• CHAPITRE TREIZE •

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— A —

Je tourne aussi discrètement que possible la clé pour ne pas réveiller Alec qui doit probablement dormir à poings fermés derrière. J'ai à peine le temps de faire un tour qu'elle s'ouvre.

— Bons...

— Angy, à quoi te sert ton téléphone ?

Mon téléphone! J'ai un électrochoc quand j'entends Evan prononcer ce mot. Dans ma précipitation à partir de chez Monsieur bleu acier, j'ai oublié de récupérer mon portable que j'ai posé sur une console près du Lady Blunt.

— Ça sonne dans le vide depuis des lustres ! 

Génial... N'étant pas très habile pour faire amende honorable, je décide de faire la seule chose que je maîtrise le mieux : attaquer en retour.

— Il me semble que tu n'as pas imposé un compte rendu exact de mes faits et gestes dans les clauses du bail.

Son visage se ferme amèrement et je sais au fond de moi que je suis allée beaucoup trop loin avec cette réflexion qui n'a pas d'autre objectif que de le blesser.

— C'est tout ce que tu as à me dire alors que je prends racine ici comme un idiot depuis des heures ?

— Oui Evan, c'est tout.

Je hais ma bouche qui ne sait pas se taire quand il le faut. C'est absurde, je ne vais pas me quereller avec lui à cause de mon planning. Je suis une adulte et je suis libre de faire ce que bon me semble. Bien qu'Evan ne soit pas mon conjoint et que je n'ai trompé personne, je me force tout de même à faire machine arrière car il n'est pas n'importe qui non plus. Pendant une longue période, je n'ai eu que lui à New York pour m'épauler. Il ne mérite pas que je passe mes nerfs sur lui. Puisque c'est bien de ça qu'il s'agit au fond. Je suis en train de lui faire payer les erreurs d'un autre.

— Où est ton frère ? je demande à brûle-pourpoint.

Mon changement de sujet n'est pas subtil, mais il fait comme si de rien n'était.

— Il a dormi dans mon lit afin que je puisse t'attendre dans le salon.

— Écoute... je suis vraiment désolée que tu te sois fait du souci et je le suis encore plus de ma réaction en vrai. Je suis fatiguée et mes émotions sont sens dessus dessous depuis des jours.

— Bonne nuit Angy.

Son timbre de voix semble si résigné que mon cœur se serre tristement.

— À toi également.

Je marche sans me retourner jusqu'à ma chambre et je ne m'autorise à respirer que lorsque la porte est soigneusement fermée derrière moi. Je sais qu'il a dû se faire du souci en ne me voyant pas rentrer après la fermeture du restaurant et au lieu de lui en être reconnaissante je lui ai sauté dessus sans raison. Il est celui qui a tout mis en œuvre pour que je puisse réaliser mon rêve et c'est l'une des seules personnes qui se préoccupe de mon sort dans cette ville. Parfois, je me dis qu'il ne mérite pas une amie aussi ingrate que moi.

***

Tel un zombie, je déambule dans l'appartement jusqu'à la cuisine pour aller me préparer un petit déjeuner. Je suis d'une humeur massacrante. Ma nuit a été exécrable et pour cause mes rêves ont été marqués par l'apparition d'yeux bleus qui me fixaient partout où j'allais. J'ai la tête d'une personne qui vient tout juste de rentrer de soirée. Mes cheveux sont ébouriffés, mes paupières gonflées au maximum et ma mine est entièrement défaite. J'ai besoin d'une bonne grosse tasse de café avant d'entamer cette nouvelle journée. J'ai comme mission de trouver des cadeaux pour les garçons et je suis bien contente d'avoir mon samedi de par les fermetures du club et du restaurant pour le weekend. J'attache ma tignasse à la hâte et je me sers mon café. Fraîchement douché, Alec se matérialise près de moi avec une serviette autour de la taille pour seul vêtement. Il s'installe et s'empare de ma tasse sans même me demander la permission.

BALLERINADonde viven las historias. Descúbrelo ahora