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Dès que mes pieds passent le seuil de la porte, l'alarme s'arrête nette. Je me retourne juste à temps pour apercevoir le message qui s'affiche sur le mur intérieur du cube.


DEMANDE DE RÉINITIALISATION ANNULÉE.

FÉLICITA...


Puis la porte se ferme sous mon nez. Pendant un moment, nous restons silencieux, tentant de capter le moindre indice sur ce qu'il peut bien se passer à l'intérieur. Mais rien. Pas le moindre son. J'appose ma main sur la surface lisse, en vain. J'ai beau cogner, tirer et pousser de toutes mes forces, la porte reste close. À bout de force et d'esprit, je me laisse glisser au sol.

— Génial ! Et maintenant ?

Tom ne tarde pas à me rejoindre tandis que mes yeux se perdent dans l'immensité blanche du couloir. Il n'ose rien dire. Sans doute est-il aussi perdu et démuni que moi en cet instant, devant cette immensité blanche. Du blanc. Rien que du blanc. À perte de vue. À en perdre la vue. Ce blanc incolore. Ce néant.

Je sens les larmes me monter lorsque le garçon pose sa main sur la mienne. Je l'interroge du regard et il m'offre un sourire compatissant avant de se retirer avec gêne. Je me demande bien quelle mouche l'a piqué.

— On dirait bien qu'on est coincé ensemble, constate-t-il avec un petit rire nerveux. Pas de chance, hein ?

— Ouais, la cancre et le délégué, les deux derniers survivants, qui l'eut cru ? Ça ferait un bon film ça, non ? Deux ennemis de toujours, coincés ensemble, réussiront-ils à s'entendre et à survivre ?

À mon grand étonnement, ma blague ne fait pas rire l'hispanique. Au contraire, il arbore une expression très sérieuse alors que ses yeux se posent sur moi.

— C'est vrai qu'on est très différents tous les deux mais je ne t'ai jamais vue comme une ennemie.

Intriguée, je me tourne vers lui pour lui demander comment il me perçoit. Il hésite un instant, comme s'il cherchait ses mots, puis du rouge commence à se répandre sur ses joues. J'ai déjà vu des garçons se comporter ainsi devant moi. Serait-il possible que...

— C'est pas vrai ! Alors là, c'est la meilleure ! Je te plais ?

— Oui, finit-il par répondre stoïquement. C'est si surprenant ?

Je ne peux m'empêcher de rire à cette découverte étonnante. Si ce qu'il dit est vrai, il a une drôle façon de montrer son affection. Je veux dire : c'est pas comme si on était les meilleurs amis du monde, lui et moi.

— Tu ne serais pas un peu maso ?

— Pardon ? manque-t-il de s'étouffer. Non ! Je sais très bien qu'on ne joue pas dans la même cour et que t'en as rien à faire d'un type comme moi, je ne suis pas idiot. Mais bon, vu la situation, foutu pour foutu...

— Ah ouais, courageux et romantique, un vrai tombeur quoi.

Ma petite pique a le don de le faire rire et détendre un peu la gêne qui s'était installée dans l'atmosphère. Puis le silence retombe et je me mets soudain à penser à ma famille. Ils me manquent. Les reverrais-je un jour ?

— Et toi ? me questionne calmement Tom. Comment tu me vois ?

Malgré ses lunettes manquantes, son regard semble se focaliser sur le mien avec précision. Quoi ? Il veut vraiment qu'on en parle là, maintenant ?

LE CUBE | Livre interactifOnde as histórias ganham vida. Descobre agora