Chapitre 54 - Savourer

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Ils laissèrent le temps filer, toujours blottis l'un contre l'autre et restèrent en silence, profitant de l'instant présent. Les bougies brillaient et leurs flammes dansaient sur les murs. Maddie les observa jusqu'à ce qu'Anthony brise le silence.

— Tu me suis ?

Elle l'interrogea du regard. Anthony se leva et se rhabilla. Il lui fit signe de la main. Maddie enfila sa robe et lui emboita le pas.

Ils sortirent par l'arrière de la maison et marchèrent quelques mètres. Maddie sentit la fraicheur du sol sous la plante de ses pieds.

Anthony s'assit par terre et invita Maddie à faire de même. Le lac se trouvait devant eux. La lune se reflétait sur l'immensité de l'eau, baignant les alentours d'une lumière blanche. Il régnait un calme apaisant.

Collés l'un à l'autre, le couple profita du spectacle. Soudain, Anthony se renversa dans l'herbe en entraînant Maddie, qui laissa échapper un petit cri.

— J'ai commandé ce ciel étoilé exprès pour toi, ce soir ! s'exclama-t-il.

— Il est magnifique, merci ! s'émerveilla Maddie.

La nuit était claire et douce. Allongés l'un contre l'autre, ils contemplèrent le ciel, tapissé d'étoiles.

— J'aurais tellement voulu dormir à tes côtés, chuchota Anthony.
Elle déposa un tendre bisou sur ses lèvres.

— Moi aussi.

— On va devoir rentrer, soupira-t-il.

Il s'appuya sur un coude et admira Maddie. Elle sourit en le fixant et se tourna sur un côté, lui faisant face. Anthony caressa ses cheveux et replaça ensuite une de ses longues mèches derrière une oreille.

— Je me suis engagé auprès de ta mère à te ramener à l'heure, sans faute. Elle risquerait de me tuer si elle ne te voit pas débarquer. Ou peut-être plutôt ta grand-mère ? Elle s'est déjà occupée de corps, non ? plaisanta-t-il.

Maddie rit franchement.

— C'est ça ! confirma-t-elle, le sourire aux lèvres.

Ils s'enlacèrent de nouveau, profitant des dernières minutes de ce moment si spécial.

Dans la voiture, la musique fut la même qu'à l'aller, restant imprégnée à jamais dans leurs esprits. Ils s'époumonèrent sur plusieurs des chansons et rirent de chanter aussi faux. Quand Anthony se gara devant la porte d'entrée, moteur en marche, il embrassa longuement Maddie et lui répéta qu'il l'aimait.

Elle regagna son domicile et trouva sa mère endormie sur le canapé du salon. Elle lui déposa une bise sur la joue et lui souhaita une bonne nuit. Joanna ouvrit un œil, regarda en direction de l'horloge et marmonna « tu me raconteras » avant de se rendormir aussitôt.

Maddie monta les escaliers sur la pointe des pieds et pénétra dans sa chambre. Le cœur léger, elle envoya valdinguer sur le tapis épais ses chaussures qui lui avaient compressé les pieds une bonne partie de la soirée. Elle quitta sa robe, enfila un tee-shirt d'Anthony et y plongea son nez.

Elle se coucha sur son lit, toujours en respirant l'odeur de celui qui lui manquait déjà tant. Elle était habitée par un tel sentiment de félicité qu'elle ne pouvait s'empêcher de sourire.

Elle ferma les yeux et s'endormit, le nez enfoui dans son pyjama improvisé et la bouche étirée jusqu'aux oreilles.

Au petit matin, Maddie fut réveillée par les premiers rayons du soleil qui traversaient la fenêtre, d'habitude occultés par les rideaux. L'esprit ailleurs en se couchant, elle avait négligé de les tirer. La douce clarté dorait l'ensemble de sa chambre.

Elle souleva une paupière, et éblouie, la referma aussitôt. Elle se tourna sur un côté et cala un coussin entre ses bras. Elle soupira en se repassa mentalement les évènements de la veille.

Elle éprouvait un bien-être indescriptible. Elle bâilla et ouvrit prudemment un œil. Puis l'autre. Elle les plissa pour s'habituer à la luminosité.

Un large sourire se dessina sur son visage. Sur le sol, non loin du lit, gisait sa robe de bal, recouverte d'empreintes vertes. L'herbe du lac avait laissé des traces. Peu importait l'état catastrophique de sa robe, elle repensa au merveilleux moment qu'elle avait passé, allongée près d'Anthony à admirer les étoiles.

Le sommeil commençait à s'emparer à nouveau d'elle lorsqu'elle entendit un léger grincement. Les jumelles avaient traversé le couloir avec précaution, pour ne pas se faire repérer.

Elles entrèrent dans la chambre, voulant surprendre leur cousine. Maddie leur tournait le dos et avant qu'elle n'ait eu le temps de bouger, les fillettes sautèrent sur son lit, riant aux éclats.

— Maddie ! hurla June en se collant à sa cousine.

Maddie les fixa, le visage fermé.

— Ça ne se fait pas ce que vous faites !

Ava et June s'immobilisèrent. Désemparées, elles échangèrent un regard triste.

— Venez par ici, imposa Maddie en leur faisant signe de venir très proches d'elle.

Les fillettes s'exécutèrent sans un bruit. Maddie les regarda dans les yeux chacune leur tour puis sourit à pleines dents en se jetant sur elles.

— Vous l'avez cherché, s'écria-t-elle, attaque de chatouilles !

Les rires fusèrent et les deux petits corps se tortillèrent en essayant d'échapper aux doigts habiles de Maddie.

— Qu'est-ce que c'est que ce raffut ? s'exclama une voix.

Les trois filles s'arrêtèrent net et aperçurent Lindsey, se tenant sur le pas de la porte. Elle avança à grands pas vers le lit et s'y jeta.

— Moi aussi, je participe !

Les éclats de rire repartirent de plus belle. Le bruit alerta Michelle et Joanna qui vinrent se joindre au réveil festif. Les voix se mêlèrent en un brouhaha jovial.

Michelle proposa une sortie familiale au lac pour la journée, ce qui ravit tout le monde, Maddie la première. La longue balade qu'elles firent l'après-midi fut l'occasion pour la jeune fille de raconter le déroulement de sa soirée, en prenant soin d'arrêter son récit avant la virée avec Anthony au même lac.

Quand le week-end toucha à sa fin, Michelle ainsi que Lindsey et ses filles quittèrent Joanna et Maddie. Rendez-vous fut donné pour la remise du diplôme de Maddie.

La jeune fille espérait voir Anthony, mais la soirée était trop avancée quand elle et Joanna passèrent le pas de leur porte d'entrée. Maddie s'enferma dans sa chambre et passa plus d'une heure au téléphone avec son petit ami.

En raccrochant, elle eut une baisse de moral. Elle regretta de n'avoir personne à qui confier l'évènement important qu'elle avait vécu après le bal. Elle ne voulait en aucun cas en parler à sa mère. Rachel lui manqua terriblement à cet instant.


MaddieWhere stories live. Discover now