• CHAPITRE SOIXANTE-DIX-SEPT •

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– A –

Alec est resté d'une sérénité olympienne toute la journée alors que je l'ai trimballé d'un bout à l'autre de la ville à la recherche d'éléments de décoration. Je dois admettre que j'étais bien plus excitée que lui en définitive. Je n'ai jamais eu mon propre appartement et mis à part quelques cadres et luminaires que j'ai installés dans ma chambre, je n'ai jamais eu l'occasion de m'adonner à ce genre d'activités. Les meubles étaient déjà là à mon arrivée et j'ai préféré laisser le studio dépourvu de toute distraction visuelle. Evan ne m'a jamais interdit quoi que ce soit, j'ai seulement trouvé ça bien plus facile de remplir les placards sans trop réfléchir. Mon enthousiasme n'a pas échappé à Alec et il m'a donné mille raisons pour tenter de me convaincre de redécorer ma chambre. J'ai presque dû lui arracher un pot de peinture lavande des mains. Pourquoi cette couleur ? Je n'en ai aucune idée. Il a simplement estimé que cette teinte serait parfaite dans mon espace intime.

En fin de journée, alors que nous pénétrons dans son appartement, je suis tellement captivée par son agencement que je laisse échapper un sifflement admiratif.

— Que penses-tu de mon antre ? plaisante-t-il.

— Ce n'est pas du tout un antre ! As-tu vu la taille ?

— Je ne parlais pas de ça, si tu vois ce que je veux dire, dit-il en haussant les sourcils rapidement.

Quand l'information atteint enfin mon cerveau, je dois avoir l'air complètement ahurie.

— Dégoûtant !

— Naturel, plutôt, réplique-t-il en riant.

— Note pour moi-même : ne jamais m'asseoir sur ton canapé.

— Primo, je suis bien plus créatif que ça, secundo...

— Trop d'informations ! Ça va... j'ai compris l'idée. Merci pour ces images.

— Toujours là pour vous servir, Mademoiselle Carter.

Il fait une révérence grossière et je ne peux m'empêcher de rire à mon tour.

— Tu sais, je suis sûr qu'Evan te laisserait redécorer votre appartement si tu le lui demandais.

— D'abord, ce n'est pas le nôtre, mais le sien et ensuite il est très bien comme ça.

— Ouais... enfin... il manque une touche féminine.

— Alors ça, c'est sexiste au possible mon vieux !

— Non, c'est juste qu'il est un peu à l'image de mon frère, hum... comment dire ? Sauvage et primitif !

— Ce n'est pas vrai ! je ris.

— En parlant du loup... as-tu réfléchi à sa proposition ?

— Ne me dis pas qu'il t'a demandé de sonder le terrain.

— Absolument pas ! Si tu veux mon avis, je trouve même que c'est une idée terriblement dangereuse.

— Dangereuse ? Aurais-tu peur qu'il me coupe en morceaux pour nourrir les animaux ? je ricane.

— Impossible. Il t'aime bien trop pour ça.

Et voilà... Je m'attendais à aborder le sujet une fois seule avec lui, mais je n'imaginais pas qu'il sauterait carrément les deux pieds dedans.

— Tu pensais bien qu'il n'allait pas passer à autre chose malgré la distance, n'est-ce pas ?

— Je n'y ai pas...

— Garde tes mensonges pour quelqu'un d'autre s'il te plaît et fais simplement attention.

— Ton frère est un grand garçon ! je m'agace.

BALLERINAWo Geschichten leben. Entdecke jetzt