Chapitre 17 - Soirée arrosée

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Un petit mot. C'est tout ce que sa mère avait laissé pour ce jour spécial et rien concernant son anniversaire. Sa mère ne s'en souvenait même pas.

Sally inspira lentement, tentant de ravaler sa déception et son énervement. Ce n'était pas la première fois, c'était même une habitude, mais Sally avait espéré que pour ses dix-huit ans, sa mère ferait une exception.

Quant à son père, cela faisait quatre ans qu'il lui parlait à peine bien qu'ils vivaient sous le même toit. Il n'avait jamais été très causant, mais du jour au lendemain, il s'était mis à l'ignorer. Sa mère avait justifié son comportement par un soi-disant trouble psychologique non détecté. Sally n'y avait pas cru. Pour elle, il ne pouvait pas y avoir de « fou » dans sa famille.

Personne n'avait connaissance de sa vie familiale. Même Cassie et Rachel n'en savaient rien. Sally connaissait l'importance du paraître et, pour elle, simuler la vie parfaite était indispensable.

Sally se vêtit de sa plus belle robe et peaufina son maquillage en pensant à Maddie. Cela faisait plus d'un mois qu'elle avait rejoint leur équipe et elle semblait se sentir comme un poisson dans l'eau. Sally avait réussi à l'intégrer au sein de leur groupe fermé et la plupart des filles l'appréciaient. Tant mieux, sa chute n'en serait que plus douloureuse.

La fête battait son plein quand Joanna déposa Maddie devant la luxueuse villa. Elle avait montré patte blanche pour entrer dans la propriété et avait emprunté une allée de gravier blanc menant aux marches du perron.

— Mad, je t'attends pour une heure du matin, maximum !

— Tu me l'as répété trois fois. Rachel me ramène, t'inquiète.

Fatiguée par l'insistance de sa mère, Maddie claqua la portière et se dirigea vers la grande porte d'entrée. Elle avait à peine mis un pied dans le vestibule que Rachel lui sauta dans les bras.

— Maddie ! T'es trop belle !

Maddie la repoussa gentiment.

— Tu as bu, toi ? Tu sens l'alcool à dix kilomètres ! J'ai plus qu'à me chercher un autre chauffeur...

Sally intervint.

— C'est comme ça lors des soirées ! Elle s'en sort bien à chaque fois, on est habitué. Cassie te ramènera si besoin...

Maddie fixa Sally, admirative. Elle la trouva sublime dans sa belle robe bleue et dorée qui mettait en valeur sa silhouette et ses longs cheveux blonds.

— Sally, tu es magnifique.

Sally lui adressa un clin d'œil et détourna rapidement son attention. Ashton venait d'entrer.

— Ash, mon cœur ! s'écria-t-elle en lui courant dans les bras.

En apercevant l'un de ses ex, Rachel fonça vers lui et laissa Maddie en plan. La jeune fille partit à la découverte de la somptueuse demeure dans laquelle elle se trouvait. Elle put vérifier que ce qu'elle avait entendu, dans les couloirs du lycée, était vrai. La villa était grandiose.

Se répartissant sur trois vastes étages, reliés par un bel escalier central en marbre, elle se trouvait au milieu d'un immense jardin, dans une propriété hautement sécurisée. En observant par la fenêtre, Maddie repéra deux piscines et un cours de tennis. Elle était fascinée. Sally avait une vie de princesse.

À son retour dans le grand salon, elle trouva Anthony en pleine discussion avec Jensen et Jared, deux de ses coéquipiers, mais n'eut pas le temps d'aller le retrouver. Sally rassembla toutes les Venus dans sa chambre.

Pour fêter l'anniversaire de la capitaine, la tradition voulait que cette dernière choisisse deux Venus qui se battraient pour la couronne. Faite en fleurs par la capitaine elle-même, la couronne serait remise à celle buvant le plus de verres.

Sally choisit Lena, réputée pour avoir la meilleure descente de l'équipe, et Maddie, sous prétexte qu'elle devait profiter de cette première soirée. Sous les encouragements et applaudissements de tous les membres, Maddie accepta. Elle pouvait boire, même si Rachel n'était plus en état de la ramener, Cassie ou même Anthony s'en chargerait.

