Chapitre 4

861 111 194
                                    

— Imir, nous voilà !

Rewind paraît si solennel en disant cela que je manque de m'étouffer de rire. Bianca roule des yeux en voyant son époux lever le poing vers le ciel comme un conquérant. Il doit être insupportable sur le long terme, je n'imagine même pas ce qu'elle doit vivre.

Nous avons débarqué depuis dix minutes bientôt et le temps est aussi laid à Imir qu'à Lucrenda. Il pleut à fines gouttes et c'est désagréable. Le vent est chaud, synonyme du climat d'Imir. Quand je vois le port devant moi, un sentiment d'émerveillement embaume mon cœur.

C'est si... tropical ici. Les rues sont pavées, les murs faits d'une pierre brune, les fenêtres toutes petites. Imir a gardé un style oriental et c'est tout simplement magnifique. Je n'imaginais pas du tout le pays ainsi.

C'est vrai que je n'ai pas beaucoup voyagé. J'étais surtout cloîtrée entre quatre murs, à me cultiver et à faire l'école à la maison. Quand je vois Julio sautiller, je me dis que peut-être, il n'aura pas la même vie que moi.

Je glisse ma main dans celle de mon petit frère alors que nous descendons du bateau. J'ai peur de salir ma robe avec la pluie mais heureusement, une limousine royale s'arrête pour nous faire monter. Julio monte sur mes genoux à l'intérieur tandis que j'arrange mon décolleté.

J'ai opté pour du simple : une jolie robe rose aux manches bouffantes en col carré. Mes cheveux sont tressés, comme d'habitude, et mon diadème repose sur ma tête. J'espère que j'ai l'air présentable, je n'ai surtout pas envie de faire tache devant la famille de Rewind.

— Je suis sûr qu'ils sont en train d'arracher les rideaux, lance Rewind en toute insouciance.

— Qu'ils essaient pour voir, je leur donnerai des coups de canne, menace Mamie.

— Je crois en toi, Mamie, tu vas leur faire tellement peur qu'ils retourneront dans leur pays de bourges.

Mamie check Rewind et mon sourire s'étire. Le trajet s'ensuit dans la bonne humeur et la détente. Il y a une petite heure avant d'arriver au palais d'Imir. Bianca discute avec Mamie et moi, je parle avec Julio.

— J'ai emporté mon violon.

— Tu as bien fait, lui souris-je. Tu pourras pratiquer mais si Mamie Danïa te dit qu'il est trop tard, tu joueras plus tard. On ne sera pas tout seuls là-bas, il faut suivre les règles.

— Tu crois qu'il y aura des filles ?

J'éclate de rire. Il ne pensait pas à ça avant !

— Je ne sais pas, demande à Rewind.

— Rewind, est-ce qu'il y a des filles au palais ?

Il se tourne vers mon petit frère et un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres.

— J'ai une cousine de dix ans, Lolya. Bon, je ne garantis pas sa beauté, mais elle doit être sympa. Un peu jeune pour toi, peut-être.

— L'amour n'a pas d'âge, j'ai lu ça dans un livre.

— Oui, enfin tu n'irais pas draguer Mamie pour autant, ricane Rewind.

Et Mamie lève sa canne pour taper son petit-fils. Julio lâche des gros « Beurk » et c'est le fou rire dans la voiture.

Une dizaine de minutes plus tard, nous nous arrêtons. Mon cœur bat plus fort quand je me rends compte que l'on vient d'arriver. Des cris d'enfants résonnent au-delà de la fenêtre et je me mets à grimacer.

— Ça commence bien, marmonne Rewind.

— Ne t'en fais pas, fils, je vais dresser ces bestioles enragées.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant