𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖: Calme avant la tempête.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀


𝖶𝗈𝗈𝖽𝗅𝖺𝗐𝗇, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
𝟤𝟩 𝗌𝖾𝗉𝗍𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

    Ce jour-là fut calme.

À la propriété de Benito Jimenez, je ne remarquais personne tellement l'ambiance était calme, presque relaxante. Ça change pas mal de la tension dévorante qui nous plaçait tous sur le qui-vive, dans les appartements de Woodlawn. Si on ferme les yeux sur les mitraillettes des hommes de main du chef de La Raza, on pourrait imaginer qu'on se prélasse dans la villa d'un milliardaire.

Et il n'y a pas qu'à moi que ça fait plaisir, si j'en crois le sourire de Miles. Allongé sur un transat, ce dernier laisse les timides rayons de soleil lui dorer le crâne. Même s'il ne fait pas très chaud, ça fait du bien. J'en témoigne, assise sur le transat d'à côté, en train de l'observer. Miles ne doit pas aller au-delà des vingt ans. Je dois avoir maximum deux ans plus que lui ; mais au moins, moi, je suis majeure.

Nous sommes jeunes. Trop jeunes pour fréquenter ce milieu. Ou peut-être pas, dans le fond. Il n'y a pas d'âge. Personne ne devrait mettre les pieds dans des affaires comme celles-ci.

    — En fait, on n'a jamais vraiment parlé toi et moi ?

    Miles ouvre les yeux, pour me jeter un coup d'œil furtif. Il hausse les épaules.

    — On n'a pas besoin de ça pour se rapprocher de quelqu'un, rétorque-t-il. On a traversé une épreuve similaire, Shanna. Et sur les ordres de Roy, je dois veiller sur toi. Alors, dans le fond, on parle déjà.

    — Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

    Il soupire, puis finit par se redresser. J'observe ses iris noisette se baigner d'un délicat sentiment.

    — Je sais que tu mets les céréales avant le lait, je sais que tu détestes qu'il pleuve, je sais que tu deviens folle dès que tu vois un chat, je sais que t'adores les fruits, liste-t-il. Et je sais aussi que t'es la fille de Thomas Ricci, que tu sais te battre et tirer, que Roy serait prêt à prendre une bastos pour toi pour je ne sais quelle raison, et je sais aussi que tu travaillais presque tous les soirs au O'Dinner, avant que Trevor ne...

    Mon ami s'interrompt lui-même. Ses yeux se ferment naturellement, alors qu'il retient son souffle. J'aperçois toute sa douleur en une seconde. Je sais que sa mort l'a touché plus que tout, mais je ne savais pas encore à quel point. Maintenant, je vois. Il ne s'en est pas remis. En me détournant, je m'allonge à mon tour sur le transat.

— Parle-moi de lui.

Au début, le silence me répond. Puis, lentement, Miles se laisser aller.

— T'as peut-être pas des bons souvenirs de Trevor, parce qu'il se prenait pour un roi quand il était au O'Dinner, ricane-t-il. Mais il était pas comme ça en vrai. Tu sais qui c'était, sa mère ? Judith Clay.

    À l'entente de ce nom, mon cœur en prend un coup. Judith Clay a un cancer. De ce que m'ont dit les mamans, la sécurité sociale ne remboursait même plus son traitement. De toute façon, elle n'a pas de quoi le payer.

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