𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟓: Destruction d'un empire.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀

𝖮'𝖡𝗅𝗈𝖼𝗄, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
23 𝗈𝖼𝗍𝗈𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

En effet, je suis le genre de surprise qu'on n'attend pas dans un entrepôt désaffecté, en plein Chicago, et en plein territoire ennemi. Mais quand j'ai su que Nikola ne prévoyait pas de me laisser faire partie de ses rangs, j'ai décidé que j'allais forcer le destin. Surtout quand Bambi m'a fait comprendre qu'il s'était lancé seul dans une mission suicide, ce matin. Grâce aux informations qu'elle a eues de son mari, Bambi m'a donnée l'adresse de l'entrepôt. Et Miles m'y a accompagné. Même s'il n'était pas tellement d'accord au début, il a fini par s'y faire. De toute façon, je gagne tout le temps.

Ou presque.

— Drapeau blanc, déclare Soledad. Je veux parler.

   Si ça ne tenait qu'à moi, je dirais que cette phrase est malvenue. Mais je suppose qu'avant de se tuer, il vaut mieux parler. Ça me perturbe de voir Luis Soledad en vrai, après avoir tant entendu des choses à son égard. Il paraît moins impressionnant maintenant que je le vois. Sans son statut, il ressemble à un homme lambda, apeuré par la mort imminente qu'il va avoir à affronter.

— Roy. Je sais qu'on s'est pas mal chamaillés, ces derniers temps, mais...

Je sais que Nikola m'a remarqué. Son regard stressé passe de Soledad à moi, avant de se fixer sur son ennemi.

— Chamaillés ? répète-t-il. Tu as tué mes hommes. Trevor avait à peine dix huit ans. T'as voulu tuer ma femme. Et t'as tué C. J. par le biais de l'un de mes propres frères ! J'appelle pas ça chamaillés, moi !

Le mot femme me fait lever les yeux. Cachée dans l'obscurité, j'écoute l'échange houleux qui rythme les deux hommes. Luis hoche la tête, concédant cette vérité qui vient d'être énoncée.

— Certes, déclare-t-il. Mais quand on y pense bien, c'est pas moi qui ait tué C. J. C'est Corey. Et je ne l'ai forcé à rien. À moins qu'il t'ait raconté des bobards ?

Luis essaye de mettre toutes les chances de son côté, pour éviter la mort. Je ne sais pas pourquoi Nikola attend autant. Peut-être que se retrouver face à l'ennemi qui nous traque depuis toujours, aux portes de la victoire, est assez intimidant. Peut être aussi qu'il veut prendre son temps. Le faire souffrir.

— Il m'a déjà tout raconté. Juste avant de mourir.

Pour ponctuer ses propos, Nikola déclenche la sécurité de son arme. Moi, je possède la sienne, celle en or. Qu'il m'a donnée depuis le début. Il me jette un discret coup d'œil dans le miroir, comme pour s'assurer que je le suis. J'hoche la tête. Je ne ferais rien tant qu'il ne le dira pas. Ce n'est pas mon combat.

— Parle-moi de Wells, dit Nikola. Qu'est-ce qu'ils foutent là ? Et pourquoi tu leur as fais confiance alors que vos derniers échanges étaient pas très cordiaux ?

Wells ? Je n'ai pas tout bien compris. Il est apparement mêlé à cette rencontre d'aujourd'hui. Mais qui est cet homme dont le nom est sur toutes les lèvres ?

— Wells, reprend Luis. Ce fumier. Il ne nous lâche pas, la MS-13 et moi-même, depuis que son frère a été buté par le cartel mexicain. C'est pour ça qu'ils sont pieds et poings liés depuis le début de la guerre. Ils ne veulent pas l'avoir sur les côtes, ce que je comprends.

Soledad gagne du temps. Je ne comprends pas pourquoi. Il sait que Nikola ne lui laissera pas la vie sauve, alors pourquoi donner ces informations ? Il doit sûrement espérer que ses collègues interviennent.

— Mais moi, je pensais qu'il ne m'aurait pas dans son viseur. J'ai rien fait à son frère, et même si j'ai pris partie pour la MS-13, Willem lui-même avait dit que cette histoire appartenait au passé lors de cette soirée. Mais...

