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J'analyse avec prudence les gestes du molosse. Ce dernier bondit, gueule en avant, prêt à refermer ses immenses crocs sur mon visage. Son haleine fétide me prend au nez en même temps que sa bave gicle sur mon visage. J'esquive juste à temps et la bête finit sa course dans le mur. Mais l'animal ne tarde pas à se remettre sur pattes pour revenir à la charge.

Je recule, chancelante, tandis que la bête me fait de nouveau face. Les crocs serrés et la babine dégoulinante, une rage fiévreuse semble danser dans ses yeux noirs. Pourtant, je ne peux me résoudre à frapper l'animal.

Mes jambes se préparent à se déplacer alors que mes yeux sont rivés avec concentration sur mon adversaire. Quand le chien fonce sur moi, je me précipite sur le côté pour esquiver l'attaque mais une douleur vive au mollet me fait perdre l'équilibre et je me retrouve bientôt projetée lourdement au sol.

Une odeur de poils et de salive me pique les narines alors que je sens le goût du sang se répandre dans ma bouche. Mes mains se positionnent d'elles-mêmes sur le cou du clébard pour l'empêcher de me bouffer la gorge.

J'observe les alentours à la recherche d'un moyen de me sortir de cette mauvaise posture mais rien. Je tente de replier mes genoux sous le buste du molosse pour le renverser mais ne parvient pas à le faire bouger. Inépuisable, le chien continue de gagner du terrain sur moi.

Dans un dernier effort, je donne des coups de pieds et de genoux à la bête et réussis à me défaire de son emprise. J'ai juste le temps de me remettre sur pied que le canidé m'assène un grand coup de patte à la cuisse. La douleur me fait chanceler et, un grognement plus tard, je sens des crocs se planter en profondeur dans mon avant-bras.

Je hurle de douleur et tombe au sol en même temps que ma vision se brouille. À demi-consciente, j'entends des bruits sourds et le chien qui se met soudain à couiner alors qu'une voix familière crie mon nom.

— Constance ! Merde, merde, merde ! Non, c'est pas vrai ! Babe, tu m'entends ? Constance ?

Je tente d'ouvrir les yeux mais ne perçoit qu'une masse floue de chevelure rousse.

— Amaury ? Qu'est-ce que...

Mais je n'ai pas la force de terminer ma question. Le molosse m'a sacrément amochée.

— Tiens bon, Constance, je... ça va aller...

J'entends mon petit ami s'agiter au-dessus de moi alors qu'une autre voix s'ajoute.

— Elle a perdu trop de sang. Il faut lui faire un garrot.

À ces mots, mon rythme cardiaque s'accélère. Un garrot ? Ils veulent que je perde mon bras ? Et comment je vais faire pour le tennis ? Et le badminton ? Et l'escalade ? Et pourquoi c'est ce prétentieux de Tomichou Martinez qui décide ? Et pourquoi il est là d'abord ? Pourquoi on est tous là ?

D'abord la première de la classe, ensuite mon copain et maintenant le délégué en chef ? C'est quoi ce délire ? Et pourquoi je sens plus rien d'un coup ?

J'avais si mal pourtant. Mais maintenant je suis bien. C'est comme si une vague de soulagement est venue tout balayer. Et quand j'ouvre les yeux, je peux même voir une lumière blanche. Extrêmement blanche. Elle m'appelle et murmure tout bas...


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Ouaf ! Au moins le chien n'aura plus faim.

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