Chapitre 73

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Il l'avait brûlé vif.

Il y avait d'abord eu des cris, puis cela s'était mué en hurlements et désormais ils avaient cessé, mais Astrid les entendait toujours. Elle n'arrivait pas à s'en départir. C'était une vision d'horreur. Des larmes coulaient sur ses joues et elle n'était pas loin de s'effondrer. Élia n'était guère mieux, elle regardait vers l'horizon avec l'allure d'un fantôme comme si tout avait perdu son sens. Almar était lui aussi choqué par ce qu'il venait de se passer, il semblait avoir du mal à réaliser la situation.

— Il a tué Harold... Il a exécuté de sang-froid un chef sans même essayer de négocier... murmura-t-il.

Saisis par les émotions, ils étaient tous convaincus que celui qu'ils aimaient, leur Protecteur, leur ami venait de mourir sous leurs yeux.

— Il ne peut y avoir qu'une seule réponse à cette infamie ! s'exclama Stoïck en saisissant son arme.

Son visage reflétait une colère comme Astrid n'en avait jamais vu. Le regard fou de chagrin, il était prêt à faire un massacre. Il en était terrifiant même pour ses alliés.

— Il a exécuté mon fils ! Je vais le tuer ! hurla-t-il.

Personne n'eut le temps de réagir qu'il dévala les marches. Ce qu'il s'apprêtait à faire était évident et la raison aurait voulu que quelqu'un l'arrête, mais après ce qu'il venait de se produire, seul un fou aurait essayé. Aucun soldat, aucun chef ne tenta de le raisonner, une fureur propre aux berserkers de légende l'avait gagné.

Astrid et Élia se regardèrent, elles partageaient la même douleur. Elles se firent un signe de tête, elles mirent leurs casques et saisirent leurs armes. Plus rien n'avait d'importance, elles voulaient seulement se venger. Même si elles devaient y laisser la vie, elles feraient payer Drago. Elles se précipitèrent vers l'escalier. Pendant un instant Almar sembla sur le point d'essayer de les retenir, mais finalement il se ravisa.

— Si c'est ainsi que tout doit se finir, alors faisons en sorte que cela soit glorieux, dit-il au moment où les deux jeunes femmes passèrent devant lui.

En contrebas, Stoïck venait de faire ouvrir les portes et hurlait à ses hommes de le suivre pour attaquer l'ennemi. Astrid et Élia couraient vers leurs dragonnes, suivies par Kirsten et Galen. Les Nordiens étaient prêts à suivre le mouvement et Almar sut que même s'il le voulait il ne pourrait sûrement pas les en empêcher. Ils tenaient tous à Harold et ce qui venait de se produire les avait enragés. Drago venait de commettre la plus grande de ses erreurs ou un coup de génie, seul le résultat de la bataille le dirait.

Almar se tourna vers l'un de ses lieutenants.

— On applique le plan qu'on avait prévu en cas de sortie.

Il se tourna ensuite vers les Nordiens, les surplombant depuis le haut du mur.

— Drago a exécuté notre Protecteur ! Harold nous a montré la voie d'un Nord uni, d'un peuple cohabitant avec les dragons ! Il nous a libérés du joug de Drago et nous a offert la paix ! Nous ne pouvons pas accepter le crime qui vient d'être perpétré ! Nous allons lui faire payer ! Aujourd'hui nous mettons fin à cette guerre !

Il se précipita lui aussi en bas des marches, regroupant sa garde personnelle au passage. Il donna ses ordres et suivit le même chemin que Stoïck.

— À l'attaque ! Pour le Nord ! Pour le Protecteur du Nord ! Pour Harold !

Astrid avait atteint Tempête et venait de monter dessus quand le discours se termina. Elle vit alors les troupes nordiennes emboîter le pas aux hommes de la Coalition pour aller affronter les soudards de Drago. Les cornes résonnèrent sur le champ de bataille, les catapultes des deux camps commencèrent à déverser la mort et les dragonniers emplirent le ciel.

Dragon NoirWhere stories live. Discover now