Dragon Noir

Chapitre 16

Le soleil, le vent, et même la température, tout était parfait pour les deux voyageurs et leurs dragons. Le printemps serait bientôt sur eux et le temps commençait à se radoucir. Une chose dont ils se seraient réjouis en temps normal, mais ils savaient que cette fois ce changement amènerait avec lui la guerre et dans son sillage, morts et souffrances.

Malgré ces pensées, Harold et Astrid ne se laissèrent pas aller à s'apitoyer sur ce qui pourrait arriver et ils profitèrent du soleil jusqu'à l'île d'Hagbard. Tout se déroula pour le mieux, Harold et Krokmou profitèrent du voyage pour s'adonner à quelques acrobaties aériennes sous le regard quelque peu envieux d'Astrid, cependant celle-ci savait qu'avec sa blessure et celle de sa dragonne, elles ne pouvaient se le permettre. Elle n'en voulut pas à Harold, elle était heureuse de pouvoir de nouveau voler sans avoir à craindre pour sa vie, de pouvoir en profiter normalement même si tout cela était nouveau pour elle.

Quelques semaines auparavant, elle aurait cru tout ceci quasiment impossible, mais aujourd'hui voler lui paraissait normal, comme si elle y avait toujours été destinée. De telles choses n'auraient pu se produire sur Beurk et pour cela, elle aurait presque remercié Drago d'avoir déclenché la guerre, presque...

Ils étaient partis dans la matinée et il devait être autour de midi quand ils virent au loin leur destination, ils accélèrent alors légèrement, mais cela ne fut que de courte durée. Quand Harold vit venir vers eux une patrouille, il préféra faire signe à Astrid de ralentir et ils progressèrent ainsi jusqu'à ce que la patrouille arrive à leur niveau. Celle-ci était composée de deux dragonniers, aucun ne faisait partie de la Garde Noire. L'un sur un dragon de la race des cauchemars monstrueux et l'autre sur un dragon vipère. Dès qu'ils virent Harold, ils se stoppèrent et le saluèrent en se frappant le poing sur le cœur sous le regard attentif d'Astrid. Harold leur rendit leur salut et après ça ils repartirent accomplir leur mission. Il ne leur revenait pas de le questionner sur ses voyages et sur la personne qui l'accompagnait, ils le savaient et ne posèrent donc aucune question.

Quand la patrouille fut repartie, Harold et Astrid reprirent de la vitesse pour arriver rapidement en vue du village. Astrid remarqua qu'à la différence de la dernière fois il y avait un grand nombre de dragons qui se déplaçaient comme bon leur semblait sur toute l'île, mais il y avait aussi des dragonniers. Elle ne s'était pas attendue à en voir autant, tous semblaient savoir exactement où ils allaient et en continuant de les regarder elle constata rapidement que certains dragons portaient des charges lourdes. Elle se rendit alors compte de la grande différence entre Beurk et cette île.

Ici, Harold avait pu accomplir la vision qu'il avait eue pour Beurk et cela était magnifique, dragons et vikings s'entraidant, mais pas seulement. Maintenant qu'elle savait quoi chercher, elle n'eut aucun mal à distinguer les bâtiments qui étaient différents, ceux qui avaient été conçus tant pour les vikings que pour les dragons. Elle se demanda alors comment elle avait pu passer à côté de tout cela quand elle était venue avec les membres de son clan. Elle ne tarda pas non plus à comprendre. Vu du ciel elle réalisa que les chemins qu'ils avaient empruntés la première fois les avaient faits passés le moins possible devant de ce type bâtiment et pour les rares qu'ils avaient vu, ne s'imaginant pas une telle chose, ils n'y avaient pas prêté attention. Elle comprit aussi à cette vue que sans Harold et les clans du nord, la guerre risquait de tourner court pour Beurk. Il ne faisait pas de doute que les dragons seraient un élément déterminant pour l'issue de la guerre.

Pendant qu'Astrid observait le village en contrebas, Tempête avait continué de suivre Krokmou et ils arrivèrent au-dessus de la grande place du village où ils se posèrent sous les yeux des vikings qui avaient stoppé leurs activités en les voyant descendre. Il s'agissait de l'endroit le plus apte où atterrir tout en étant non loin de la maison du guérisseur. Harold se fit d'ailleurs la réflexion que c'était l'un des problèmes qu'il allait falloir résoudre, car même s'il s'agissait de l'endroit le plus proche, cela faisait encore trop loin pour des blessés. Il espérait de tout cœur que le combat n'arriverait pas jusqu'ici, mais il ne pouvait en écarter l'hypothèse et il devait s'assurer que tout serait prêt si cela devait survenir.