■ 147 ■

614 32 200
                                    

✅ 146

■:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::■


Soudain, le ciel s'obscurcit et un mistral se lève. Je plisse les yeux pour éviter au mieux le sable qui vole droit sur ma figure et aperçoit la mer s'agiter. Des vagues monstrueuses se forment puis viennent s'écraser violemment sur le rivage.

Je prends la décision de trouver un abri quand quelque chose capte mon attention. Une masse colorée surgit des flots. Ballotée par le tumulte des vagues, elle disparaît et réapparait à intervalles irréguliers, se rapprochant de plus en plus. Quand je comprends enfin de quoi il s'agit, mon sang ne fait qu'un tour.

— Amor !

Je me précipite en direction du large et atteins l'eau en même temps que les vagues rejettent le corps d'Amaury sur le sable. Je m'efforce de le tourner sur son dos avant de m'agenouiller à ses côtés. Il semble respirer mais son pouls est extrêmement rapide. Et ses yeux s'ouvrent et se ferment comme s'il avait du mal à rester éveiller.

— Amor, tu m'entends ?

Ses lèvres, légèrement bleutées, s'ouvrent mais aucun son ne sort. Merde ! Qu'est-ce que je fais ? J'aurais dû être plus attentive pendant le cours de secourisme. Bon. Clairement, il est conscient mais a du mal à respirer. Dans les films, c'est généralement dans ce genre de situation qu'on fait du bouche à bouche, non ?

En voyant le corps d'Amaury trembler de plus en plus, je cesse de me poser des questions. Tentant de me souvenir avec le plus de précision possible des gestes à faire, je commence à insuffler de l'air dans la bouche d'Amaury. Concentrée, je compte les interminables secondes et réitère le geste pendant ce qui me parait une éternité. Jusqu'à ce qu'Amaury donne enfin un signe de vie. D'abord ses sourcils se froncent puis il se met à toussoter et happer l'air pour enfin retrouver une respiration normale.

— Constance, murmure-t-il à travers ses dents qui claquent.

Motivée par cette réussite, je l'aide à se trainer un peu plus loin afin de se retrouver au sec. Puis j'entreprends de retirer son haut trempé et frotter frénétiquement ses bras et son dos pour le réchauffer.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me questionne Amaury d'une voix faiblarde.

— J'aimerais bien le savoir ! Comment tu t'es retrouvé là ?

Amaury prend le temps d'observer son état et son corps encore tremblant puis son attention se tourne vers l'horizon. Le ciel dégagé et la mer calme ne laisse en rien présager la tempête qui vient d'avoir lieu. Comment est-ce possible ? Puis mon petit ami se tourne vers moi, l'air perdu. Ses longues mèches auburn pendent de part et d'autre de son visage, s'égouttant lentement sur son torse pâle.

— J'ai entendu un cri, explique-t-il. J'ai cru que c'était toi alors je me suis jeté à l'eau mais je me suis fait prendre par surprise par la tempête. Je crois que j'ai perdu connaissance.

J'examine son crâne et y trouve effectivement une trace d'impact mais rien de visiblement grave. Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche alors qu'Amaury m'observe attentivement. Un mélange d'amusement, de gratitude et d'émerveillement virevolte dans ses yeux alors qu'il me sourit.

— Je croyais aller à ta rescousse mais c'est toi qui m'as sauvé.

J'hausse les épaules, un sourire joueur plaqué sur les lèvres.

— Il n'y a pas que les princesses qui peuvent être en détresse.

Loin de le faire rire, mes paroles semblent animer un étrange chagrin dans les yeux de mon petit ami. Je l'ai déjà vu faire la moue ou me faire les yeux doux, mais jamais je n'ai vu une telle intensité briller dans ses yeux. La façon dont il me regarde, avec cette admiration, cette fascination non dissimulée mêlée à cette expression de défaite et de souffrance, jette le trouble dans mon esprit. Qu'est-ce que ça signifie ? Ai-je réellement envie de le savoir ?

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now