Chapitre 17

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Certaines choses ne pouvaient disparaître de votre esprit, pourtant Stoïck avait réussi à oublier cette odeur reconnaissable entre toutes. Cela faisait des années qu'elle ne s'était pas présentée à lui, mais il la reconnut comme si c'était la veille. Il avait espéré qu'il ne sentirait jamais plus une telle chose, qu'il oublierait, mais bien malgré lui quand elle se présenta, il la reconnut immédiatement sans même en être profondément dégoûté. Il savait ce qu'elle signifiait, ce qu'elle présageait, mais il avait aussi conscience qu'il ne pouvait laisser son esprit aller à songer à cela. L'odeur du sel humide et de l'océan mélangé au sang était si caractéristique qu'il la reconnut à travers la fumée qui voilait son champ de vision.

Des vikings voulurent lâcher leurs rames pour aller éteindre le feu qui avait pris à l'avant du navire, mais il ne les laissa pas faire et leur ordonna d'une voix tonitruante de regagner leur place. Ils obéirent sans même hésiter. Le chef voulait laisser le navire brûler ? Qu'il en soit ainsi, ils avaient une totale confiance en lui et en sa réputation, ils savaient qu'il ferait tout pour les faire sortir de cette situation.

Habités d'une vigueur nouvelle sous les encouragements de leur chef, les vikings ne se préoccupèrent plus des flèches enflammées qui pleuvaient sur leur navire et ils redoublèrent leurs efforts. Le drakkar, sous l'impulsion d'une telle volonté, s'élança alors, fendant les flots à toute vitesse. Bientôt il ne fut plus qu'à quelques mètres de l'imposant navire ennemi et tous les vikings lâchèrent leurs rames pour agripper avec force le bastingage d'une main et de l'autre leur arme, il n'était pas question de les perdre quand ils heurteraient le drakkar ennemi.

Le choc ne tarda pas, le navire adverse avait réussi à virer au dernier moment et plutôt que de le percuter de plein fouet, les deux drakkars se retrouvèrent flanc contre flanc au crissement assourdissant du bois et du métal. Le choc passé, les vikings sous les ordres de Stoïck s'emparèrent de grappins et les lancèrent à l'assaut du drakkar pour s'assurer que leur élan ne les emmènerait pas au-delà. Après s'être équipés comme il se devait de leur arme et bouclier, ils commencèrent à grimper.

De toute sa vie, Stoïck n'avait jamais vu un tel navire, au moins deux fois plus long qu'un drakkar classique et trois fois plus haut. Il aurait aimé en possédé de tels, il songea alors que ce serait bientôt le cas et qu'après il serait possible d'en construire d'autres sur le même schéma, mais encore faudrait-il qu'ils en aient le temps. Ce n'était néanmoins pas le moment de songer à de telles choses et il se reconcentra sur la bataille à venir. Il laissa sa rage l'envahir et tout comme ses hommes il monta à l'assaut du navire, ce qui lui prit deux fois moins de temps. Son équipage était à peine arrivé sur le pont qu'il s'y trouvait également.

Il analysa rapidement la situation. Il y avait au moins une trentaine de vikings sur le pont, soit deux fois plus qu'eux. Ce que le reste de son équipage constata également.

— Le premier arrivé au Valhalla me garde une place ! s'exclama l'un des vikings avec un rictus plus qu'un sourire.

— C'est à eux que tu devrais dire ça, rétorqua l'un de ses compagnons, ce qui déclencha un léger rire de la part de l'ensemble d'entre eux.

Durant ce court échange, le temps avait semblé se figer, aucun des deux camps n'avait fait un geste. Leur ennemi avait beau être plus nombreux, cela n'inquiéta pas le chef de Beurk. Il avait une totale confiance dans ses compagnons, ils faisaient partie des meilleurs combattants qui soient et ensemble ils gagneraient, il ne pouvait en être autrement.

Il repéra sur sa gauche un petit groupe de trois vikings, il fit tournoyer sa hache à double tranchant, s'assurant qu'il l'avait bien en main et il s'élança avec un rugissement digne de Thor.

— Pour Beurk !

— Pour Beurk ! reprirent le reste de ses hommes avant de s'élancer à leur tour.

Dragon NoirWhere stories live. Discover now