais la cadence. J'avais du replacer mes écouteurs pour me concentrer. Ça pouvait passer pour des mauvaises manières mais je n'arrivais pas à faire sans, pas encore. Nous nous étions jeté quelques regards et des sourires un poil mal à l'aise. Je n'avais jamais couru avec personne alors je me demandais si je devais lui faire des commentaires. Ca ne semblait pas le déranger que je garde le silence alors je me collais à son rythme pour être certaine de ne pas le distancer ou bien lui, juste côte à côté pour permettre de se donner la volonté de faire mieux. Arrivés au bout de notre circuit, Connor se penchait essoufflé pour s'étirer les jambes, je le voyais grimacer. Moi j'aurais pu continuer encore un peu mais je ne voulais pas jouer les prétentieuses. Après tout, ce n'était que notre premier entraînement en commun.

—J'ai besoin d'un remontant, café ?

—Avec grand plaisir, je répondais sincère.

***

Nous étions assis dans un célèbre coffee shop, j'avais du me battre avec le serveur pour qu'il ne tartine pas mon latte de chantilly, dégueulasse. Je détestais cet excès de sucre qu'on nous infligeait. Puis une fois attablée, la tension que j'avais accumulé à l'idée de revoir Connor reprenait de plus belle. Courir, ensemble était une chose mais là, je n'échapperais pas aux questions ni à ses œillades, me donnant l'impression d'être un livre ouvert.

Fallen "In the deep"  TOME  1Where stories live. Discover now