Chapitre 14 - Rapprochement

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Maddie n'avait pas bien dormi. Elle avait ressassé les reproches de sa mère toute la nuit et se sentait terriblement mal. Après une longue hésitation, elle descendit dans la cuisine.

Sa mère, installée à table, buvait son traditionnel café au lait en feuilletant le journal. Ce matin, malgré son maquillage méticuleux, ses traits tirés et fatigués ainsi que son air triste étaient apparents.

Maddie se présenta face à elle, horriblement gênée.

— Maman, je suis désolée. Pour ne pas t'avoir demandé la permission de faire venir des amies, le bazar dans le salon et la cuisine, et le bruit. J'étais tellement contente de pouvoir enfin faire une soirée comme tout le monde ! Comme les filles de mon âge ! Recevoir des copines et danser sur de la musique, ça ne me semblait pas être quelque chose de mal.

Joanna la coupa.

— Ma puce, j'ai besoin d'être au courant si des personnes viennent ici, tu peux le comprendre et après, le reste, c'est une question de logique. Mettre la musique à fond avec les fenêtres ouvertes n'est peut-être pas l'idéal ? Surtout vu le froid qu'il fait, vous pourriez tomber malade. La cuisine et le salon, ce n'est pas grave, on peut toujours ranger le lendemain, mais c'est tout cumulé qui n'est pas possible ! Ma chérie, ton attitude m'a déçue, mais je comprends que les choses se précipitent un peu pour toi et que tu as du mal à gérer ta nouvelle vie.

Maddie fut vexée par cette remarque. Elle n'estimait pas avoir de mal à gérer sa vie, mais simplement faire des choses normales pour son âge.

Joanna ouvrit le frigo et partit d'un grand éclat de rire.

— Tu as nourri un troupeau d'éléphants ou quoi ? Il ne reste rien ! Rien du tout ! Je vais faire des courses pendant que tu t'occupes de rendre cette maison nickel. Tu as vu, je t'ai laissé la cuisine telle quelle. Je n'ai rien touché. Bon ménage !

Un petit rictus de contrariété apparut sur le visage de Maddie, elle avait bien remarqué que la cuisine était comme la veille au soir.

Joanna quitta son air sévère et envoya un bisou à sa fille en partant.

Une trentaine de minutes plus tard, la sonnette retentit. En plein ménage dans le salon et en pyjama, Maddie s'étonna. Elle n'attendait personne et sa mère ne rentrerait pas avant quelques heures. Elle entrouvrit la porte et resta bouche bée. C'était Anthony, mal à l'aise.

— Salut Maddie, ça va ?

Maddie tenta de cacher son étonnement et feinta la décontraction en passant une main dans ses cheveux.

— Hey Anthony. Ça va et toi ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai croisé Sally avec Ashton, elle m'a dit que tu n'allais sûrement pas sortir aujourd'hui, mais comme je voulais te voir, je me suis dit que je pourrais passer. Sally m'a encouragé à venir. Mais si je te dérange, je te laisse !

Maddie avait des papillons dans le ventre. Anthony était là, devant elle, chez elle. Un léger sourire apparut sur le visage d'Anthony lorsqu'il remarqua le pyjama bleu couvert de lutins.

Maddie pouffa.

— Non, tu ne me déranges pas, je n'attendais pas de visite, en fait.

Il lui fit un clin d'œil et s'approcha en parlant à voix basse.

— On a tous des tenues à cacher. Moi, c'est un caleçon avec des fantômes !

Maddie éclata de rire.

— J'aimerais bien voir ça !

Elle se reprit de suite.

— Ce que je voulais dire c'est que ça doit être marrant à voir. Tu veux entrer ?

Il hocha la tête et, alors qu'elle s'écartait pour le laisser passer, il pénétra dans la maison. Elle ferma rapidement l'accès au salon.

— Bienvenue chez moi.

— C'est sympa, c'est mignon. Enfin, c'est bien aménagé. Y'a une bonne déco, quoi. Excuse-moi, je m'embrouille, répondit-il, gêné.

