Fallen "In the deep" TOME 1

-36-CONNOR

"Sais-tu qu'elle ressemble beaucoup à une excuse, cette liberté dont tu te dis esclave ."

Jean Paul Sartre

Connor

Voilà une soirée comme je les aimais qui m'attendait. Jared voulait se faire un billard, il avait proposé à deux collègues de boulot qui étaient un peu plus âgés de nous suivre au Pickey. Nous délierions bien avec eux surtout en planque, des têtes brûlées, tous les deux célibataires. Ils savaient s'amuser, ça allait promettre.

Ana était déjà présente quand j'arrivais, elle me saluait chaleureusement. J'avais accumulé pas mal d'énergie et de tension et j'avais besoin d'une soupape pour faire partir le trop pleine surtout avec Charlie qui souvent dans les parages s'agitait devant moi régulièrement. Je lui avais proposé de dormir chez moi l'autre soir, il y avait de cela deux semaines maintenant, ce qui n'avait pas été pour me déplaire. Malgré son cauchemar qui m'avait survolté s'en suivant de la scène de boxe épique et salvatrice pour Charlie, nous avions continué ce rituel étrange de passer beaucoup de temps ensemble en extérieur comme en intérieur.

Mais je devais tenir la promesse que je m'étais fait plus tôt, pas de coucheries entre nous, elle était trop abîmée pour ce genre d'aventure. Pourtant, nous étions plus proche physiquement que jamais, je ne me résonnais plus. Ces moments entre nous, cachés à l'abri de nos appartements me plaisaient trop et j'avais conscience qu'il en était de même pour Charlie, souvent demandeuse. Elle avait changé, très ouverte, Charlie n'avait plus peur de se confier à moi ou même de se rapprocher. J'avais eu ce que je voulais après tout, la voir heureuse. J'aurais du m'en contenter mais mon cerveau et mon corps lui aussi avaient ce besoin de l'avoir auprès de moi. Ma tension montait en flèche avec tout cela. Dur de garder la tête froide.

Ana était très mignonne avec sa jupe en jean, son tee shirt du boulot qui laissait voir son piercing au nombril, je pourrais me laisser tenter encore. Nos rendez-vous étaient de plus en plus rapprochés. C'était bien simple, les nuits que je ne passais avec Charlie, j'étais dans le lit d'Ana qui ne me demandait pas d'explication, elle prenait seulement ce que je lui donnais. Une sorte de vases communicants, ce qui menaçait de déborder d'un côté, la frustration surtout, cette violente torture, je la déversais en Ana.
Quand je la voyais se déhancher entre les tables, il était clair que je ne pourrais pas y couper.

Aie aie.

On prenait une table et la partie s'engageait. Les mecs, John et Cameron étaient doués les cons, ils n'avaient pas froid aux yeux et nous tenaient en vaine. Tandis que j'attendais que John rentre une énième bille à bande, la main que je reconnaissais d'Ana se posa sur mon épaule, l'autre chargée d'un plateau avec des bières et des oignons frits. Décidément, Jared adorait bouffer de la merde.

—Salut, l'étalon. Quoi de beau ?

Nous ne laissions rien paraître de notre arrangement.

—Oh rien, le boulot toujours, je soufflais.

—C'est ce que je vois disait-elle en désignant le billard.

—Et toi Ana, demandait Jared déjà assis, la bière à la main. C'était bien tes vacances ?

Je n'avais rien demandé la dernière fois. J'avais pris ce que je voulais puis j'étais parti comme un beau salaud.

—Je suis rentrée chez mes parents en Irlande, répondait la rousse. Le temps à été exécrable, il n'a fait que pleuvoir, je suis bien contente d'être rentrer.

Il y avait peu de clients encore donc elle prenait le temps de discuter avec nous et se présentait à mes collègues qui la relookait de la tête au pied. Cette fille avait l'habitude surtout avec son travail de serveuse. Elle jouait sur son physique et son charme pour obtenir des pourboires et ce soir, ils seraient bons. Tandis qu'elle plaisantait, je la regardais plus en détails, elle était bien foutue même si elle n'était pas grande. Ses cheveux roux coupés courts étaient bien coiffés, elle avait beaucoup d'atout en sa faveur et je décidais que j'allais me laisser tenter une fois de plus. Je n'avais pas envie de draguer ces derniers temps pour me dégoter une nouvelle nana. Même si je connaissais un peu trop bien Ana, je n'avais pas besoin de passer par quatre chemin pour lui montrer ce que je voulais. C'était la solution de facilité et ce soir, ça serait suffisant.