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Je lis et relis la dernière entrée du journal avec attention, m'assurant de n'avoir raté aucune lettre avant de finalement sourire.

— Le phare ! C'est là qu'il faut aller ! Le message était caché dans le texte.

— D'accord mais comment on y va ? s'interroge Amaury en contemplant de nouveau la carte. Il y a bien un phare indiqué mais sans boussole, nous ne pouvons pas nous repérer.

— On peut toujours essayer de s'y retrouver avec le soleil, non ?

Faute d'une meilleure idée, nous réussissons à nous situer approximativement et à établir une trajectoire en suivant le mouvement du soleil. Celui-ci commence d'ailleurs à descendre petit à petit dans le ciel. J'espère juste que nous atteindrons notre objectif avant la tombée de la nuit.


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La barque avance lentement mais sûrement tandis qu'Amaury et moi nous relayons pour ramer. À l'avant, Prunelle scrute l'horizon à la recherche d'un quelconque signe de vie ou de terre. Nous ne manquons pas de surveiller également les eaux, anxieux de voir surgir un aileron ou quelque autre vision horrifique.

Mais la nuit finit par tomber beaucoup plus rapidement que prévu. Et le vent avec elle, nous laissant seuls sur une mer calme, facile à naviguer, mais d'un noir complètement opaque. La lampe torche trouvée dans le sac de l'aventurier est notre seul réconfort alors que nous continuons à avancer en tâchant de garder un cap.

— Toujours rien ? demande Amaury, profitant de son temps de repos pour scruter lui aussi l'horizon désormais noir.

— Non, soupire Prunelle avec tristesse. Mais on va le trouver ce phare, j'en suis sûre !

— Aye, aye, mon capitaine !

Tout en ramant d'un geste devenu mécanique, j'observe mon petit ami et ma sœur rire de bon cœur. Ma relation avec Prunelle a toujours été houleuse mais ma petite sœur s'est toujours bien entendu avec Amaury. Il faut dire que c'est un grand gamin et cela a l'air si facile quand on le voit à l'œuvre. J'en serais presque jalouse.

Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais fait de réels efforts pour me rapprocher de Prunelle. En même temps, qui voudrait être suivie à longueur de journée par un bébé collant, pleurnichard et niais ? Un vrai chewing-gum sur pattes. Pourtant, je n'aimerais la perdre pour rien au monde. Et la voir se dépasser durant toutes ces épreuves que nous avons subies aujourd'hui m'émeut plus que je ne veux l'avouer.

— Là ! Le monstre ! chuchote soudain Prunelle d'un air grave.

Je stoppe mon mouvement pour suivre son doigt tendu. À la lumière de la lampe torche, une immense bande claire semble effectivement se déplacer sous la surface lisse de l'eau.

Difficile de distinguer la silhouette de la créature mais cette peau tachetée n'est pas sans rappeler la description du requin faite dans le journal de l'explorateur. Intriguée, je rentre les rames et me rapproche du bord de la barque.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'affole Amaury en me voyant me pencher vers l'étendue sombre.

— Tiens-moi.

C'est tout ce que je lui ordonne avant de plonger mon visage dans l'eau salé. Je sens les mains d'Amaury se refermer sur ma taille au même moment où j'ouvre les yeux. Je l'aperçois alors clairement, plusieurs mètres plus bas, gigantesque et se mouvant avec lenteur, un requin à la tête aplatie et au corps de la taille d'une baleine.

Quand je refais surface pour informer les autres de ma découverte, la panique est générale.

— Qu'est-ce qu'on fait ? s'exclame Prunelle.

À peine a-t-elle fini de poser sa question qu'un violent courant fait tanguer la barque et j'aperçois avec horreur ma sœur perdre l'équilibre et passer par-dessus bord. Amaury se lève aussitôt.

— Je m'en charge ! m'informe-t-il. Prépare-toi à ramer !

Ni une, ni deux, il plonge dans l'eau sombre et mes doigts se resserrent sur les deux rames en bois. Je retiens mon souffle. Une seconde, deux secondes, trois secondes passent. La tête de Prunelle rejaillit à la surface. Soulagée, je la tracte d'une main à l'intérieur de la barque. Puis c'est au tour d'Amaury de ressurgir mais soit la barque a dérivé, soit il s'est laissé entrainer par le courant car il se trouve désormais à plusieurs mètres de nous. Je commence à ramer dans sa direction quand Prunelle m'interpelle.

— Constance ! s'écrit-elle en me faisant signe de regarder de l'autre côté.

L'immense masse grise-blanche est en train d'avancer à vive allure dans notre direction, son aileron fendant l'eau avec rapidité. Je ne sais pas si c'est nous ou Amaury qu'il vise, mais le requin est en train de nous foncer dessus ! Et il risque de faire un strike !

Amaury, trop occupé à crawler jusqu'à nous, n'a absolument rien vu. Il est encore à trois mètres de nous. Tenter de le sauver serait dangereux mais l'abandonner maintenant signerait son arrêt de mort. Que faire ?



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À vous de choisir...

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[Ramer vers Amaury (et rester dans la trajectoire du requin)]

Allez en 154.


OU


[Ramer le plus loin possible (et sortir de la trajectoire du requin)]

Vers le 161 et l'au-delà.

LE CUBE | Livre interactifDär berättelser lever. Upptäck nu