Chapitre 33 - Se méprendre

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Le soir même, Maddie négocia avec sa mère pour qu'Anthony devienne son nouveau chauffeur. Joanna hésita longuement avant de se laisser convaincre.

— Maddie, j'accepte qu'il vienne te chercher, mais ne me déçois pas, l'avertit-elle en secouant un index menaçant.

Maddie la rassura.

— Oui, tu peux être tranquille, c'est juste pour éviter de prendre le bus. Et puis, en ce moment, je préfère être avec lui qu'avec les filles...

Joanna sembla satisfaite. Maddie savait pertinemment que sa mère avait une préférence prononcée pour Anthony plutôt que pour les membres de l'équipe des Venus.

Maddie avait du mal à comprendre que sa mère préfère la savoir en compagnie d'un garçon de dix-sept ans, petit-ami de surcroit, que d'amies filles du même âge !

Le lendemain matin, en conduisant vers le lycée, Anthony s'étonna.

— Didi, ça me fait plaisir qu'on aille ensemble au lycée, mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Ce surnom était récent et faisait fondre Maddie comme neige au soleil. Mais elle n'était pas sûre de pourvoir faire confiance à Anthony. Elle n'avait pas digéré la soirée de la Saint-Valentin et elle n'arrivait pas à croire son excuse d'endormissement.

De plus, jusqu'à maintenant, elle n'avait pas eu beaucoup de succès dans ses accusations envers Sally et ne préférait pas qu'Anthony se mette à douter d'elle aussi. Elle lui répondit en souriant.

— Je me suis dit qu'il fallait qu'on passe plus de temps ensemble. Comme on a tous les deux des emplois du temps chargés, se voir tous les matins nous permettra de profiter.

— C'est une superbe idée, salua Anthony, hurlant de joie intérieurement.

— Oui, je trouve aussi, dit-elle avec aplomb.

En arrivant sur le parking du lycée, Maddie eut à peine le temps de poser un pied sur le sol que Rachel se précipita vers elle.

— Maddie, il faut qu'on parle, supplia-t-elle en se plantant devant la voiture.

— Je vous laisse, murmura Anthony en s'éclipsant.

Maddie lui envoya un bisou et se plaça face à Rachel.

— Je t'écoute, fit-elle sèchement.

Rachel se répandit en excuses. Elle lui expliqua s'en vouloir férocement de ne pas s'être plus souciée de son état de santé et d'avoir réagi si virulemment la veille.

— Merci, lui répondit Maddie, soulagée. Je suis contente que tu sois venue me voir, car je vais être franche, je n'aurai pas fait le premier pas. J'ai été blessée par ton attitude.

Rachel lui sourit, elle n'imaginait pas que derrière ce visage angélique et souriant, se cachait une personnalité si têtue et rancunière. Elle s'approcha et la prit dans ses bras. Maddie lui rendit son étreinte.

— Je t'aime beaucoup, Maddie. Mais concernant Sally et la finale, tu ne peux pas lancer ce genre de bombe à la légère, surtout qu'elle n'a rien à voir avec ta maladie.

Rachel ne comprenait pas pourquoi Maddie s'était mise en tête que la capitaine avait joué un rôle dans sa maladie. C'était complètement fou. Surtout que Sally ne mettrait jamais en difficulté l'équipe. Les Venus étaient toujours passées avant tout.
Maddie ne renchérit pas. Cela ne servirait rien, Rachel ne la croirait pas. Et elle était heureuse de retrouver son amie, c'était le plus important à ses yeux.

— On y va ? Monsieur Sanchez est bien gentil, mais s'il y a bien quelque chose qu'il n'accepte pas, c'est le retard ! lança Rachel en agrippant la main de son amie.


La semaine passa à une vitesse folle et la vente de tickets de tombola occupa la totalité du temps libre de Maddie au lycée. Réaliser cette activité en compagnie de Caroline fut une réelle bouffée d'air frais pour la jeune fille. Caroline était une personne simple et accessible. Elle ne jugeait pas et était profondément exaspérée par les ragots, comme Maddie. Elles avaient toutes les deux de nombreux points en commun.

Maddie, pensant s'être trouvé une possible alliée, tenta maladroitement à plusieurs reprises de la mettre en garde contre Sally, mais s'en voulut aussitôt. Caroline n'était pas réceptive et montra même des signes d'exaspération. Maddie prit sur elle pour ne plus évoquer le nom de la capitaine et se concentra sur sa mission de vente de tickets.

La tombola était prévue le samedi après-midi, au lycée. Le principal Whelan avait donné son aval pour son organisation et avait très vite imposé de la prendre en main.

Il était arrivé bien avant tout le monde, les bras chargés d'une énorme urne close en plastique. Prévoyant de la pluie, il avait planifié d'utiliser le gymnase, mais le temps se révélant finalement ensoleillé et sec, malgré le froid, il installa le matériel à l'extérieur. Il aligna les chaises en plastique devant l'estrade en bois.

Les Venus arrivèrent progressivement, chacune avec le lot qu'elle avait prévu de mettre en jeu. Maddie avait décidé de sacrifier une de ses paires de chaussures, les plus vieilles et celles qu'elle portait le moins. Elle vint la déposer à côté de ceux déjà présents.

Caroline retrouva Judy et Emily et leur fit part de son ressenti de la semaine passée avec Maddie.

— Je ne sais pas quoi penser d'elle, sincèrement, regrettait Caroline.

— Pourquoi ? l'interrogea Emily.

— Elle est super sympa, mais elle a des idées farfelues et des réactions un peu bizarres.

Judy et Emily échangèrent un rapide coup d'œil.

— Comment ça ? Raconte !

Caroline narra la discussion qu'elle avait eue en déjeunant avec Maddie le premier jour, concernant sa maladie et la blague du bizutage. Les filles s'étonnèrent de ses accusations.

— Elle croit que Sally lui casse du sucre dans le dos ? fit Judy en fronçant les sourcils.

— Elle croit que Sally l'a rendue malade ? demanda Emily, les yeux écarquillés.

— Franchement, c'est bizarre. Elles sont censées être amies, non ? Moi, je la connais peu et, direct elle me lance des accusations bizarres. Elle a continué à faire des critiques et des sous-entendus toute la semaine. Ça n'inspire pas confiance !

Ses deux amies secouèrent la tête de droite à gauche. Emily lança.

— C'est peut-être pour ça que Lena ne voulait pas faire équipe de nouveau avec elle.

— C'est exactement ce que j'ai pensé ! s'exclama Caroline.

— Ouais, les accusations, suspicions, je n'aime pas trop ce genre d'attitude, ajouta Judy en regardant Maddie du coin de l'œil.


MaddieWhere stories live. Discover now