Chapitre 40

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Des navires...

Était-il possible qu'il se soit trompé du tout au tout ? Il avait supposé que l'espion ne transmettrait aucune information pour ne pas se compromettre ou au pire que les défenses des îles auraient été renforcées, mais peut-être avait-il fait erreur.

Et si Drago savait ? S'il venait pour tuer les têtes pensantes de l'armée lui faisant obstacle ?

Réfléchis Harold ! Ne te laisse pas emporter ! Ce n'est pas logique ! Pourquoi nous attaquer alors que nous venons de prendre une île fortifiée ? Nous avons assez d'hommes et de dragons pour tenir des semaines, largement de quoi laisser le temps à la flotte resté à Beurk d'intervenir. À moins... À moins d'avoir prévu de nous attaquer pendant notre assaut, mais il est arrivé trop tard...

— Harold ? Harold ?

Il secoua la tête, ses yeux se fixant de nouveau sur la réalité. La grande majorité des hommes avait les yeux tournés vers le ciel et l'horizon. Il s'était laissé emporter par ses pensées, imaginant le pire. Tous attendaient ses ordres. Il se rendit compte qu'il n'avait même pas écouté la fin du rapport d'Eldrid. Il aurait dû être plus attentif. Peut-être ne s'agissait-il en réalité que d'une patrouille ou de navires attirés par les fumées des feux.

— Excuse-moi Eldrid, je t'écoute. Combien y a-t-il de navires ?

La jeune fille à la chevelure de feu se trouvait à moins d'un mètre devant lui. Des mots commencèrent à se former, elle s'apprêtait à répondre quand soudain l'un des prisonniers hurla. Non pas de douleur, mais d'un cri de rage pure. En une fraction de seconde il se releva, heurta violemment Eskil qui tomba au sol, puis il fonça sur Harold. La moitié d'une flèche en main, prêt à le poignarder de sa pointe acérée. Les soldats, distraits par le ballet de dragonniers, ne réagirent que trop tard.

Le temps sembla ralentir. Harold fit voler sa main vers son épée, mais il sut au moment même où il entamait son geste qu'il ne serait pas assez rapide. Non sans ironie il ne put s'empêcher de penser à tous les sermons qu'on lui avait faits sur l'importance de rester à l'écart du danger. Il avait beau essayer, celui-ci semblait ne pas vouloir le quitter.

Élia réussit à dégainer son épée, de sa main valide elle en asséna un coup au niveau de la hanche de leur ennemi quand il passa à côté d'elle. Il vacilla, grogna de douleur, mais ne tomba pas. La sueur coulait sur son front, ses yeux reflétaient sa folie. Il continua de charger. Harold vit du coin de l'œil Krokmou délaisser Australe qu'il avait rejoint quelques secondes plus tôt pour se précipiter dans sa direction. Lui non plus n'arriverait pas à temps. Il ne pouvait tirer sans risquer la vie d'Harold ou celle de leurs amis.

Le soudard arriva à moins d'un mètre. Harold se prépara à se battre pour sa vie. À son propre étonnement, il se rendit compte qu'il n'avait pas peur, il avait tellement côtoyé la mort ces derniers temps qu'elle était devenue une part de lui. À cette idée, l'esquisse d'un sourire prit forme sur son visage.

Il vit un reflet métallique étincelant, une lame lui frôla la joue. Il crut tout d'abord que son ennemi venait de le rater, puis il comprit. L'homme lâcha la flèche, dans un acte désespéré il porta ses mains à sa gorge. Il était trop tard, une dague y était plantée. Il s'effondra par terre, le sang coulant par flot de sa blessure. Harold se retourna. Eldrid semblait presque aussi étonnée que lui. Elle n'en menait pas large, elle avait dû se demander jusqu'à la dernière seconde si elle toucherait Harold ou le prisonnier.

Harold s'approcha d'elle, il lui posa une main sur l'épaule et plongea ses yeux dans les siens.

— Merci Eldrid.

Dragon NoirWhere stories live. Discover now