Chapitre 28

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Mamie est morte.

Non, ce n'est pas possible. Je tente de discerner un éclat rieur dans les yeux de Rewind mais sa tristesse me broie le cœur. Eros est alerte, les poings serrés.

— Où est-elle ?

— Dans le salon. Elle... Elle a fait une attaque et... Ander a essayé de lui faire un massage cardiaque mais ça n'a pas fonctionné.

Non, je ne veux pas y croire. J'ai l'impression qu'on parle de ma Mamie. Eros déboule dans le couloir et je le suis, à la traîne derrière Rewind qui sanglote en séchant ses larmes. Nous arrivons dans le salon en moins de deux. Les portes sont gardées par deux gardes, à qui Eros ordonne de partir.

Les portes s'ouvrent et mon cœur se fend en deux. Mamie est allongée sur un canapé, son corps inerte. On pourrait presque croire qu'elle est en train de dormir. Je veux dire quelque chose mais je n'ai rien à dire.

Le désarroi se lit sur le visage d'Ander et d'Eileen qui se prennent dans les bras. Morgan n'a jamais eu l'air aussi triste que maintenant. Bianca a les larmes aux yeux et moi, je ne peux pas regarder ailleurs que le canapé.

Rewind se met à genoux juste à ses côtés. Je ne l'ai jamais vu pleurer. En fait, je pensais jusque-là qu'il ne pleurait jamais. Mais le voir ainsi... J'ai mal au cœur.

J'ai mal au cœur, j'ai mal aux poumons, je me rends compte qu'elle ne sera plus jamais là pour faire de mauvaises blagues, qu'elle ne frappera plus jamais ses petits-enfants de sa canne, elle n'aura plus l'occasion de me pousser dans les bras d'Eros et cette pensée me rend tellement triste.

Voir Rewind pleurer de la sorte me fait monter les larmes aux yeux. Je tente de les chasser mais rien n'y fait. Je me détourne, fais quelques pas, je tente de reprendre ma respiration mais une bouffée d'angoisse me prend à la gorge. Les larmes roulent sur mes joues et ma vision se trouble mais je le vois toujours.

Eros. Il est là, quoiqu'il arrive.

Je n'y tiens plus. Je m'avance, il ouvre les bras et je me niche contre son torse, le cœur en miettes.

— Je suis désolée, je murmure.

Il me serre plus fort et ça me fait du bien. Mes larmes mouillent son t-shirt, mais il ne semble pas s'en inquiéter. Il dépose un baiser sur mon front, et ma peine se calme un peu. D'une main, il me caresse les cheveux, tandis que l'autre me maintient contre lui.

Cette journée finit terriblement mal, mes pleurs ne s'arrêtent pas, j'ai l'impression d'avoir perdu un membre de ma famille.

Parce que quelque part, ils sont devenus ma famille. Eileen, Bianca, Rewind, Morgan et Erkel. Eros. Ils ont tous une place plus ou moins grande dans mon cœur. J'ai le sentiment de ressentir leur douleur, les épreuves qu'ils traverseront, je les traverserai aussi.

Ce soir est une nuit noire.

Mais des éclats de rire retentissent dans mon dos.

— Eh non, la vieille n'est pas encore morte !

Je quitte les bras d'Eros pour faire volte-face. Mamie se redresse en éclatant d'un rire maléfique. Puis tous se mettent à rire. Ander, Eileen, Bianca, Morgan, Erkel. Même Rewind ! Ils nous dévisagent Eros et moi comme si nous étions les clowns du spectacle.

— Je vous ai bien eus ! se moque Mamie. J'ai eu l'idée de ce plan cette après-midi. Le but était simple : simuler ma mort pour vous pousser dans les bras l'un de l'autre. Et cela a fonctionné !

Je sèche mes larmes en souriant faiblement alors qu'Eros intervient dans mon dos :

— Nous n'avions pas besoin de ton aide pour cela.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Where stories live. Discover now