Chapitre 39

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— En cette occasion très spéciale, j'aimerais remercier les participantes du Jeu des Roses. Les conditions sont différentes cette année, mais nos royaumes ont su s'y accomoder et rester soudés malgré tout. Un an s'est écoulé depuis la guerre sans précédent avec Kelinthos, il est temps d'enterrer la hache de guerre !

Des applaudissements retentissent tandis qu'Eileen lève son verre à la foule. Même en fée clochette, elle reste professionnelle. Je me rappelerais toujours de notre première rencontre. Elle paraissait si différente d'aujourd'hui. Elle est maintenant plus déterminée, et plus sûre d'elle.

J'espère que j'arriverai à sortir de ma zone de confort avec le temps. Peut-être qu'Eros m'aidera à me développer davantage ?

Il n'y a aucun futur entre vous. Tu es fiancée.

Je chasse la petite voix et me concentre sur Eileen au loin, mais la bile me serre la gorge. Je déglutis, chassant les larmes qui perlent aux coins de mes yeux.

Je dois voir ma mère. Cette idée surgit dans mon esprit si vivement que je suis à deux doigts de la mettre à exécution. Je veux comprendre comment elle a pu accepter mes soi-disantes fiançailles avec Therys. Elle n'aurait jamais accepté ça.

Mon regard se pose sur Ander. Ander qui sourit, qui paraît aux côtés de son épouse. Derrière son sourire et ces faux-semblants, je suis sûre qu'il ressent la même chose que moi.

Notre mère va mourir. Comment peut-il se cacher continuellement derrière ce masque ? Pourquoi agit-il comme si la vie allait continuer parfaitement ?

— Arynn... roucoule une voix dana mon dos.

Oh, par pitié. Eros est parti me chercher un autre verre, et cette voix n'appartient qu'à Therys.

Je me retourne lentement, le plus lentement possible. Il me fait face, un petit sourire aux lèvres, vêtu d'un costume vert censé représenter... Je ne sais pas. Je ne cherche pas à comprendre.

Je me fige quand je remarque la petite boîte qu'il tient dans ses mains.

Ah, non. Je recule d'un pas. C'est mon corps entier qui est incapable de fuir alors que je le voudrais vraiment. Je vais faire une crise de nerfs. Pas de suffocation, cette fois-ci, parce que... eh bien, Therys ne provoque rien en moi. Même pas un clignement d'œil.

— Non.

Je me surprends moi-même. Mon « non » est d'une fermeté à en faire trembler des dizaines d'hommes. Therys fronce les sourcils et un rictus moqueur étire ses lèvres.

— Ce n'est pas ça qui va m'arrêter.

J'ignore si c'est le fait que j'ai déjà englouti une coupe de champagne, mais ma langue a une vivacité d'esprit troublante ce soir :

— Tu es devenu particulièrement exécrable depuis quelques temps. Ne te fais pas honte et range ta bague.

— Me faire honte ? C'est plutôt toi qui aura honte quand je m'agenouillerai devant la foule entière pour te demander d'être ma femme. Chose que tu es presque déjà, sur papier. Auras-tu le courage de me dire non une nouvelle fois ?

Je me mords l'intérieur des joues, les poumons en feu. Je vais fuir, je veux courir et ne plus jamais revoir son visage. Est-il même possible de changer autant en deux années à peine ? Son attitude n'est plus la même. Et si cela n'avait été que son vrai visage depuis le début ?

Le temps semble passer au ralenti. Therys va pour poser le genou à terre quand une silhouette surgit sur ma droite.

Eros le toise avec la plus grande arrogance. Therys est coupé dans son geste et fronce les sourcils.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Where stories live. Discover now