Maddie lui décocha un sourire rayonnant. Elle craquait complètement devant son air intimidé. Elle l'invita à boire un soda et il la suivit dans la cuisine.

Ils s'installèrent sur deux tabourets autour de l'îlot central. Ils discutèrent de son entrée chez les Venus, puis de l'équipe de basket d'Anthony et dévièrent sur leurs goûts musicaux. La conversation était fluide, comme la veille au lycée, et ils riaient souvent. Plus elle le regardait, plus elle était certaine de vouloir passer du temps avec lui. Un coup de cœur. Elle avait eu un vrai coup de cœur pour ce garçon. Maddie n'osait pas faire le premier pas, mais n'attendait qu'une chose : qu'il l'embrasse.

— Je suis contente que tu sois venu, dit Maddie en le regardant droit dans les yeux.

Intimidé, il joua avec les manches de son pull.

— Tu sais, ça fait un moment qu'on se connaît. On ne s'est jamais parlé, mais on a grandi ensemble. Moi, je voyais comment t'étais, je t'observais. Joyeuse même si t'étais seule. Quand Paloma a déménagé, t'as perdu ton alliée et t'as gardé la tête haute. Toujours coquette, appliquée en classe et impliquée dans plein d'activités. Et puis, avec le temps, t'es devenue de plus en plus jolie.

Maddie n'en revenait pas. C'était trop beau pour être vrai. L'espace d'un instant, elle prit peur. Peut-être était-ce un pari, une blague ou encore un test ? Elle fixa Anthony et l'observa attentivement. Son corps était raide, ses mains crispées et de petites gouttes de sueur perlaient sur son front. Maddie l'imagina mal simuler et se dit qu'elle n'avait rien à perdre. Quoi qu'il se passe ensuite, elle serait bien contente que ce soit de lui que vienne son premier baiser.

Elle lui sourit. Il vint soudainement vers elle et l'embrassa. Elle avait imaginé ce moment plus doux, plus lent, plus sensuel et plus agréable, mais, intérieurement, elle explosait de joie. Elle sentait son cœur bondir dans sa poitrine. Elle posa sa main sur sa joue et lui rendit son baiser. Ils se fixèrent un moment.

— Je ne pensais pas que t'étais aussi touchant ! lui dit Maddie, les lèvres incurvées sur un grand sourire.

— Les sportifs peuvent toujours surprendre ! répondit-il en lui prenant la main.

Joanna rentra alors que Maddie et Anthony étaient assis, épaule contre épaule, et toujours en pleine discussion dans la cuisine. Elle lança un regard noir à Maddie et s'adressa à Anthony, très calmement.

— Bonjour jeune homme. Vous êtes ?

Il se leva d'un bond et, rouge comme une pivoine, il répondit d'une traite.

— Bonjour Madame Harrington. Je m'appelle Anthony Ryan-Tate, je suis un camarade de lycée de Maddie. Je lui apportais des infos concernant les cours de lundi vu qu'elle ne pouvait pas se déplacer.

— Le téléphone n'était pas suffisant ?

Le silence était pesant. Joanna poursuivit.

— Merci pour votre aide, Anthony, je pense que ma fille a eu les informations nécessaires ?

— Oui, Madame.

— Bien, je vous raccompagne.

Anthony fit un timide signe de la main à Maddie. La porte claqua et Joanna revint ensuite dans la cuisine, où elle se mit à aller et venir nerveusement.

— C'est une nouvelle manie de faire entrer des gens sans m'en avertir ni me demander l'autorisation ! Et on passe de fille à garçon ! T'étais pas censée t'occuper du ménage et rangement ? Maddie, en quelques jours il s'en passe des choses ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Maddie resta silencieuse. Imperturbable, elle balançait ses pieds dans le vide tout en fixant ses chaussons. Joanna leva les yeux au ciel et intima à sa fille de reprendre le ménage avant de quitter la pièce.


MaddieWhere stories live. Discover now