• CHAPITRE VINGT-SIX •

17.6K 1.3K 73
                                    




— A —

Depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin, je me pose la même question. Comment ai-je pu être aussi bête ? J'ai failli tomber dans le panneau avec une facilité presque déroutante. Jamais je n'aurais imaginé perdre autant mon bon sens face à un homme et ce constat est affligeant. Je n'en reviens pas! Hormis être un trophée de plus à son tableau de chasse, cela ne m'aurait rien apporté. J'ai beau ne pas porter la vipère en haute estime, elle est arrivée à point nommé une fois encore. Sommes-nous toutes programmées pour être aussi vulnérables devant un physique plaisant et un peu de charisme ? Je ne peux pas continuer à m'éloigner de mon objectif de la sorte pour ses beaux yeux. L'un de nous deux doit y mettre un terme et je décide que ce sera moi. Hayden Reed va disparaître de ma vie plus vite qu'il n'y est entré.

***

Les semaines se sont rapidement transformées en mois et le courriel tant attendu est enfin là. Fébrilement, je l'ouvre pour découvrir la date de mes auditions. Je connais parfaitement le calendrier de la Juilliard, mais cela n'empêche pas à mon cœur de faire une embardée spectaculaire lorsque je compte les jours qu'il me reste avant mon passage. Je rabats brutalement l'écran de mon ordinateur et je porte la main à ma bouche pour me ronger les ongles. Une mauvaise manie que je pensais pourtant avoir perdue depuis des années déjà. Un vent de panique me gagne progressivement et je sens que la crise d'angoisse me guette. Je ne serai jamais prête! Ma respiration s'accélère et j'en oublie presque comment faire pour reprendre haleine convenablement. Je suffoque... Non... La gorge en feu, je me laisse glisser sur le sol. Mes jambes ne supportent plus le poids de mon propre corps. J'essaie de reprendre le dessus, mais je sais déjà que mes efforts seront vains. Mes pensées empruntent un chemin obscur et un sanglot m'échappe. Je tente de me relever, mais sans succès. Je n'ai même pas le courage de me trainer jusqu'à ma chambre pour y récupérer l'inhalateur de secours qui se trouve dans ma table de chevet. Je tends le bras en direction de mon sac pour y attraper mon téléphone, mais toutes mes forces m'abandonnent d'un coup et ma main retombe mollement au sol. Ma respiration se transforme en un filet si fin que mes poumons luttent pour grappiller un peu d'air. Je siffle plus qu'autre chose et l'oppression sur ma cage thoracique est si déchirante qu'elle en devient vite insupportable. S'il te plaît, calme-toi! La douleur est tellement vive que je sens qu'une larme roule sur ma joue. Même si c'est la pire des choses à faire dans ces moments-là, j'essaie de m'allonger. Une fois encore, ma tentative de fournir le moindre effort est vaine. J'enfonce mes ongles dans mes paumes aussi fort que possible pour me concentrer sur autre chose et je ferme les yeux en priant pour ne plus rien ressentir du tout. 

— Angy ! hurle Evan. Angy !

J'ouvre faiblement les paupières et je le vois qui se jette à terre près de moi. Je ne suis pas soulagée pour autant, car plus rien ne veut sortir de ma bouche. Ni son... ni air. Il attrape mon visage délicatement entre ses mains et la panique défigure son expression.

— Angy !

Je sens qu'il me soulève telle une poupée de chiffon et à la façon dont je suis ballottée dans ses bras j'en conclus qu'il nous fait dévaler les escaliers à toute vitesse. 

— Angelina reste avec moi !

Evan me secoue doucement et je réalise que j'ai dû me laisser partir l'espace d'une minute. Je m'efforce de garder les yeux ouverts, mais c'est plus que je ne peux supporter. Je brûle de l'intérieur à chaque nouvelle inspiration que je tente de prendre.

— Tiens bon ! m'ordonne-t-il alors qu'il boucle ma ceinture.

La douleur me transperce de part en part et je serre aussi fort que possible les bras autour de mon corps pour contenir l'élancement, mais rien n'y fait. Evan s'engage tel un fou furieux dans la circulation et nous arrivons rapidement devant la porte des urgences. Il laisse le contact tourner alors qu'il sort en trombe de la voiture pour aller chercher de l'aide. La dernière chose que je vois avant de perdre connaissance c'est la grimace d'angoisse qui tord son visage alors qu'il se tient debout, les mains enfoncées dans les cheveux.

BALLERINAजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें