• CHAPITRE DIX-HUIT •

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— A —

J'essaie de réfléchir à toute vitesse, mais je ne vois aucune autre solution que celle de demander à l'accueil que l'on me descende mes paquets. Je m'apprête à revenir sur mes pas lorsque l'on m'agrippe tout à coup par le bras. La peur me pétrifie sur place à l'idée que ce soit Jamie... mais je réalise rapidement que ce n'est pas lui. Cependant, mon soulagement n'est que de courte durée, car l'armoire à glace qui me tient d'une main ferme me traîne comme une poupée à sa suite en direction d'une voiture aux vitres teintées. Je m'apprête à hurler au kidnapping quand la portière arrière s'ouvre. Je n'ai besoin que d'un dixième de seconde pour identifier à qui appartient la voix venimeuse qui m'ordonne de monter. Bien que je gesticule dans tous les sens pour tenter de me libérer, la brute me jette aussi aisément qu'un sac à patates près d'elle sur la banquette. À la minute où je me redresse, je ressens une envie quasi viscérale de lui décoller une gifle dont elle se souviendra jusqu'à son dernier soupir.

— Combien ? me demande-t-elle.

— Êtes-vous tombée sur la tête pour me contraindre par la force à monter dans votre véhicule ? je vocifère.

La brute qui a pris place sur le siège conducteur se retourne et m'empoigne vivement le poignet. Ses yeux me menacent silencieusement.

— Lâchez-moi !

— Quelle fougue, s'amuse la vipère. Réponds à la question. De combien as-tu besoin ? Car je présume que c'est bien de ça qu'il s'agit. N'est-ce pas ?

Le petit rire suffisant qu'elle laisse échapper me donne envie cette fois-ci de lui faire avaler ses dents parfaites une par une et ma main vacante me démange presque à cette idée.

— Réponds ! rugit-elle.

Son visage se déforme étrangement sous le coup de la colère. Il faut croire que je n'aurais même pas besoin de passer par la violence pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Je me dégage de la prise de l'armoire à glace et j'attrape la poignée pour quitter la voiture. Malgré mon acharnement, la portière reste verrouillée.

— Je connais les femmes comme toi. Vous êtes toutes les unes plus pathétiques que les autres.

— Laissez-moi sortir !

— Je vous vois défiler depuis des années et tenter de l'approcher tels des insectes misérables, mais comme je suis gentille je vais te raconter la fin de l'histoire... à la fin, il ne restera que moi ! Alors, si tu cherches à lui soutirer de l'argent, fais-toi une faveur et donne-moi simplement ton montant.

Hein ?

— Mais ça ne va pas non ? je m'offusque.

Ce n'est pas vraiment une question et à en juger par les plis sévères de sa bouche elle a bien compris que je la prenais pour une vraie déséquilibrée. Certes, c'est la réponse que j'ai donnée à Monsieur bleu acier il y a quelques minutes, mais c'était un mensonge. Je n'en ai strictement rien à faire de son argent !

— Combien ?

— Ouvrez cette fichue porte !

La harpie est si vive que je sens ses ongles qui s'enfoncent dans mon avant-bras avant même que je n'aie le temps de bouger. Je suis surprise que mes os n'implosent pas sous sa force, car la férocité qui se dégage d'elle est tout bonnement extraordinaire. Je suis presque sûre qu'elle pourrait s'enflammer si je craquais une allumette dans l'habitacle.

— Tu en auras terminé avec moi uniquement lorsque je l'aurais décidé. Regarde-moi bien, espèce de petite écervelée. Mon offre est plus que décente, je te donne la somme dont tu as besoin et tu déguerpis !

BALLERINAWhere stories live. Discover now