— Dépêche-toi de parler ! lui ordonne Nikola en se rapprochant, l'arme braquée sur lui.

J'avance un peu plus, peu rassurée. Luis acquiesce.

— C'est bon, c'est bon. Il y a quelques jours, il m'a appelé. Lui-même. Avec... avec tes putain d'attaques, j'étais à sec, niveau cargaison. Et il m'a proposé de m'en faire une. J'aurais du me douter que c'était faux. Mais quand t'es à terre, tu sautes sur tout ce qui peut te sauver.

C'est justement ce qui m'inquiète. Parce qu'en ce moment, c'est comme s'il était à terre.

— Et il m'a dupé. Ce fils de pute m'a entubé, et toi... t'étais au courant ? Je suppose ?

Nikola ne répond pas. Mais je sais qu'il ne l'était pas. Ça se voit sur son visage.

— Bon, c'est bon. J'en ai rien à foutre, tu dis rien qui m'intéresse, réplique-t-il. Tu veux juste gagner du temps.

Enfin. Mais une nouvelle fois, Luis l'interrompt dans son geste.

— Willem... tu sais pas à qui t'as à faire. C'est... c'est un autre monde. Pire que les cartels.

Le boss des Black Disciples baisse sa garde. La mienne, remontée entièrement, remarque quelque chose qu'il ne voit pas. Luis a une deuxième arme.

— NIKOLA ! ATTENTION ! hurlé-je en réunissant tout l'air de mes poumons.

    La cible de Soledad change soudainement. Je ne sais plus ce qui se passe, excepté le fait que je suis dans les bras de Nikola. La seconde d'après, d'autres coups de feu résonnent. Mes yeux ne lâchent pas les siens, terrifiés. Le monde est plus léger. Tellement que mon corps ne tient plus debout. Ma respiration se fait courte, alors qu'il hurle quelque chose que je comprends à peine. Bientôt, ma tête est posée contre le sol froid, avant que la main de Nikola ne fasse office de coussin. Soledad est maîtrisé par d'autres personnes, mais je n'arrive pas à saisir leurs visages flous.

    — Sha, souffle Nikola. Non. Non. Garde les yeux ouverts.

   J'essaye, pour pouvoir le regarder. Imprégner chaque trait de son visage, dans mon esprit destiné à bientôt s'échapper. Ma poitrine est imbibée de sang. J'en crache des grosses quantités. C'est ma gorge, je crois, qui est touchée. Nikola hurle, tape dans le sol, démuni. Il sait, il a compris.

   Peut-être que je pourrais revoir C. J. et qu'il me parlera de pandas.

   — Je t'aime, lâche-t-il. Pars pas. C'est un ordre.

   Malheureusement, je n'arrive pas à tenir. J'entends des choses. J'entends qu'on me porte, qu'on me manipule. Mais mes yeux se ferment. Le visage de Nikola apparaît puis disparaît. Je pars, mais je suis heureuse. Peut-être que c'était la meilleure solution, pour ne pas trop entacher mon humanité.

   Je pars, en gardant en tête Bambi et son enfant Rahim.

   Je pars, en gardant en tête Miles et ses douleurs indélébiles.

   Je pars, en gardant en tête La Raza et les Black Disciples, ma deuxième famille.

   Je pars, en gardant en tête Tony, et en me rassurant car sa déception n'aura pu être que temporaire.

  Je pars en gardant en tête nos morts, et nos vivants.

   Et quand mes yeux se ferment, je pars en gardant en tête que Nikola m'a aimée, au moins pendant une seconde.

...

J'ai pas tellement le cœur de faire une note pour ce dernier chapitre 🤐

Mais ne m'en voulez pas, si vous êtes surpris c'est que vous aviez pas fait assez attention aux indices 🗣️

L'épilogue va suivre, j'espère que vous pourriez l'apprécier 👀

rest in peace to my beloved character Shanna Ricci 🕊️

à tout de suite pour l'épilogue 🫶🏾

kehls, x. 🖤

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