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Je ne retiens pas mon gloussement naturel à l'annonce de Claudia.

— Ah bah là ! Intelligente, débrouillarde et vendeuse professionnelle de cookies ! C'est la petite amie parfaite, non ?

J'accompagne ma question d'un petit coup de coude dans le bras du délégué qui devient soudain rigide. Aucun de mes deux camarades ne me regarde alors qu'un silence gênant s'installe.

— Oh mais quels coincés du cul ! Vous faites vraiment la paire tous les deux !

— Je préfère être coincée qu'étroite d'esprit, rétorque la petite brune. Et, pour information, les scouts ne vendent pas de cookies. Peut-être qu'il serait temps que tu t'instruises plutôt que de regarder des séries américaines remplies de clichés ?

Je hausse un sourcil et me tourne avec un sourire amusé vers Tomichou.

— J'espère que le manque d'humour n'est pas un tue-l'amour pour toi parce que là...

— T'as fini ? me répond sèchement le délégué.

Il continue à avancer, le regard rivé devant lui, mais son ton et sa démarche tendue ne laisse aucun doute sur son humeur. Je ne crois pas avoir déjà vu Tomichou dans cet état. Légèrement décontenancée, je me surprends à bafouiller.

— Jev- Je voulais juste... détendre l'atmosphère en blaguant un peu, c'est tout.

— Tu nous vois rire, peut-être ?

— Pas ma faute si vous avez pas d'humour. M'enfin, moi j'ai parié que vous ne vous mettriez pas ensemble avant la terminale de toute façon alors...

— Qu-quoi ? interjecte Claudia en écarquillant les yeux.

— La moitié de la classe a misé sur avant la fin de cette année mais franchement, vu votre lenteur, ça m'éton...

La fin de ma phrase se perd dans ma bouche alors que Tomichou se retourne brusquement. Sa mâchoire est crispée et ses yeux fusent dans ma direction avec un sérieux intimidant. Le voilà qui montre enfin sa vraie nature. Je retiens ma respiration, m'attendant au pire.

— Maintenant ça suffit, crisse-t-il froidement. Claudia et moi, on n'est pas ensemble et on ne le sera jamais, ok ?

L'asiatique laisse échapper un très bref couinement qui réussit tout de même à attirer notre attention. Le délégué lui adresse un léger « désolé » qu'elle contre à coups de « Non, pas du tout », « je n'ai jamais » et de rires jaunes. Mais Tomichou ne l'écoute qu'à moitié. Toujours face à moi, son dos droit et sa tête haute lui donnent un peu de contenance. Mais le manque de précision dans ses yeux démunis de lunettes casse son regard sévère.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée.

— Quoi ? C'est ça qui te met dans un tel état ? Je disais juste que tout le monde trouve que vous allez bien ensemble. On a beau ne pas être les meilleures amies du monde, même moi je reconnais que Claudia est un bon parti. Enfin, sauf si tu es gay.

— Bon sang Constance, t'es vraiment...

— Vraiment quoi ? Vas-y, dis-le ! J'ai hâte d'enfin savoir ce que Monsieur le chouchou de la classe pense vraiment de moi. Peut-être que je comprendrais enfin pourquoi tu te fous toujours de ma gueule en cours ?

— Je n'ai jamais fait ça !

— Bien sûr... Tu t'arranges toujours pour me faire participer en classe alors que tu sais très bien que je pige rien. Et le pire c'est que toi tu connais très bien la réponse. Je parie que ça te fait marrer de me voir galérer. « Oh regardez, Constance essaie de faire marcher son cerveau, comme c'est mignon hahaha » ! Franchement, que tu m'apprécies pas, que tu répondes jamais quand je te parle, que tu changes de direction quand on se croise dans les couloirs, je m'en fous. T'as le droit de pas m'aimer et c'est réciproque. Mais me rabaisser constamment devant toute la classe, c'est vraiment bas. Juste parce que tes parents sont morts, ça ne veut pas dire que t'as tous les droits.

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now