Pour ce qu'il est, pour avoir décidé d'aller à l'encontre des traditions en se liant d'amitié avec un dragon au lieu de le tuer, Harold a été contraint de fuir son foyer. Cinq années se sont écoulées depuis son exil forcé. Cinq années à se demander...
La nuit était d'un noir d'encre et seuls quelques rares rayons de lumière lunaire venaient percer ce voile de ténèbres. Rares étaient les personnes capables de voir à plus de quelques mètres par une telle nuit. Harold et Krokmou en faisaient néanmoins partie et ils étaient désormais tout proche du drakkar qu'ils pensaient être celui où Astrid était retenue. Profitant de cela ils s'en approchèrent davantage, rapidement et en silence.
Ils constatèrent que celui-ci n'avait plus de mât, faisant du drakkar un terrain de combat parfait. Il n'y avait plus aucun obstacle et en plus de cela il ne restait que six hommes sur celui-ci. La plupart ramant à la faible lumière de lampes tempête pour compenser la perte subie. Le combat contre le navire de Johann avait dû être terrible. Harold savait par expérience qu'il y avait au moins une douzaine d'hommes d'habitude sur ce genre de drakkar qu'envoyait Drago.
Il était impressionné, d'après ce qu'il avait appris de Johann, il n'y avait que deux guerriers et Astrid, lesquels semblaient pourtant avoir réussi à causer de nombreux dommages. Le plus impressionnant étant quand même la perte du mât, Harold ne cessait de se demander comment ils avaient pu réaliser un tel exploit. Néanmoins la rage l'habitait toujours et il espérait vraiment ne pas arriver trop tard. Voyant l'état du drakkar il demanda à Krokmou de se poser sans tarder dessus, il ne servait à rien de se cacher ou d'user de ruses.
Krokmou se posa à l'une des extrémités du navire et à peine avait-il atterrit qu'il envoya immédiatement par-dessus bord, d'un coup de queue, le seul viking qui se trouvait là. Lequel ne put s'empêcher de crier avant que ne retentisse le bruit de son plongeon forcé. C'est alors que les cinq vikings restants se tournèrent pour faire face à la menace, lâchant leurs rames pour qui en avait et tous se saisirent de leurs armes. Harold descendit avec assurance de Krokmou et fit face aux hommes. Il constata alors que les dommages étaient récents, ce qui était des plus troublant.
Cela ne devrait pas être le cas, ils ne devraient pas être si récents.
Si on prenait en compte le temps qu'il avait fallu à la patrouille pour découvrir le navire de Johann, ramener ce dernier, informer Harold et le temps qu'il arrive jusqu'ici, ça ne collait pas. Harold en avait conscience. L'inquiétude le rongeait et il ne pouvait s'empêcher de se poser des questions.
Était-il possible qu'ils se soient fait attaquer ?
Par qui ?
Harold le savait, avec la guerre à venir, rares étaient les navires des clans à avoir le droit de quitter les îles et même alors ils devaient pour la plupart se cantonner aux zones protégées par les dragonniers. Ce qui n'était pas le cas de celle où il se trouvait désormais. Il continua d'observer le drakkar et ne mit pas de temps à voir qu'Astrid n'était nulle part en vue, il doutait de plus en plus qu'elle puisse se trouver dans la cale. Il craignait le pire...
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L'enfer se déchaînait, mais pas de la manière dont Astrid l'avait craint. Quelques instants plutôt la main boudinée et monstrueuse d'Yngvar s'approchait de sa poitrine pour finir le travail, malgré la force avec laquelle il avait tiré sur le vêtement, celui-ci ne s'était pas déchiré complètement et seule son épaule droite s'était retrouvée dénudée. Cette fois il comptait bel et bien réussir, néanmoins sa main n'atteignit jamais Astrid. Elle ne fit que l'effleurer, ce qui était cependant déjà bien trop pour Astrid qui faillit défaillir.
