Chapitre 61

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Une dague appuyée contre son cou, un corps au-dessus d'elle, Astrid n'osait pas faire le moindre geste. Si elle s'y essayait, elle craignait de voir advenir le pire. Mourir ou tuer un ami. Deux options inenvisageables.

Le problème ne s'arrêtait cependant pas là, si tel avait été le cas alors ses amis auraient pu la sortir de ce mauvais pas. Poussant le regard un peu plus loin, elle vit Kirsten et Galen aux prises avec un autre homme. Si son visage faisait écho dans l'esprit d'Astrid, son nom, elle ne s'en souvenait pas.

Seul restait Alrik, qui pour faire bonne mesure, avait posé la lame de son épée sur la gorge de celui qui menaçait Astrid. Le premier à faire un geste entraînerait la mort des autres. Tous étaient pétrifiés, attendant l'événement qui ferait basculer la situation.

— Rustik, dégage de là ! s'énerva Astrid en haussant le ton autant que cela lui était permis au vu de la situation.

Une hésitation apparut sur le visage de Rustik, puis ses traits reprirent leur dureté.

— Comme si j'allais obéir à un espion ! Mais puisque tu connais mon nom, tu as dû avoir vent de ma réputation. Si tu dis à ton copain de lâcher son arme, je te laisserais la vie sauve...

— Imbécile ! Tu n'as pas reconnu ma voix ?!

Astrid vit Rustik essayer de comprendre le sens de ses mots, comme à son habitude il était toujours aussi lent à faire le lien entre les divers éléments.

Quelle tête de mouton ! C'est pas possible d'être aussi bête ! Au moins l'autre là-bas, il semble avoir compris, il a baissé son arme.

— C'est moi, Astrid ! Maintenant, dégage avant que je ne te tue !

— Comme si...

— Je vais enlever mon casque et tu vas comprendre ton malheur ! T'as pas intérêt à me tuer !

Tout en disant cela, Astrid posa sa dague par terre. Doucement, sans faire de geste brusque, elle entreprit de porter ses mains à la lanière maintenant son casque. Rustik manquait parfois tellement de bon sens qu'elle craignait qu'il ne la tue par erreur.

Elle voyait dans les yeux d'Alrik, ses doutes, il devait se demander si venir chercher une telle aide était réellement une bonne idée. Un point de vue difficile à contredire quand on voyait où ils en étaient rendus.

Quand la lanière fut détachée, elle retira délicatement son casque, laissant apparaître ses yeux bleus et ses longs cheveux blonds. Immédiatement Rustik tressaillit et retira sa lame de son cou. Alrik retira également son arme, puis il recula d'un pas, se doutant de la suite des événements.

Sans prévenir, Astrid repoussa violemment Rustik, le faisant tomber à la renverse avant de lui asséner quelques coups supplémentaires dont elle avait le secret. Rustik encaissa les coups sans broncher, trouvant même qu'ils manquaient un peu de force par rapport à ce dont il se souvenait.

— Loin de moi l'envie d'interrompre vos charmantes retrouvailles, mais peut-être vaudrait-il mieux continuer ailleurs si nous ne voulons pas nous retrouver avec des fers aux poignets.

Astrid se tourna vers celui qui venait de lui parler. Il devait avoir dans les vingt-cinq ans, le nez tordu, certainement à cause d'un ancien combat. Ses cheveux étaient auburn, ses habits et son équipement étaient de bonne qualité. Il avait une certaine prestance, Astrid n'aurait pas été étonnée qu'il soit chef ou fils de chef.

Kirsten et Galen avaient remis leurs armes au fourreau sans pour autant le quitter des yeux. Il y avait dans leur regard une détermination à faire pâlir un mort. Au moindre geste, ils le neutraliseraient sans état d'âme.

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