— Elle sert à quoi la couronne ? demanda Maddie en prenant son verre et se préparant pour le porter à ses lèvres.

— À rien ! répondit Lena avec un sourire narquois, le verre à quelques centimètres de son visage. C'est la tradition, c'est tout !

— Trêve de bavardages, s'exclama Sally. À vos verres, prêts... partez !

Maddie but le premier verre sans difficulté. Le goût n'était pas terrible, mais ça passait. Le deuxième fut amer. Le troisième lui donna des vertiges et la rendit nauséeuse. En s'attaquant au quatrième, elle sentit la température monter en elle et les nausées devinrent plus fortes. Elle déclara forfait.

Sally, affichant un sourire impressionnant, installa sa couronne sur la tête de Lena et la félicita. Maddie se leva et sentit sa tête tourner. Les filles, enthousiastes et prêtes à danser, quittèrent la chambre pour se rendre dans le salon où résonnaient les notes de musique. Sally s'approcha de Maddie.

— T'as été super ! Comment tu te sens ?

Maddie préféra minimiser son état.

— Juste un peu la tête qui tourne.

— Parfait ! Allons-y. Tout le monde m'attend pour faire la fête et je veux mes cadeaux.

Maddie se fit violence et descendit avec Sally au rez-de-chaussée. Elle retrouva Anthony et trinqua à l'anniversaire de la capitaine.

À partir de ce moment-là, tout devint flou. Elle s'installa sur un canapé, ne tenant plus sur ses jambes. Anxieux, Anthony proposa de la raccompagner. Sally se précipita vers eux.

— Tone, Cassie va la ramener. Rachel est plus en état. Il ne vaut mieux pas que ce soit toi. Un mec, en fin de soirée, sa mère va se faire des films.

Anthony accepta et quitta la soirée avant l'heure de son couvre-feu. Sally jubila. Cassie n'était pas en état de conduire, aucune chance qu'elle ne ramène qui que ce soit. Maddie passa de la station assise à coucher sur le canapé et s'inquiéta de l'heure qu'il était.

— Il est à peine minuit, tu as le temps, lui dit Sally en jetant un œil à sa montre dont les aiguilles indiquaient une heure seize.

Couchée, Maddie se massait les tempes pour tenter de dissiper la douleur. Elle n'avait jamais bu et découvrait la sensation désagréable que cela lui procurait. Comment des gens pouvaient-ils aimer cet état et même le rechercher ?

La lumière lui brûlait les yeux, mais elle se força à les ouvrir à force d'entendre son prénom. Qui pouvait bien insister et l'appeler autant ?

Elle découvrit sa mère, debout, droite comme un piquet face à elle, le visage rouge de colère.

— Madeleine, on y va. Maintenant !

Maddie entendit pouffer autour d'elle. En tentant de se lever, elle tomba de tout son long sur le sol. Elle fut reçue par des éclats de rire.

— Madeleine Harrington. Tu te débrouilles comme tu veux, mais tu rejoins immédiatement la voiture, imposa Joanna, la mâchoire crispée et les poings serrés.

— Pas la peine de s'énerver, j'arrive, répondit Maddie en se levant péniblement.

Lena ne fit qu'empirer la situation en débarquant, encore plus saoule que Maddie.

— Attends, Maddie ! Je t'aide si tu veux ! proposa-t-elle en attrapant Maddie par le bras pour la relever.

Elles tombèrent toutes les deux à la renverse. Bras croisés, Joanna observa la scène sans bouger un muscle.

Quand elle n'avait pas vu Maddie arriver à l'heure prévue, la moutarde lui était montée au nez et quand elle n'avait pas réussi à la joindre sur son portable, elle s'était littéralement mise dans une rage folle. Elle avait accepté de la laisser aller à cette fête et c'est comme ça que Maddie la remerciait ? En n'étant toujours pas rentrée à plus de deux heures du matin ! Joanna avait donc décidé de se déplacer pour récupérer elle-même sa fille.

Une fois Maddie debout et stable sur ses jambes, Joanna fit demi-tour et se dirigea vers sa voiture, pressée de quitter cet endroit. Elle voulait ramener sa fille chez elle et la priver de toutes sorties possibles et imaginables.


MaddieWhere stories live. Discover now