• CHAPITRE SOIXANTE-SEIZE •

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–A–

— Oh mio Dio ! Pizzicami, sto sognando ! [Oh mon Dieu ! Pincez-moi, je rêve !]

Marco lâche la casserole qu'il tenait entre les mains, surpris de voir mon visage dans sa cuisine. Il se jette littéralement sur moi et m'embrasse si fort que je ne suis pas certaine que mes joues y survivront. Je le laisse me faire virevolter sur moi-même pour m'examiner, mais il est tellement excité de me voir qu'il finit par me donner le tournis.

— Marco !

— La mia farfalla ! [Mon papillon !]

Il me sert une nouvelle fois dans ses bras et mon cœur est prêt à éclater de reconnaissance et d'affection pour lui.

— Tu vas reprendre ton poste ? demande-t-il, la voix pleine d'entrain.

Face à mon sourire qui s'efface, les rouages de son cerveau semblent se mettre à tourner à vive allure.

— Si c'est Diana, je peux lui parler moi, elle m'écoutera ! Si elle ne le fait pas, je...

— Calme-toi Marco, Diana m'a proposé de revenir.

— Ah !

— Mais j'ai refusé son offre.

— Comment ça ?

L'incompréhension totale se lit sur son visage.

— Je ne peux plus travailler ici.

— Pourquoi ?

C'est une excellente question, car après tout, j'ai besoin d'un emploi et Diana m'offre de récupérer le mien sur un plateau d'argent. Mais quelque chose me retient d'accepter. Je ne saurais dire si c'est parce que j'ai décidé de prendre un nouveau départ ou si c'est parce que ce lieu me rappelle beaucoup trop de choses.

— C'est ridicule ! s'agace-t-il en me tirant brutalement hors de mes pensées.

— Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne nous verrons plus.

— Ce n'est pas pareil et tu le sais ! Tu as trouvé mieux ailleurs, c'est ça ?

— Bien sûr que non, Marco ! je ris. Comment pourrais-je trouver mieux ?

— Alors, reviens ! Nous sommes une famille.

— C'est... compliqué.

Il ne dit rien l'espace d'un instant et je fais mine de m'intéresser au contenu de son plan de travail.

— C'est à cause d'un homme, hein ?

Je relâche la pomme de terre dont je détaillais les petites rainures.

— J'ai surtout besoin de prendre le temps de me redécouvrir.

Bravo Pinocchio...

— Et l'école de danse ?

Outch !

— Ce n'est pas ma priorité du moment.

Les mots m'écorchent la bouche, car je sais qu'au fond je n'en ai pas encore fait le deuil entièrement. Ce rêve est brisé, mais son souvenir est toujours présent.

— Ne raconte pas de sottise ! me dit-il en me claquant l'arrière de la tête.

— Aïe Marco ! je m'offusque.

— Ça t'apprendra à dire des conneries pareilles.

Nous nous observons un moment avant d'éclater de rire.

— Tu m'avais manqué, Marco.

— Toi aussi Angy, toi aussi, me répond-il la voix légèrement voilée. Allez, installe-toi, je vais te servir un bon petit plat.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant