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Dès que mes pieds passent le seuil de la porte, l'alarme s'arrête nette. Je me retourne juste à temps pour apercevoir le message qui s'affiche sur le mur intérieur du cube.


DEMANDE DE RÉINITIALISATION ANNULÉE.

FÉLICITA...


Puis la porte se ferme sous mon nez. Pendant un moment, je reste silencieuse, tentant de capter le moindre indice sur ce qu'il peut bien se passer à l'intérieur. Mais rien. Pas le moindre son. J'appose ma main sur la surface lisse, en vain. J'ai beau cogner, tirer et pousser de toutes mes forces, la porte reste close. À bout de force et d'esprit, je me laisse glisser au sol.

— Génial ! Et maintenant ?

L'idée de sortir un jour de ce labyrinthe infernal me semble si loin à présent. Et le réconfort d'avoir survécu ne suffit même pas à me soulager. Je ne comprends même pas ce qui m'a poussé à rester en vie jusque-là, après avoir perdu tous mes camarades, un à un. Ils ne méritaient pas ça. Personne ne mérite ça. Et Prunelle... Quelle sorte de grande sœur suis-je ? Je ne sortirais jamais...

Mes yeux se perdent dans l'immensité blanche du couloir. Jamais je ne me suis sentie aussi perdue et démunie qu'en cet instant, devant cette immensité blanche. Du blanc. Rien que du blanc. À perte de vue. À en perdre la vue. Ce blanc incolore. Ce néant.

— Mais qu'est-ce que vous voulez à la fin ? Vous voulez qu'on crève tous, c'est ça ? C'est pour nous voir souffrir que vous nous avez enfermés ici ? Ça vous amuse ?

À ces paroles, un grésillement attire mon attention. Un compte à rebours vient de s'afficher au-dessus de la porte close. Je ne peux empêcher un fou-rire nerveux de s'emparer de moi.

— Ah bah voyons ! C'est facile de tout commander à distance ! Pourquoi vous ne viendriez pas plutôt me tuer vous-même, de vos propres mains ? Je vous promets que je ne me débattrais pas. À moins que c'est ça que vous préfériez, espèce de pervers ! Allez ! Venez bande de bâtards ! Venez prendre ma vie en me regardant droit dans les yeux, lâches !

Mes pieds et mes poings s'abattent avec rage sur le pilier central. Je tape et frappe et griffe, faisant abstraction de mes membres endoloris. Mais le pilier demeure intact et les minutes continuent à défiler.

— Qui que vous soyez, je vous jure que je viendrais vous hanter pour l'éternité !

J'ai le temps de pousser un dernier hurlement de frustration avant que le compte n'atteigne zéro. C'est alors que tout s'arrête. Incapable de bouger, je ne peux qu'observer mon corps paralysé, comme un arrêt sur image. Un nouveau grésillement résonne, comme s'il était à l'intérieur de moi, cette fois-ci.

Avant même que je puisse assimiler la bizarrerie de la chose, ma conscience me quitte et tout devient noir.


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Les rayons du soleil qui percent à travers la persienne finissent par me réveiller. Presque aussitôt, un mal de crâne astronomique s'abat sur mes tempes.

— Ghhh, pourquoi monde cruel ?

Puis la réalisation me tombe dessus avec force. Je suis dans mon lit ?

LE CUBE | Livre interactifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant