Chapitre 18 - Gueule de bois

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Au lendemain de la fête, Maddie ne réussit pas à expliquer son état de la veille. C'est surtout qu'elle ne le voulut pas. Elle reprocha à sa mère d'en rajouter. Maddie argumenta que des erreurs, les jeunes en faisaient tous. Oui, elle avait trop bu, mais à ses yeux, il n'y avait pas mort d'homme. Sa mère ne fit pas d'effort à comprendre, elle était trop énervée. La conversation tourna court. Maddie ne put se faire confisquer son téléphone, celui-ci étant introuvable. Elle passa son dimanche concentrée sur ses devoirs. Elle n'osa pas mettre de la musique. Le silence régna dans toute la maison.

En écoutant aux portes, Maddie sut qu'Anthony avait appelé sur le téléphone fixe, intrigué de ne pas avoir de ses nouvelles. Joanna l'avait remercié de sa sollicitude et lui avait confirmé que Maddie allait bien, mais ne sortirait pas.

Joanna n'était pas bête, Maddie ne lui avait jamais rien dit, mais elle savait bien que sa fille fréquentait ce garçon. Joanna préférait que Maddie soit en sa compagnie plutôt qu'avec les deux pimbêches qui venaient la chercher en voiture le matin. Joanna était certaine de leur mauvaise influence, mais savait que plus elle mettrait en garde Maddie, plus cette dernière se rapprocherait de ces filles. Par opposition, tout simplement. Elle avait averti une fois Maddie et se contentait maintenant d'observer. Joanna ne voulait pas compliquer encore plus leurs relations.

Le lundi matin, Maddie se leva et partit tôt. Elle préféra esquiver Sally et Cassie en prenant le bus. Elle avait honte de son attitude chez la capitaine et de la scène qu'elle avait imposée à tous ses invités. Voir Lena ne l'enchantait pas non plus, elle prit donc un autre bus. Elle y croisa quelques lycéens qui ne la connaissaient pas et, surtout, qui ne semblaient pas au courant de sa fin de soirée chez Sally. Maddie appréhendait le lycée. Elle serait la risée de tous.

En entrant dans l'établissement, elle se fit toute petite et accéléra jusqu'à son casier. Elle y plongea sa tête en cherchant son manuel d'espagnol.

— Tu te caches ? demanda Anthony, la faisant sursauter.

Maddie sortit timidement la tête pour l'embrasser avant de replonger dans son casier.

— J'évite le regard des gens, oui. Je pense que la venue de ma mère a fait le tour du lycée. Tout le monde va se moquer de moi. Je veux rester enfermée dans mon casier !

Anthony tenta de la rassurer un peu maladroitement.

— Que tout le monde soit au courant, c'est possible, moi je l'ai su en mettant un pied dans le lycée. Mais tant que tu es amie avec Sally Smith, personne n'osera rien te dire.

Maddie se décida à quitter sa cachette et se colla contre Anthony.

— Tu crois ? J'ai peur que tout le monde se moque de moi. J'étais pitoyable.

— Mais je ne comprends pas, Cassie devait te ramener. Pourquoi t'étais toujours chez Sally à deux heures du matin ? J'aurais dû le faire moi-même.

— Je me suis endormie peut-être ? J'ai vu Sally à un moment donné puis plus rien jusqu'à l'arrivée de ma mère.

Anthony était sceptique.

— Je vais lui demander. Cassie était censée te ramener.

— Tu sais, que je ne sois pas rentrée à l'heure a énervé ma mère, mais ce qui l'a rendue folle, c'est surtout l'état dans lequel j'étais et ça, c'était de ma faute !

— Oui, c'est sûr, t'aurais pu ralentir sur la boisson, appuya sévèrement Anthony.

Sally arriva en trombe.

— Maddie, tu nous évites ? On est passé chez toi pour rien. Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé avec ta mère ! J'étais occupée dehors à ce moment-là. Je ne savais pas qu'elle était entrée, c'est le gardien qui a dû la reconnaitre et l'a laissé passer.

Elle prit Maddie dans ses bras et s'excusa à n'en plus finir. Maddie était contente que Sally prenne la situation autant à cœur, mais elle n'y était pour rien. C'était elle, Maddie, qui avait trop bu et n'avait pas surveillé l'heure et Cassie qui n'avait pas rempli sa mission de la raccompagner.

