■ 54 ■

217 14 7
                                    

171, 173, 180

■:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::■


Sur le seuil de la porte, je tiens Prunelle contre moi tandis que l'alarme s'arrête nette. Je lève le regard juste à temps pour apercevoir le message qui s'affiche sur le mur intérieur du cube.


DEMANDE DE RÉINITIALISATION ANNULÉE.

FÉLICITA...


Puis la porte se ferme sous notre nez. Pendant un moment, nous restons silencieux, tentant de capter le moindre indice sur ce qu'il peut bien se passer à l'intérieur. Mais rien. Pas le moindre son. J'appose ma main sur la surface lisse, en vain. J'ai beau cogner, tirer et pousser de toutes mes forces, la porte reste close. À bout de force et d'esprit, je me laisse glisser au sol.

— Génial ! Et maintenant ?

Amaury ne tarde pas à me rejoindre tandis que mes yeux se perdent dans l'immensité blanche du couloir. C'est rare de voir mon petit ami aussi silencieux, lui qui arrive pourtant toujours à blaguer dans la pire des situations. Sans doute est-il aussi perdu et démuni que moi en cet instant, devant cette immensité blanche. Du blanc. Rien que du blanc. À perte de vue. À en perdre la vue. Ce blanc incolore. Ce néant.

Je sens les larmes me monter en même temps que le garçon me sert contre lui. Mon visage s'enfouit sans hésitation dans le tissu de son t-shirt, laissant les grandes eaux couler. Bientôt, seuls les battements réguliers de son cœur contre mon oreille se font entendre. Je sens son souffle chaud me chatouiller le cou. Notre dernière dispute me semble si lointaine à présent. Au final, je suis heureuse de ne pas avoir eu à affronter ces épreuves seule.

— On devrait en profiter pour se reposer, propose Amaury d'une voix fébrile.

Jusqu'à présent, je n'avais pas remarqué à quel point il avait l'air fatigué. Il se masse l'épaule avant de s'approcher de nous, Prunelle à ses trousses.

— Je suppose qu'on n'a rien de mieux à faire pour l'instant.

Amaury propose de monter la garde mais j'insiste pour tenir ce rôle en premier. Trop fatigué pour rechigner, il finit par s'endormir rapidement, la tête confortablement installée sur mes genoux. Prunelle ne tarde pas à se blottir également contre moi et je dépose un baiser un sommet de son crâne.

Alors que j'observe d'un air absent la vaste pièce blanche et sa porte désespérément fermée, ma main caresse le cuir chevelu de mon petit ami qui ronronne presque de bonheur. Après tout ce que nous venons de vivre, cela me semble presque irréel. L'idée de sortir un jour de ce labyrinthe infernal me semble si lointaine à présent.

Pourtant je suis soulagée. Soulagée de ne pas être seule et que mes proches aient survécus au moins. Malgré nos différents, je ne souhaiterais perdre ma sœur ou Amaury pour rien au monde. Et même si je dois finir mes jours enfermée ici, tout ira bien tant qu'on sera ensemble. J'en suis persuadée.

— Constance ?

Je penche doucement la tête, plongeant mes yeux avec reconnaissance dans ceux d'Amaury, et prends le temps d'admirer son beau visage à moitié endormi.

— Je sais que tu n'aimes pas quand je le dis mais je t'aime.

Un petit sourire triste s'étire sur mes lèvres et j'acquiesce timidement.

— Je suis désolée, tu sais. Etre sérieuse et parler de sentiments, ça a jamais été mon fort, et je n'ai pas arrêté de réagir comme une gamine. La vérité c'est que j'ai l'impression que tu m'aimes trop parfois. Je veux dire, on est encore jeunes et j'apprécie beaucoup tout ce qu'on partage mais je ne sais pas si je suis prête à... parler aussi sérieusement.

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now