𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟐: Instinct de survie.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀


𝖶𝗈𝗈𝖽𝗅𝖺𝗐𝗇, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
𝟪 𝗈𝖼𝗍𝗈𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

Mon cœur bat la chamade comme jamais auparavant. La main de Bambi broie la mienne, tandis que nous nous sommes réfugiées sous les tables. Les tirs fusent. Bambi hurle, en passant la main sur son ventre qu'elle semble vouloir protéger plus que tout. Ses yeux sont révulsés par la peur. Et même si la situation m'est malheureusement familière, je n'arrive pas à garder mon calme et assurer. Parce que cette fois-ci, Bambi est là. Cette fois-ci, elle est innocente, et porte un bébé.

Elle a déjà perdu. Moi aussi. Il est hors de question que cette journée ne devienne à nouveau un drame pour nos cœurs martyrisés.

— Bambi, soufflé-je. Respire. Et me lâche pas.

   Rapidement, mes doigts saisissent l'arme dont Nikola m'a fait don. Je ne perds pas une seconde et la charge, sous les suppliques de Bambi. Elle a peur, et ça se voit. Pourtant, elle est dans ce milieu depuis des années. Elle connaît les risques, elle les connaissait quand elle a épousé Benito. Sa peur n'est pas visée à elle ou moi. Sa peur est engendrée par le petit bout qui pousse dans son ventre. Et le doute me fait perdre pieds, car je ressens cette même peur, au fond de mon cœur, pour ce fœtus que je ne connais même pas.

Ces derniers temps, tout se chamboule en moi. J'ai l'impression de sombrer dans ce monde, de devenir aussi corrompue que ceux que je critiquais. Ma ressemblance avec mon père m'effraie.

— Me lâche pas, répété-je. Je tiens pour toi.

   La table sur laquelle nous discutions de la famille Wells et de la guerre actuelle finit au sol, renversée par mes soins. J'observe Bambi, qui agit sans réfléchir en restant cachée derrière cette table. L'arrière de mon crâne s'y plaque également, l'arme entre mes ongles rongés. Le souffle court, mes yeux tombent dans des prunelles obscures, traversées par l'angoisse.

   Celles de Nikola.

   Mon cœur vrille quand je remarque que rien ne les protège, Benito et lui. Si ce n'est ce comptoir, derrière lequel ils se dressent, tirant non pas au hasard, mais avec une précision quasiment parfaite. Et Nikola ne dit rien, mais je comprends. Alors, les hurlements deviennent inaudibles. La peur meurt peu à peu. Je n'ai en tête que ses gestes, que son affection qu'il a tue pendant des années.

   Au plein milieu de ce chaos, je réalise quelque chose d'important. Je réalise que son affection était bien réciproque. Et qu'il s'agit de bien plus qu'une affection.

   Nikola fait un signe. Je m'exécute.

   — Bambi, on va bouger. Mets toi devant moi, j'assure nos arrières.

   — Quoi ? rétorque-t-elle. Mais où ?! Qu'est-ce-...

   — LÀ ! hurle Nikola, en montrant la porte qui mène sûrement aux cuisines. DÉPÊCHEZ VOUS!

   Mon pouls s'épuise. Rapidement, Bambi rampe comme elle peut, handicapée par son ventre. Mais mutée par l'adrénaline, elle le fait. Je m'active aussitôt derrière elle, le pistolet braqué vers ces gigantesques fenêtres brisées par les tirs incessants. Mais je n'ai pas besoin de presser la détente, parce que Benito et Nikola le font à ma place. Nous avançons malgré les éclats. Nos peaux s'écorchent, mais le bébé. Le bébé doit respirer encore. Sinon, aucun de nous ne survivra à cette attaque.

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