Maddie

Chapitre 19 - Tel est pris qui croyait prendre

Samedi après-midi, alors que Maddie dansait dans sa chambre, la musique à fond dans les oreilles, Joanna débarqua. Maddie sursauta et retira un écouteur.

— Madeleine, vu qu'en ce moment, je ne peux pas te faire confiance, je vais t'emmener avec moi faire les courses.

Maddie s'affala sur son lit et supplia sa mère de ne pas sortir.

— Tu peux m'implorer tant que tu veux, ça ne changera rien. Madeleine Harrington, tu te prépares et nous allons faire des courses. Je t'attends dans la voiture.

Joanna quitta la chambre en tapotant sur sa montre, suggérant à Maddie de ne pas traîner. Maddie marmonna dans son coin et prit son temps pour se préparer, histoire d'agacer un peu plus sa mère.

Pendant tout le trajet, elle resta muette et laissa vaines les tentatives de communication de sa mère.

Lorsque Joanna gara la voiture sur le parking du centre commercial, Maddie crut que son cœur s'arrêtait de battre. Joanna claqua la portière et lui fit signe de l'extérieur. Maddie prit une longue inspiration, souffla calmement et sortit de la voiture.

En approchant des grandes portes automatiques, Maddie n'était pas tranquille. Elle se rassura en repensant à ce que Sally lui avait assuré : le vigile ne l'avait pas vu et les caméras ne fonctionnaient pas.

Elle savait que sa mère ne l'emmènerait pas dans le magasin qu'elle redoutait ; on y vendait des vêtements d'un style bien trop différent de celui de Joanna, mais Maddie voulait l'éviter à tout prix.

— On passe par la petite entrée ?

— Non, Mad. Je veux aller au Stand et il est proche de la grande entrée.

Maddie resta silencieuse. Lorsqu'elles passèrent à proximité du fameux magasin, Maddie retint sa respiration et avança d'un pas pressant, muscles tendus. Elles le dépassèrent. Maddie souffla, soulagée, quand soudain, une voix masculine s'éleva dans leurs dos.

— Madame ! Mademoiselle !

Joanna se retourna. Maddie devint blanche comme un linge. Joanna lui lâcha le bras et se dirigea vers la voix. Maddie prit quelques secondes avant de se retourner et ce fut le choc. La voix appartenait au vigile qui l'avait poursuivie quelques semaines plus tôt. Elle resta figée, le regardant avec angoisse, et observa le visage de sa mère se décomposer. De retour à côté d'elle, Joanna fixa Maddie intensément en lui demandant.

— Pourquoi ce jeune homme nous impose-t-il de le suivre dans le magasin ?

Maddie était décontenancée. Pour toute réponse, elle resta silencieuse. Joanna l'attrapa par un poignet et la serra si fort en la tirant vers l'entrée du magasin que Maddie en eut les larmes aux yeux. Le vigile la dévisagea quand elle passa à ses côtés et les conduisit dans une pièce située au fond de la boutique.

Ils entrèrent dans une petite pièce claire, le vigile invita Maddie et Joanna à s'asseoir. Il leur demanda de patienter un instant et s'éclipsa. Maddie observa son poignet douloureux. La pression exercée par sa mère avait été tellement forte que ses doigts avaient laissé de larges marques.

— Tu perds la tête, Maddie, siffla Joanna. Tu n'as plus conscience de rien ! Voler dans un magasin ! Bon sang, c'est quoi ton but ? Terminer en prison, c'est ça ?

Maddie encaissa le choc. Elle devait se rendre à l'évidence, le vigile l'avait bel et bien reconnue et avait informé sa mère de suite. C'était pour cela que Joanna n'avait pas hésité à le suivre dans le magasin.

Maddie ne pouvait pas nier et elle n'en avait plus le cran. Mais elle ne voulait pas dire pourquoi elle avait volé dans ce magasin. Surtout que tout ça n'était qu'une blague qui avait mal tourné.