• CHAPITRE QUATRE-VINGT-NEUF •

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– A –

— Je pense qu'il vaudrait mieux que je le garde quelques jours, me propose Alec en scrutant James.

— Pourquoi donc ? je demande.

— As-tu vu la foule en bas de chez vous ? J'ai dû m'infiltrer incognito dans votre immeuble avec casquette, lunettes et écharpe pour passer inaperçu.

— Eh bien... Je ferai la même chose pour le sortir.

— Nous savons tous les deux qu'il y a moins de chance que tu passes inaperçu.

— Quoi ? Tu doutes de mes talents ?

— Non, je voulais simplement dire que tu serais reconnaissable entre mille, même avec un sac sur la tête. C'était un compliment, inutile de te vexer.

Son sourire malicieux dissipe mon agacement d'un coup.

— Tu vois, j'avais pressenti que j'allais jouer les promeneurs attitrés. Je suis bien content qu'il n'ait pas un nom au goût discutable. Hein, mon beau ? déclare-t-il en s'agenouillant pour caresser James.

— Je suis la pire maîtresse du monde, je me lamente.

— Dis ça aux tabloïds à potins qui pensent tout le contraire ! éclate-t-il de rire.

Lorsque sa blague monte enfin dans mon cerveau, je me joins à lui. Quel crétin! Mon téléphone vibre au même moment et je vois que Monsieur Bleu Acier a décidé de m'honorer d'un message.

«Ouvre la porte.»

Hein? Toutes les alarmes de mon cerveau s'enclenchent et mon rire s'éteint brusquement.

— Quoi, tu as vu un fantôme, Angy ?

Deux coups rapides à la porte et mon cœur fait une embardée si spectaculaire que je crains qu'il ne finisse par s'arrêter. Je me dirige vers celui que je ne vois pas encore, mais dont je sens la présence assassine. Hayden Reed ne se déplace jamais sans réel motif et je redoute donc le pire.

— Bonsoir, Angelina.

— Hayden. Que me vaut ce plaisir ?

Un sourire paresseux se dessine sur ses lèvres alors qu'il se penche pour me répondre presque dans le creux de l'oreille : 

— Je vois que tu ne sais toujours pas choisir tes mots.

— Qu'est-ce qu'il fait ici ? siffle la voix d'Evan dans mon dos. 

En piste!

— Bonsoir, Evan, réplique Monsieur Bleu Acier en braquant un regard froid sur mon ami. 

— Ça risque d'être intéressant, lâche Alec non loin. 

J'adresse quelques paroles bien senties à mon karma. Qu'ai-je bien pu faire dans une vie antérieure ? Qui ai-je bien pu froisser pour le payer au centuple aujourd'hui ?

— Comment diable as-tu réussi à monter malgré la présence de tous ces vampires en bas ? je reprends néanmoins.

— Personne n'a la courtoisie de m'inviter à entrer ? demande-t-il en gardant son regard fixé sur sa proie.

— J'ai hâte de voir les gros titres de demain ! lance Alec.

— Il semble bien s'en moquer, répond Evan. Autrement, il ne se serait pas pointé ici pour alimenter encore plus ces ragots stupides.

— Conseille à ton garde du corps de se calmer, me souffle Monsieur Bleu Acier avec un sourire carnassier qui me donne froid dans le dos.

— Ou sinon quoi ? demande hargneusement Evan en s'approchant.

BALLERINAWhere stories live. Discover now