Chapitre 13

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Il me dévisage pendant un temps indéfini. Je sens mes jambes qui tremblent et la douleur revient à la charge, elle s'imprime dans mon esprit, me fait subir la réalité qu'est la vie. J'ai du mal à respirer, à même penser correctement, je sens mes muscles se contracter violemment alors que je suis à deux doigts de fondre en larmes. C'est donc de cette façon que je serai perçue toute ma vie. Fragile et faible.

Mais Eros comble la distance et je ne réalise pas tout de suite ce qu'il se passe. Ses bras se referment autour de moi et je sens son odeur si pleinement pour la première fois que je suis à deux doigts de chavirer. Je me niche contre lui, ma tête reposant contre son torse, et les larmes dégringolent à vitesse grand V. J'entends son cœur qui bat fort, et je me dis qu'il doit sûrement entendre le mien complètement brisé.

Je voudrais que ce moment soit éternel.
Je voudrais noyer ma peine dans ses bras pour toujours.

Cinq bonnes minutes s'écoulent. S'il ne me lâche pas maintenant, je vais finir par tomber amoureuse.

Mes pleurs se calment et je l'entends murmurer :

— Je suis désolé, Arynn.

Je suis la première à reculer. Pour autant, il me maintient par les épaules comme s'il avait peur que je tombe. Je dois avoir les yeux complètement rougis. Je suis sûre que je fais peur à voir.

— Tu veux m'en parler ?

Je hoche la tête. Il s'assoit alors sur le sable, face à la mer, et je le rejoins. Nous ne sommes pas assez proches pour nous toucher, mais je le suis suffisamment pour sentir son odeur.

Il ne me brusque pas. Il attend patiemment que je fasse le premier pas vers lui. Alors je prends un bon coup ma respiration et avoue :

— J'ai reçu une lettre tout à l'heure. Ander m'a écrit et il disait que... Ma mère va mal depuis quelques temps, quelques mois pour être plus précis. Mon frère a fait venir un médecin et... Je crois qu'ils ne savent pas ce qu'elle a. Mais elle a du mal à respirer et son état empire de jour en jour...

— Tu aurais dû en parler à quelqu'un, Arynn, souffle Eros. À Bianca ou même à moi.

— Je ne te connais même pas.

— Pas besoin de connaître les gens pour se confier, réplique-t-il en me donnant un coup de coude.

— Bien sûr que si ! Je n'irais jamais te déballer toute ma vie. Encore moins à un inconnu.

— Raconte-moi un secret.

— Pourquoi je ferais ça ?

— Pourquoi pas ?

— Tu réponds toujours aux questions par des questions ? je m'agace faussement en levant les yeux au ciel.

— Pas toi ?

Je lui donne une tape en riant. Ses yeux s'illuminent quand il me voit rire et mon cœur s'emballe, mais plus sous l'effet de l'alcool. Je déglutis, me reprends en réfléchissant à un secret qui anime mon existence. Des secrets, je n'en ai pas des tas. Il y en a sûrement un seul, mais je ne lui dirais jamais. Plutôt mourir que de lui confier ça.

— Dis-moi d'abord un secret et je te dirai le mien ensuite.

Il hausse un sourcil, sûrement parce qu'il ne me croit pas, et se confie :

— Je déteste les épinards. Et cela fait bientôt vingt-trois ans que je cache ça.

J'éclate de rire et cette fois-ci, je le vois sourire. Et Dieu sait qu'il est beau.

— Ce n'est pas un secret ! je m'exclame, les joues rouges.

— Très bien, un autre, je suppose.

Il fait mine de réfléchir avant de lâcher :

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 4Where stories live. Discover now