Maddie

Chapitre 65 - Se poser des questions

Il fallut secouer Maddie pour la sortir de son lourd sommeil. Desiree et Janice s'y mirent toutes les deux pour y arriver. La jeune fille ramassa ses affaires, l'air hagard, avant de suivre ses colocataires du week-end et quitter leur chambre.

— Direction le car ! s'exclama Janice.

— C'est passé trop vite, soupira Desiree.

— Franchement, on devrait faire ça chaque année, pas attendre la terminale, lança une blonde dont Maddie ne connaissait toujours pas le prénom.

Il fallait dire qu'elles n'avaient pas échangé un seul mot de tout le week-end.

— Je suis d'accord, opina une petite brune. Mais on devrait pouvoir avoir des chambres plus petites, histoire de choisir avec qui on est et éviter les drames en pleine nuit...

Elle se fit aussitôt fusiller du regard par Desiree et Janice. Pour les deux filles, Maddie méritait qu'on la laisse un peu tranquille. Maddie ne fit aucun commentaire.

— Merci, articula-t-elle après un long silence.

Les cinq filles se retournèrent.

— Pour ce matin, ajouta Maddie.

Janice lui sourit et lui répondit gentiment.

— Il n'y a pas de quoi. Tu n'étais pas en état de faire les attractions.

Le silence retomba sur le petit groupe qui s'engagea dans les escaliers. Arrivée devant l'entrée de l'hôtel, Mme Mills se précipita vers elles.

— Parfait, Madeleine, tu es là ! Comment ça va ? Tu as meilleure mine.

— Ça va, marmonna Maddie en plissant les yeux face au soleil.

— Dommage que tu n'aies pas pu profiter, c'était une journée magnifique.

— Allez tout le monde, on grimpe que je puisse vous compter ! s'écria M. Whelan depuis la porte avant du car.

Les jeunes s'amassèrent à côté du large véhicule et montèrent progressivement. Maddie fixa ses pieds en avançant. Elle ne voulait croiser le regard de personne et ne souhaitait pas voir où se trouvait Anthony. Elle monta juste avant le principal qui fit signe au conducteur qu'ils étaient au complet. Maddie chercha une rangée vide et se tassa de façon à être la moins visible possible.

Contre la fenêtre, elle plongea son regard dans le paysage et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, le son monté à fond. Derrière elle, les cris des Venus s'élevaient et couvraient toutes les conversations.

— Du calme les filles, s'exclama M. Whelan, on n'entend que vous !

Rachel était la seule silencieuse du groupe, elle avait été touchée et déstabilisée en découvrant l'état de Maddie à sa montée dans le car. Elle semblait vide de tout sentiment, perdue. Cette situation était bête, Anthony n'avait rien fait. Il était la première victime de la situation.

Rachel esquissa un léger sourire quand elle repensa au coup du portefeuille tombé par inadvertance, laissant Adèle seule avec sa panique, dans le wagon de l'attraction. Pour Rachel, elle l'avait méritée. Mais Adèle n'avait pas l'air de vouloir laisser les choses ainsi. Elle était remontée comme une pendule. Et curieusement plus contre Sally qu'Anthony.

— Qu'est-ce qui te fait sourire ? lui demanda soudainement Sally.

— Rien de spécial. Le voyage dans son ensemble. Par contre, je n'ai pas compris pourquoi Grace et Adèle nous ont collés aux fesses tout le week-end ?

— Pourquoi pas ? renchérit Sally.

— Eh bien, parce qu'elles ne sont pas nos amies ? Parce qu'elles n'ont jamais été des Venus ? Parce qu'elles n'existaient pas à nos yeux avant ce week-end ?

— Il n'est jamais trop tard pour se faire de nouvelles amies, lâcha Sally avec un sourire énigmatique qui lui fit froid dans le dos.

Rachel se tut et se laissa tomber contre le dossier de son siège. L'attitude de Sally pendant tout le week-end avait été intrigante et particulièrement méchante envers Maddie. Rachel ressentit de nouveau cette sensation bizarre. Elle se sentit fautive. Se serait-elle trompée ?

Une image lui revint instantanément à l'esprit : la gifle infligée à Maddie le jour du dernier match. Elle lui semblait moins justifiée. Elle allait avoir tout le trajet pour y penser, mais elle avait envie de faire certaines choses. S'excuser. Et discuter.

Maddie, cette pauvre Maddie, méritait de savoir la vérité pour Anthony. Et elle méritait d'être réellement écoutée concernant Sally.