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Je lis et relis la dernière entrée du journal avec attention, m'assurant de n'avoir raté aucune lettre avant de finalement sourire.

— Le phare ! C'est là qu'il faut aller ! Le message était caché dans le texte.

— D'accord mais comment on y va ? m'interroge Prunelle en contemplant de nouveau la carte. Il y a bien un phare indiqué mais sans boussole, nous ne pouvons pas nous repérer.

— On peut toujours essayer de s'y retrouver avec le soleil, non ?

Faute d'une meilleure idée, nous réussissons à nous situer approximativement et à établir une trajectoire en suivant le mouvement du soleil. Celui-ci commence d'ailleurs à descendre petit à petit dans le ciel. J'espère juste que nous atteindrons notre objectif avant la tombée de la nuit.


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La barque avance lentement mais sûrement tandis que je rame modérément pour ne pas m'épuiser. À l'avant, Prunelle scrute l'horizon à la recherche d'un quelconque signe de vie ou de terre. Nous ne manquons pas de surveiller également les eaux, anxieux de voir surgir un aileron ou quelque autre vision horrifique.

Mais la nuit finit par tomber beaucoup plus rapidement que prévu. Et le vent avec elle, nous laissant seuls sur une mer calme, facile à naviguer, mais d'un noir complètement opaque. La lampe torche trouvée dans le sac de l'aventurier est notre seul réconfort alors que nous continuons à avancer en tâchant de garder un cap.

— Constance ? m'interpelle Prunelle après un long moment de silence. Tu crois qu'Amaury va bien ?

Décontenancée par sa question innocente, je ne trouve pas tout de suite les mots.

— Je... Oui, certainement...

Tout en ramant d'un geste devenu mécanique, j'observe ma sœur sourire, visiblement soulagée et un pincement me saisit le cœur.

— Il est cool, je l'aime bien, déclare-t-elle alors.

Ma relation avec Prunelle a toujours été houleuse mais ma petite sœur s'est toujours bien entendu avec Amaury. Il faut dire que c'est un grand gamin et cela a l'air si facile quand on le voit à l'œuvre. J'en serais presque jalouse.

Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais fait de réels efforts pour me rapprocher de Prunelle. En même temps, qui voudrait être suivie à longueur de journée par un bébé collant, pleurnichard et niais ? Un vrai chewing-gum sur pattes. Pourtant, je n'aimerais la perdre pour rien au monde. Et la voir se dépasser durant toutes ces épreuves que nous avons subies aujourd'hui m'émeut plus que je ne veux l'avouer.

— Lui aussi, il t'adore ! Mais n'essaie pas de me le piquer, hein ?

— Impossible ! se met à rire Prunelle. Il est beaucoup trop amoureux de toi, c'est lui qui me l'a dit !

Sentant les larmes me monter aux yeux, je décide d'accélérer mon rythme, concentrée sur mes rames. Un, deux. Un, deux.

— Je sais que vous vous êtes disputés, continue Prunelle, mais il t'aime beaucoup, tu sais ?

Un, deux. Un, deux. Un...

— Oui, je sais...

La réalisation me cogne de plein fouet. Jamais plus ce grand benêt aux allures de bad boy ne viendra m'enlacer et jouer avec mes tresses. Jamais plus il ne me provoquera avec ses taquineries ou ne me fera rire avec ses idioties. Jamais plus on ne se disputera pour un truc débile. Jamais plus on ne se quittera pour se remettre ensemble le lendemain. Jamais plus il ne me regardera comme s'il n'y avait que moi sur terre. Jamais plus il ne m'embrassera avec passion, comme il sait si bien le faire. Jamais plus je ne glisserais mes doigts dans ses longues mèches ambrées ou admirerais les taches de rousseur sur son visage. Jamais plus.

— Le monstre ! chuchote soudain Prunelle d'un air grave

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— Le monstre ! chuchote soudain Prunelle d'un air grave.

Je stoppe mon mouvement pour suivre son doigt tendu. À la lumière de la lampe torche, une immense bande claire semble effectivement se déplacer sous la surface lisse de l'eau. Difficile de distinguer la silhouette de la créature mais cette peau tachetée n'est pas sans rappeler la description du requin faite dans le journal de l'explorateur. Intriguée, je rentre les rames et me rapproche du bord de la barque.

— Qu'est-ce que tu fais ? me questionne ma sœur en me voyant me pencher vers l'étendue sombre.

— Tiens-moi.

C'est tout ce que je lui ordonne avant de plonger mon visage dans l'eau salé. Je sens les mains de Prunelle se refermer sur mes mollets au même moment où j'ouvre les yeux. Je l'aperçois alors clairement, plusieurs mètres plus bas, gigantesque et se mouvant avec lenteur, un requin à la tête aplatie et au corps de la taille d'une baleine.

Quand je refais surface pour informer Prunelle de ma découverte, la panique est générale.

— Qu'est-ce qu'on fait ? s'exclame-t-elle.

À peine a-t-elle fini de poser sa question qu'un violent courant fait tanguer la barque et j'aperçois avec horreur ma sœur perdre l'équilibre et passer par-dessus bord. Mes doigts se resserrent sur les deux rames en bois et je retiens mon souffle. Une seconde, deux secondes, trois secondes passent. La tête de Prunelle rejaillit à la surface mais soit la barque a dérivé, soit elle s'est laissée entrainer par le courant car elle se trouve désormais à plusieurs mètres de nous. Je commence à ramer dans sa direction quand une vision m'interpelle.

De l'autre côté, l'immense masse grise-blanche est en train d'avancer à vive allure dans notre direction, son aileron fendant l'eau avec rapidité. Je ne sais pas si c'est moi ou Prunelle qu'il vise, mais le requin est en train de nous foncer dessus ! Et il risque de faire un strike !

Prunelle, pataugeant avec panique dans l'eau, n'a absolument rien vu. Elle est encore loin de la barque. Tenter de la sauver serait dangereux mais l'abandonner maintenant signerait son arrêt de mort. Que faire ?



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À vous de choisir...

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[Ramer vers Prunelle (et rester dans la trajectoire du requin)]

Allez en 160.


OU


[Ramer le plus loin possible (et sortir de la trajectoire du requin)]

Vers le 161 et l'au-delà.

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now