Anthony demanda.

— Sally, je ne comprends pas, qu'est-ce que Maddie fichait sur ton canapé saoul à deux heures du matin ? Tu m'avais dit que Cassie allait s'en occuper.

Sally prit un air choqué.

— Excuse-moi d'avoir dû gérer mon anniversaire et une cinquantaine d'invités ! Oui, je t'ai dit que Cassie la ramènerait, mais je ne pouvais pas prévoir qu'elle s'endormirait sur mon lit avant de déposer Maddie ! D'ailleurs, ta petite amie était tellement à l'ouest qu'elle en a oublié son téléphone ! Ma femme de ménage l'a trouvé dimanche, à côté du canapé en nettoyant.

Sally tendit son téléphone à Maddie qui l'attrapa en souriant.

— Merci ! Ma mère a voulu me le confisquer et je me demandais où il était passé.

Cassie les rejoignit, peu de temps après. Anthony en profita pour réitérer sa question.

— Cassie, pourquoi t'as pas ramené Maddie à l'heure prévue ?

Cassie partit d'un fou rire.

— Je voulais boire juste un peu pour pouvoir conduire, mais je me suis essayé à la tequila, ce qui s'est avéré être une très mauvaise idée.

— Comment ça ? renchérit Rachel, incapable de se rappeler une bonne partie de la soirée.

— Bah, j'en avais jamais bu et, clairement, je ne supporte pas. J'ai bu un verre et je me suis endormie comme un bébé sur le lit de Sally. Je me suis réveillée, en panique, à cinq heures du matin ! Je ne savais même pas où j'étais !

Cassie savait maintenant qu'elle ne toucherait plus une bouteille de tequila. Elle posa ses mains sur les épaules de Maddie et la regarda droit dans les yeux en s'excusant. Elle était désolée pour Maddie qu'elle appréciait, finalement. Cette fille était bizarre dans ses réactions, mais naturelle et plutôt sympa.

Cassie était d'autant plus contente que ce fût avec Rachel que Maddie passait le plus de temps et cela lui permettait à elle, d'être souvent seule avec Sally.

En se rendant à ses différents cours, Maddie sentit que tous les regards étaient braqués sur elle. Comme avait prédit Anthony, personne ne se permit de lui dire quoi que ce soit tant qu'elle fût entourée de Sally, Cassie ou Rachel. En cours de biologie, elle s'aperçut qu'une vidéo faisait le tour du lycée.

— On m'a filmé ! Y'a une vidéo de ma mère et moi, Chel », se confia Maddie à l'heure du déjeuner.

Rachel relativisa.

— Tu sais, des vidéos qui tournent, il y en a tous les jours. Aujourd'hui, on se moque de toi, demain ce sera de quelqu'un d'autre. J'ai été sur certaines de ces vidéos et je n'en suis pas morte.

Maddie pensait qu'en entrant dans le cercle fermé des Venus, elle n'aurait pas à subir ce genre d'humiliation. Elle n'aurait jamais imaginé penser qu'être invisible avait certains avantages.

— Que ça me serve de leçon. Plus d'alcool. Plus de souci avec ma mère comme ça et surtout plus de vidéo.

— Tu ne lui as jamais causé de problème avant, non ? lui demanda Rachel en souriant.

— Elle n'avait pas à s'inquiéter de grand-chose, je ne sortais pas !

Rachel l'attrapa par un bras et posa sa tête sur son épaule.

— Tu sais, ce n'est pas grand-chose tout ça. Profite d'être une Venus et d'être avec Tone, t'as déjà de la chance !

Rachel avait raison. Maddie devait se concentrer sur le positif et, en même temps, le négatif était minime. Cette vidéo serait vite remplacée par une autre et l'énervement de sa mère finirait par se calmer. Il fallait juste que Maddie reste tranquille les prochains jours et ne rajoute pas d'huile sur le feu. Tant que son passage au centre commercial restait hors de connaissance de sa mère, Maddie se disait que leurs relations ne se dégraderaient pas plus.


MaddieWhere stories live. Discover now