Chapitre 9

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— Debout !

Je me redresse d'un coup d'un seul, le cœur battant à vive allure, alors qu'un bruit de caisse résonne dans ma chambre. Les yeux à moitié collés, je vois une petite silhouette se dessiner devant moi. Oh, mon Dieu.

— L'avenir appartient, non pas à ceux qui se lèvent tôt, mais à ceux qui se donnent les moyens. On se lève, jeune fille !

Mamie frappe de ses bâtons dans une caisse à musique en s'avançant dans la pièce. Elle laisse tomber son instrument pour tirer les rideaux et ouvrir les fenêtres en ricanant. Ses rires me hanteront toute ma vie.

Et je réalise alors une chose. Elle n'est pas venue seule. Je vais m'évanouir. Hyper ventilation. Malaise. Je tombe dans les pommes.

Eros s'avance, les mains dans les poches et m'observe d'un œil curieux. Je réalise alors pleinement deux choses.

La première, c'est que mon débardeur ne couvre pas grand chose, il faut se l'avouer.

La deuxième, c'est qu'Eros est dans ma chambre.

Mamie m'attrape le visage brusquement et je grimace.

— Tu as une terrible mine, ma petite. Tu t'es couchée trop tard. Tu as rêvé du bel apollon dans mon dos, c'est ça ?

Eros hausse un sourcil, intrigué et moi, je me mets à rougir comme une idiote.

Pour dire vrai... Non, je n'ai pas rêvé de lui cette nuit. J'ai peut-être pensé un petit peu à lui avant de m'endormir mais rien de plus.

— Je... Quelle heure est-il ?

— Sept heures tapantes ! Et Eros est aussi frais qu'un pamplemousse, lui. Allez, on se remue le popotin, jeune fille ! Si vous n'êtes pas sur la plage d'ici trente minutes, je vous botte le derrière !

Et elle s'en va en riant. La porte claque derrière elle, mais pas derrière Eros. Est-ce qu'il compte rester ici, à me dévisager de la sorte ? Il faut croire.

Je repousse les draps pour m'assoir au bord du lit. Je suis exténuée, j'ai le ventre en compote et absolument pas envie de faire ces dix tours de plage.

— Tu veux que je te prépare quelque chose ?

Je lève la tête. Et je fronce les sourcils.

— Comment ça ?

Il hausse les épaules.

— Café, thé ?

— Tu sais faire ça, toi ?

Je me lève. Et mes yeux ne quittent pas les siens. Étonnamment, il ne détourne pas le regard. Il se montre trop poli et respecteux pour l'être réellement. Je suis sûre qu'il cache quelque chose. Du type un cadavre sous son lit.

— Je ne suis pas infirme, réplique-t-il, faisant mine d'être vexé.

— C'est juste que, d'ordinaire, les membres royaux ordonnent aux domestiques de faire pour eux.

— Alors tu n'as jamais fait toi-même ton thé ?

Je hausse les épaules à mon tour. Je me sens ridicule dans mon short. J'aurais presque envie d'enfiler une combinaison pour me cacher.

Heureusement, Eros ne détourne pas les yeux des miens.

— Cela ne m'a jamais paru nécessaire de le préparer moi-même.

— Ce n'est pas si compliqué pourtant. Viens, je vais te montrer.

Va-t-il vraiment me montrer comment faire un thé ? Je dois paraître idiote à ses yeux. Je voudrais presque m'enterrer là, maintenant.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Where stories live. Discover now