• CHAPITRE CINQUANTE QUATRE •

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— A —

Je suis submergée par toutes ces informations. Je m'attendais à tout, sauf à ça... Ses aveux ne justifient en rien son débordement de violence de la veille, mais je le comprends un peu mieux maintenant. Fuir semble être la décision la plus sage, mais quelque chose me retient farouchement. Peut-être la franchise et la vulnérabilité dont il a fait preuve en me révélant tout cela. Je n'aurais jamais pensé qu'il y avait tant de souffrance cachée sous sa carapace... Une multitude de sentiments contradictoires m'envahit. D'un côté, je suis furieuse et blessée par son comportement, mais de l'autre, je ressens de la compassion pour lui. Pour autant, si je décide de rester, je ne suis pas certaine d'être prête à affronter tout ce que cela implique.

Monsieur bleu acier revient une petite demi-heure plus tard, les mains chargées d'un plateau de nourriture. Je n'ai pas particulièrement faim, mais je suppose que c'est sa façon de vérifier que je n'ai pas pris mes jambes à mon cou.

— Puis-je ? demande-t-il.

— Tu es ici chez toi.

Il hoche la tête avec un sourire presque timide sur les lèvres et dépose le plateau sur une console. À ma grande surprise, il ne quitte pas la pièce et vient naturellement s'allonger à côté de moi dans le lit. Il croise les bras derrière sa nuque avant de se lancer dans une profonde contemplation du plafond.

— À ce rythme-là, je n'aurai bientôt plus de travail, je plaisante.

Je ris malgré moi. C'est un rire nerveux et je le mets sur le compte des médicaments qui m'ont tourné la tête depuis mon réveil.

— Anna a rédigé un document que j'ai transmis au restaurant, m'informe-t-il. Quant au club, mon petit doigt me dit que le patron de ton patron sera compréhensif.

— Hum...

Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'aborder ce sujet avec lui. À l'heure qu'il est, la moitié de mes collègues au club, si ce n'est pas la totalité, doivent déjà colporter des rumeurs sur le grand patron et moi.

— Ça ne te dérange pas si je reste un jour ou deux ? je demande de but en blanc.

Sa tête se tourne si vite dans ma direction que je sursaute.

— Non, pas de souci, fait-il surpris.

— Je ne veux pas inquiéter les garçons, je lui explique.

— Ah...

— Je te remercie pour ton hospitalité. Je vais les informer du fait que je dors chez Alexa et je vais la prévenir également.

Il comprend que c'est ma manière de le congédier et il ne se fait pas prier pour quitter la chambre. J'expire un bon coup lorsqu'il disparaît enfin de mon champ de vision. Je ne sais pas pourquoi j'ai demandé à rester ici, ni même ce qu'il en pense, mais je n'ai pas envie de chercher à savoir. J'ai besoin de calme et de solitude et c'est la meilleure option qui s'offre à moi pour l'instant.

***

Cela fait maintenant deux jours que je suis chez Monsieur bleu acier et il a veillé à me tenir à bonne distance. Il part au travail avant que je ne me réveille et il y est toujours quand je vais me coucher. Je suis donc surprise de le voir rentrer plus tôt alors que je suis avachie dans son canapé, vêtue d'une chemise et d'un bas de jogging qui lui appartiennent.

— Bonsoir, dit-il simplement en dénouant sa cravate, l'air épuisé.

Je n'ai même pas le temps de le saluer en retour qu'il disparaît à l'étage. J'en conclus que mon séjour chez lui touche à sa fin. Peut-être n'a-t-il tout bonnement pas osé me dire de partir. Quelle idiote!

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