• CHAPITRE QUATRE-VINGT-ONZE •

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– A –

— Voilà ton chevalier sur son armure étincelante, raille Monsieur Bleu Acier.

— Comment fais-tu pour passer de l'homme soucieux au connard notoire en un simple claquement de doigts ?

— C'est un art que j'ai perfectionné avec le temps.

Il croise les bras et même si l'envie de lui faire ravaler son ironie me démange, je me contente d'ouvrir la porte en lui lançant un regard noir.

— Alec ? je m'étonne.

— Il y a quelqu'un pour toi.

— Pour moi ?

— Précisément.

— Qui ?

— La frigide, sourit-il en fixant Hayden derrière mon épaule.

Je jette un coup d'œil en direction de Monsieur Bleu Acier dont le visage est aussi dur et impénétrable que le marbre. Je me rassure en me disant qu'il ne peut pas deviner de qui parle Alec, mais mon cerveau se met à tourner à une vitesse surprenante. Même si je ne porte pas Stella dans mon cœur et que l'idée que son frère lui remette les pendules à l'heure soit tentante, il est complètement exclu que ces deux-là se croisent ce soir. Je peine déjà à gérer l'animosité entre Evan et Hayden, impossible de m'occuper de la tension qu'il y a entre Stella et... et tout le monde, en réalité. 

— Où est Evan ? je demande.

— James. J'ai jugé qu'il serait mieux que ce soit lui qui s'en charge. Il avait besoin d'air ainsi que d'un exutoire pour évacuer cette montée de... testostérone, articule-t-il en fixant Monsieur Bleu Acier.

Qui pourrait le blâmer de soutenir son frère ? Contrairement à la relation d'Hayden avec Aaron, celle entre Evan et Alec est saine. Et même si ce dernier aime bien s'amuser de tout, il sait retrouver son sérieux lorsqu'il s'agit de défendre les siens.

— Avec tout ce monde en bas, je ne trouve pas cette idée brillante, je soupire.

— Aurais-tu préféré qu'il reste ici avec vous deux ?

Clairement pas, non ! Evan a beau pratiquer un sport de combat à haut niveau, il a face à lui un homme qui en exerce deux dans le simple but de canaliser une énergie dévastatrice qui est prête à exploser à n'importe quel moment. Je glisse un regard à la dérobé à Monsieur Bleu Acier et son sourire moqueur suggère qu'il a tiré exactement la même conclusion que la mienne.

— Alors partante pour cette petite réunion de famille ?

Mer-de! J'ai envie d'étrangler Alec.

— Oui, Monsieur Knight, invitez donc Stella à se joindre à nous, répond calmement Hayden.

Je retire ce que j'ai dit. Il ne lui a pas fallu plus d'une seconde pour comprendre de qui parlait Alec.

— Est-ce un concours d'idées stupides ce soir ? je demande.

— Nous avons scellé un accord, il me semble. Je ne te tiens pas à l'écart et tu me laisses le champ libre. Tu sais très bien que j'honorerai ma part du marché alors je t'invite à en faire autant.

— Ce n'est pas à vous que j'ai posé la question, intervient Alec.

— Votre palier est situé dans ce que l'on appelle plus couramment les parties communes. Ne vous faites donc pas de nœuds au cerveau, je m'entretiendrai avec elle hors de chez vous.

Il fait un pas en avant, mais je l'arrête dans sa lancée.

— Certes, j'ai toujours rêvé d'être à l'affiche de grandes représentations... mais certainement pas de faire de ma vie un spectacle ambulant ! je lâche entre mes dents serrées. Donc ce sera à l'abri des oreilles et des yeux qui traînent dans le coin en ce moment.

BALLERINAWhere stories live. Discover now