𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑: Grande famille.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀


𝖮'𝖡𝗅𝗈𝖼𝗄, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
𝟣𝟤 𝗌𝖾𝗉𝗍𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

    La nuit est tombée sur Chicago. Comme à son habitude, le quartier est animé par les festivités. En bas du bâtiment, les plus grands surveillent les plus jeunes, qui jouent encore dans le square délabré du coin. Je jette un coup d'œil par la fenêtre toutes les cinq minutes au moins, tout en m'occupant des enfants qui sont encore trop petits pour jouer à l'extérieur.

    — Shasha, m'interpelle Kenan, l'un d'entre eux. Tu peux venir avec moi ? S'il te plaîttttt !

    Kenan, seulement âgé de cinq ans, sait déjà manipuler son monde avec une technique infaillible : les yeux doux. Et avec moi, ça marche toujours. Tout en berçant la petite Jenna sur ma hanche, je ricane en donnant un coup de menton dans sa direction.

    — Qu'est-ce que tu veux faire ? lui demandé-je. Je suis en train de m'occuper de ta petite sœur.

    En réalité, Jenna dort à poings fermés, la tête délicatement posée sur ma poitrine. Sa tétine pend, accrochée à son teeshirt à l'effigie de la Princesse et la Grenouille. Je fonds en découvrant que ses petits doigts potelés se sont naturellement accrochés à mon décolleté. À force de persévérance, elle s'est enfin endormie. Je veux à tout prix qu'elle continue.

    Finalement, Kenan tire la tête en faisant demi-tour vers ses copains. Hakeem et Dalya sont en train de construire une pyramide à l'aide des dominos que je leur ai donnés. Mais je remarque que Kélya, la jumelle de Dalya, en fourre un dans sa bouche. En paniquant, je me dépêche d'arriver à leur niveau, et me baisse à sa hauteur, lentement pour ne pas réveiller le bébé dans mes bras. Je lui retire l'objet de la bouche.

    — Kélya, ne fais pas ça, la réprimandé-je. Tu veux mourir ? Je ne crois pas. Alors ne mange pas les dominos.

    Bien sûr, ses petits yeux marrons se remplissent de larmes. Je soupire, en mettant rapidement mon doigt devant mes lèvres, pour éviter un carnage.

    — Tu ne vas pas mourir ! me repris-je. T'inquiète pas. Je suis là. OK ?

    La douceur que j'essaye de mettre dans ma voix semble réussir à calmer la future crise qui se préparait. Je ferme les yeux de soulagement. Mais bientôt, la porte d'entrée s'ouvre sur les mamans de ces petits monstres, qui débarquent en ricanant.

    Jenna se réveille dans un sanglot très bruyant.

    — Ma petite fille, mais non ne pleure pas ! Maman est là !

    Yvonne se précipite jusqu'à moi, en enjambant presque les enfants, pour attraper sa fille qui s'accroche désespérément à elle. Je la lui cède dans un sourire qui se veut agréable, même si la fatigue accumulée de ces derniers jours me donne envie de hurler.

— Salut ma chérie. Ça va ? enchaîne-t-elle en me faisant la bise.

Je lui tends ma joue. Les pleurs de la petite se calment peu à peu.

— Oui et toi ? Jenna a bien dormi. Et Kenan a été sage.

— Ça va. Il avait intérêt, celui-là.

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