𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖: Dans la cour des grands.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀


𝖶𝗈𝗈𝖽𝗅𝖺𝗐𝗇, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
𝟣𝟪 𝗌𝖾𝗉𝗍𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

La nuit est déjà si profondément tombée que les seuls reflets dans cette chambre exiguë sont ceux de la lune. Mes yeux s'ouvrent à moitié, justement dérangés par ceux-ci. Je me redresse sur le matelas, pour tenter d'observer ce qui m'entoure. Je suis arrivée dans cet endroit probablement deux ou trois heures auparavant, avec Nikola et son équipe.

Trop choquée et fatiguée par les événements, je ne me suis même pas préoccupée d'où nous étions. J'avais juste besoin de repos. Et le malfrat m'a conduit dans cette chambre, me proposant le matelas au sol comme solution pour mon sommeil. Malgré les conditions peu favorables, j'ai dormi comme un bébé, me réveillant seulement à cause d'un cauchemar. Nikola n'est évidemment pas là. Ni lui, ni personne d'autre.

La seule chose que je sais, c'est que nous sommes plus ou moins loin d'O'Block. Après avoir semé nos poursuivants, je n'ai pas arrêté de conduire, suivant les instructions de mon copilote. Et maintenant, me voilà ici. Seule, sans mon frère, complètement à l'ouest. Sans oublier la peur qui ne me quitte pas. C'est atroce. J'ai l'impression que rien ne peut calmer les tremblements de mes membres.

En fouillant mes poches, je retrouve mon téléphone. Parfait. J'ignore tous les appels manqués, et consulte mes messages. Je préviens Tony que je vais bien, et lui demande si c'est son cas également. Puis je me réfugie sur Google Maps, pour connaître la position exacte de notre emplacement. Malgré le manque de connection, je finis par trouver l'adresse ; nous sommes au centre du quartier de Woodlawn, toujours à Chicago.

Dans la pièce d'à côté, j'entends des voix masculines échanger. Je crois reconnaître celle de Nikola, même si je n'en suis pas sûre. Je me lève, pour tendre un peu plus l'oreille, et découvrir vraiment cette chambre. Elle est très simple ; une lampe, éteinte, est dans le coin de la pièce, près d'un canapé vert olive. Et il y a le matelas, évidemment, dressé devant la fenêtre.

    Je m'y penche un instant, découvrant une impasse vide et silencieuse. Un autre bâtiment se découvre. Au moment où je comptais ouvrir la fenêtre, les voix redoublent. Je me concentre là-dessus, me demandant de quoi il en retourne. J'ai certainement ma place, là-bas. Après tout, j'ai été presque extraite d'O'Block, en compagnie d'un chef de gang et de son équipe. J'ai le droit de savoir ce qui m'attend maintenant.

    C'est pourquoi je décide de quitter la chambre, sur la pointe des pieds. La porte est entrouverte, et je vois les lumières tamisées, ainsi que de multiples silhouettes réunies. Je remarque aussi ma paire de baskets, près de la porte, en ayant oublié le souvenir de les avoir retiré. En tout cas, je suis en chaussettes, et je porte toujours mon jogging et ma veste. Tant mieux. Je ne sais pas sur qui je vais tomber, de l'autre côté.

— On parle des Latins Kings, quand même. C'est pas n'importe qui, Nik.

— Et alors, C. J. ? Hein ? On n'est pas n'importe qui non plus.

Le plus discrètement possible, j'avance dans le salon. La scène que je découvre me fait un peu penser à celle que j'ai vue, quand je suis venue régler mes comptes avec le malfrat, dans son propre appartement. Il est assis sur un canapé, avec trois autres hommes — dont celui à qui il vient de s'adresser —, tous quatre entourés de monde. Ils gravitent autour d'eux.

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