Chapitre 29

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Il est trois heures du matin quand je me réveille en sursaut après un mauvais cauchemar. Un cauchemar dans lequel Ander, Julio et moi assistions à l'enterrement de notre mère. Nous étions seuls, et je pleurais devant sa tombe, vêtue de noir, le cœur en miettes. Je ressentirais presque cette même douleur là, maintenant. En ce moment, je pense de moins en moins à elle et j'ai l'impression que mon subconscient m'envoie un message.

Il est sûrement normal d'avoir fait ce rêve après la pseudo mort de Mamie mais tout de même. Mon esprit est accaparé par les boucles brunes d'Eros et par ce tournoi. Est-ce que j'y peux réellement quelque chose dans le fond ? Il a déboulé dans ma vie du jour au lendemain, au moment où je m'y attendais le moins. Il a chamboulé mon quotidien, renversé mon cœur. Je suis à deux doigts de tomber.

Il faut que je me change les idées. Un grand verre d'eau fera l'affaire. Je me glisse hors de mon lit et traverse ma chambre avant de pousser la porte. Mes pieds nus entrent en contact avec le sol et je frissonne. Il fait toujours plus froid la nuit, j'aurais dû prendre mon châle. La bretelle de mon débardeur en coton tombe et je la remets en place d'un doigt.

Je passe dans les couloirs comme un fantôme, à petits pas, et descends les escaliers. Les marches glissent sous mes pieds. Plus que quelques pas à faire avant d'atteindre la cuisine. Je me fige sur la dernière marche quand des bruits suspects parviennent jusqu'à mes oreilles.

Ma main se crispe sur la rampe mais je n'en démords pas. Je m'avance jusqu'à la porte, en alerte, en tendant l'oreille. Des bruits de... claques ? Quelqu'un est en train de se battre à cette heure-ci ? Pourtant, les claques sont suivis de pouffements. Qui sont les idiots en train de s'amuser en pleine nuit ?

Et si mon imagination me jouait des tours ? Et si ce n'était pas des rires mais plutôt des cambrioleurs ?

Le palais est surveillé par des dizaines de gardes. Mais oui, Arynn, des cambrioleurs.

Je rougis de honte inconsciemment. Stop les questions. Je tire la porte de la cuisine vers moi pour découvrir la scène.

Eros et Rewind me font face, debout, les joues en hamster et ils se tournent tous les deux vers moi. Un instant de flottement. Des secondes éternelles. Je les vois, un journal à la main, en position d'attaque et je me dis que je suis en train de rêver. Puis ils se mettent à recracher l'eau contenue dans leur bouche en s'esclaffant.

— Tu devrais voir ta tête ! s'exclame Rewind en pleurant de rire.

Il peut parler, moi, je suis concentrée sur Eros. Eros qui rit. Eros qui brille comme une étoile, même dans le nuit.

— Qu'est-ce que vous faites ?

— On joue à un jeu. Tu veux nous rejoindre ? demande Eros en me souriant.

— Pas avant de connaître le principe.

— Tu prends un peu d'eau en bouche. Ensuite, pierre, feuille, ciseaux. Celui qui perd se prend une claque grâce aux journaux de Mamie. Le premier à cracher est éliminé.

Je les dévisage. J'ai en face de moi un prince et un roi. Pour le moment, ils ressemblent plutôt à deux gros gamins qui font des bêtises en pleine nuit.

Je croise mes bras sur ma poitrine, un air mécontent au visage et je hausse les sourcils.

— Vous jouez à vous mettre des baffes à trois heures du matin et en crachant comme des lamas ? À quel moment donné un être humain civilisé ferait cela ?

— Pour ma défense, explique Eros, je suis descendu manger. Et je suis tombé sur ce gros balourd en plein festin. On a mangé, puis on a vu les journaux de Mamie et c'est Rewind qui a eu l'idée. C'est plutôt divertissant d'ailleurs.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang