Chapitre 13 - Se mettre à l'aise

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Peu de temps après, Sally stoppa la voiture devant l'entrée de chez Maddie.

— Sal, tu t'es super mal garée là ! Tu gênes trop ! lança Cassie.

— Il n'y a pas d'autre place, répondit la concernée en claquant la portière.

La porte restée entrouverte, elles rejoignirent Maddie et Rachel qui, installées dans le canapé du salon, avaient repris leurs esprits et discutaient de ce que Maddie avait volé dans le magasin.

Sally se précipita vers Maddie et s'installa à ses côtés.

— Maddie, je suis désolée ! On voulait juste te faire une blague et on ne pensait pas que tu agirais aussi vite !

Maddie lui adressa un sourire chaleureux.

— Je suis au courant, Rachel me l'a expliqué. Je n'aurais pas dû me lancer tête baissée.

— Oui, désolée, s'excusa Cassie avec un air sincère. C'était une mauvaise idée.

Sally secoua vigoureusement la tête et se pinça les lèvres.

— Une TRÈS mauvaise idée. On voulait juste rigoler. Encore désolée.

Maddie tapota la main de la capitaine.

— C'est fait maintenant et je ne retournerai plus jamais là-bas, c'est tout !

Sally se redressa d'un coup sur le canapé.

— Oh, tu peux être tranquille pour ça ! J'ai eu des infos par le vigile et...

Surprise, Maddie la coupa et répéta.

— Des infos par le vigile ?

— Oui, quand il était derrière tes fesses, je l'ai stoppé. Pas trop difficile, avec son gros bidon, il était incapable de courir. Je ne comprends même pas qu'il travaille dans la sécurité ! Il fait peur à personne. Enfin bon, j'ai réussi à savoir qu'il t'avait à peine vu. Tu pourrais même y retourner demain qu'il ne te reconnaitrait pas.

— Mais il y a des caméras, non ? Il pourrait me voir en regardant les vidéos ?

— Ce sont des fausses pour faire peur aux gens, mais elles ne fonctionnent pas. C'est lui qui me l'a dit !

Maddie souffla. Au moins des bonnes nouvelles !

— Allez, donne-les-nous, demanda Cassie.

— Cass ! s'écria Rachel.

— Bah quoi ? Maintenant que Maddie les a pris, autant les utiliser.

Maddie distribua ce qu'elle avait volé dans le magasin. Elle était rassurée que cela ne soit qu'une blague et que les filles s'en veuillent.

Sally décida de porter de suite la robe et se déshabilla directement dans le salon. Maddie, gênée, lui proposa de faire ça dans la salle de bain pour avoir plus d'intimité.

— Oh, on est entre filles, c'est bon ! On se voit déjà en sous-vêtements dans les vestiaires ça ne change pas !

— Même à poil sous la douche ! ajouta Cassie.

Rachel se noua le foulard autour du cou. Cassie plaça le sac sur son épaule et vint poser aux côtés de Sally, vêtue de la robe.

Elles bougèrent des meubles pour se faire de la place et traversèrent le salon en simulant un défilé de mode.

— Merci, Maddie, chuchota Rachel.

— Oui, merci Maddie ! reprirent en chœur Sally et Cassie.

— N'empêche, t'as eu du cran, bravo pour ça, la flatta Sally.

Maddie était fière de ce compliment. Elle aurait préféré être félicitée pour autre chose, mais être admirée par Sally Smith était quelque chose d'incroyable.

La capitaine se jeta dans un fauteuil.

— On mange quoi ? Je meurs de faim !

Maddie proposa de cuisiner. Elle savait faire de nombreux plats et était ravie de pouvoir en faire profiter d'autres personnes que sa mère. Ses invitées s'installèrent autour de la table pendant qu'elle préparait.

— Ils sont où tes parents ? demanda soudainement Sally.

— Je vis juste avec ma mère. Elle travaille tard aujourd'hui. Elle ne rentrera pas avant minuit, je pense. C'est souvent le cas.

Un silence suivit.

— Et ton père, il est où ? insista Sally.

Le sujet était sensible et Maddie n'aimait pas l'aborder.

— Je n'en sais rien. Je ne le connais pas.

— Ah, c'est triste, dit Sally sans laisser transparaître aucune émotion. Tu sais, des fois, vaut mieux pas connaître ses parents ou qu'ils vivent séparément. Quand tu vois les parents de Caroline combien ils se détestent !

Choquée, Rachel ne put se retenir.

— Sal ! C'est pas cool pour Caro.

— Quoi ? lui répondit abruptement la capitaine. C'est pas grave ! Tous les parents se font la guerre de nos jours. Les siens, les tiens, tous !

Rachel se tut. Cela ne servait à rien de continuer. Sally disait toujours ce qu'elle pensait sans aucun filtre. Que cela puisse blesser était un effet collatéral qui ne la touchait pas.

— C'est prêt ! s'exclama Maddie, sautant sur l'occasion de changer de sujet.

La conversation pendant le repas ne tourna qu'autour de Maddie et Anthony. Sally avait su par Ashton qu'Anthony n'était pas insensible au charme de Maddie. Elles ricanèrent comme des petites filles en imaginant leur rapprochement. À la fin du repas, elles laissèrent tout en plan et montèrent dans la chambre de Maddie.

— Ça sent le fauve, critiqua Cassie en fronçant le nez. Aérer, ça te dit quelque chose ?

Rachel partit ouvrir la fenêtre et proposa de mettre de la musique. Trop basse à son goût, Sally prit l'initiative de monter le son à fond et sauta sur le lit de Maddie. Cassie l'imita et elles se mirent à danser. Rachel jeta un œil vers Maddie qui riait aux éclats. Elles se retrouvèrent toutes les quatre debout sur le lit, se tenant par les mains et hurlant les paroles de chacune des chansons.

Un claquement se fit entendre et un très fort « Mad » résonna. Maddie n'avait pas vu le temps passer. Elle jeta un œil sur son réveil. Minuit sept.

Des pas lourds et rapides retentirent dans les escaliers et la porte de la chambre de Maddie s'ouvrit brusquement. Joanna, furieuse, apparut.

— La personne garée juste devant ma porte d'entrée va se déplacer. Non. Même pas. Vu l'heure qu'il est, que je ne sais absolument pas ce qui se passe ici ni qui vous êtes, vous allez simplement partir.

Sans broncher, en la saluant juste d'un « bonsoir Madame Harrington », les trois filles sortirent de la chambre et quittèrent la maison.

Joanna s'assit sur le lit et respira lentement pour ne pas hurler.

— Mad, ça ne va pas du tout. Je ne suis pas au courant que tu invites des gens et je ne peux même pas me garer devant chez moi ! Je n'allais pas klaxonner à minuit pour que ton invitée bouge son bolide !

Elle inspira profondément afin de calmer ses nerfs et continua d'un ton glacé.

— Musique à fond, fenêtres ouvertes et vous hurliez comme des folles. On vous entendait à des kilomètres ! Dans le salon, tout a bougé et la cuisine c'est une porcherie. Tu y passeras le week-end s'il le faut, mais tu vas me nettoyer et ranger cette maison de haut en bas. De toute façon, tu ne bouges pas d'ici ni samedi ni dimanche donc tu auras le temps. Je te laisse, je suis crevée.

Joanna se leva et, sans un regard pour sa fille, partit se coucher.


MaddieWhere stories live. Discover now